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Bakary Sambe : " La plus grande vulnérabilité du Sénégal c'est son système éducatif dual, à plusieurs vitesses et à destination incertaine " Spécial

Parmi les personnalités qui avaient plaidé pour l'instauration d'un baccalauréat sénégalais unifié pour les arabophones et leur accès à l'ENA afin de "corriger une injustice faite à cette élite qui a toute sa place dans la République", Bakary Sambe revient sur les "dangers d'un système éducatif dual dont une bonne partie échappe à l'Etat avec des curricula non conformes à notre propre projet de société ou imposés de l'étranger que ce soit d'Occident comme d'Orient." 

Joint par notre rédaction depuis Las Palmas où il donnait une conférence sur le djihadisme en Afrique à l'invitation de Casa Africa, une institution de diplomatie publique espagnole, Bakary Sambe se dit " inquiet sur l'avenir de notre système éducatif " au moment où la crise scolaire est à son paroxysme. 

Pour le directeur de l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (Timbuktu Institute), " On va droit dans le mur si un sursaut ne venait pas à sauver notre école pleine de paradoxes et d'inégalités criantes. "  

Pour Bakary Sambe,  " le paradoxe sénégalais est que nous ambitionnons de construire un modèle de citoyenneté avec des outils de socialisation différents et parfois même conflictuels. Notre pays ne peut s'assurer d'une stabilité durable sans corriger les injustices inhérentes à son système éducatif surtout à l'égard de notre élite arabophone. Des efforts sont faits certes, mais la question de fond reste entière : la dualité de notre système éducatif est porteuse de germes de contestation politique sous couvert d'un militantisme du type religieux. " 
" Les régimes successifs se sont toujours contentés de se passer la chaude patate éducative qui risque de brûler, tôt ou tard, notre contrat social tant vanté partout. Noublions pas que Boko Haram est parti d'un problème éducatif ", préviendra Bakary Sambe. 

Selon le chercheur au Centre d'études des religions de l'UGB (UFR CRAC), " l'éducation est la priorité des priorités et il ne faudrait pas que notre pays rate le coche de l'émergence pour des erreurs d'arbitrage. J'avais dit, il y a quelques jours que le seul dialogue constructif qui vaille et qui est d'une extrême urgence est celui que le Président Macky Sall devrait avoir avec les enseignants et la famille éducative ", insistera t-il.

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