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Source : Météo Sahel juin 2024
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La colère de l’opposition et de la société civile reste palpable après l’adoption de la nouvelle constitution promulguée le 6 Mai 2024. Cette nouvelle loi fondamentale établit un rôle honorifique au Président de la République et confère au Président du Conseil des ministres les pleins pouvoirs de l'exécutif. Ceci est perçu par l’opposition comme étant un hold-up constitutionnel permettant à la “dynastie Gnassingbé” de rester indéfiniment au pouvoir. Des manifestations ont été instituées par des partis de l’opposition et des organisations de la société civile ce 30 juin.
Conjointement à ces contestations constitutionnelles, la mise en demeure du média français France 24 témoigne du resserrement de la répression étatique envers les médias étrangers.
En effet, en l'espace de deux mois, deux médias français de premier plan, Radio France Internationale (RFI) et France 24, ont été mis en demeure par la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Togo. Ces mises en demeure font suite à des accusations de diffusion de fausses informations exacerbant les tensions entre le gouvernement togolais et les médias internationaux.
Auparavant, le 7 mai 2024, RFI a reçu une mise en demeure pour avoir rapporté de manière incorrecte qu'une interdiction totale de manifester contre la Vème République était en vigueur au Togo. La HAAC a rapidement démenti cette information, soulignant qu'une manifestation autorisée et pacifique contre la Constitution s'était déroulée le même jour. En outre, RFI a été critiquée pour avoir annoncé à tort que tous les médias internationaux, y compris elle-même, avaient été suspendus de la couverture des élections législatives et régionales du 29 avril.
France 24, pour sa part, a également été mise en demeure dans une correspondance datée du 27 Juin adressée à la Directrice Générale de France 24, en raison de la diffusion de fausses nouvelles et traitement inéquitable de l’information sur le Togo, à la suite de la diffusion du reportage intitulé : “Les Maternités face au manque de personnel médical ” La HAAC a accusé la chaîne de ne pas respecter les principes de neutralité et d'équité dans son traitement de l'information. La régulation togolaise a averti France 24 que des mesures plus sévères, incluant une possible suspension de son droit de diffusion, pourraient être prises si ces manquements persistent. Ces actions de la HAAC illustrent une volonté accrue des autorités togolaises de contrôler les narrations médiatiques internationales sur le pays.
Enfin, l’arrestation d’une écrivaine, activiste et blogueuse suscite un tollé sur les réseaux sociaux avec le hashtag #JeSuisMartheFaré. Pour rappel, Marthe Faré, elle s’appelle, est responsable du pôle Communication et Relations Publiques à l’Agence nationale du volontariat au Togo. Elle a été arrêtée et placée en garde à vue depuis le 26 Juin 2024suite à la publication, sur son compte tiktok, d’une vidéo montrant une femme en détresse qui, selon les internautes et une avocate au barreau de Marseille, Me Mawaba Songue Balouki, est non identifiable. Cette dernière dénonce par la même occasion les failles de la justice togolaise particulièrement sur cette affaire qui poursuit Marthe Faré sur le fondement de l’article 368 du code pénal togolais de 2015 qui dispose : “Constitue une violation de l’intimité d’une personne, le fait : 1) de publier ou de diffuser des papiers ou enregistrements privés, un dessin, une photographie, un film ou tout autre support reproduisant l’image de cette personne sans son accord ou celui de ses ayants droit ; 2) d’organiser, par quelque procédé que ce soit, l’interception, l’écoute ou l'enregistrement de communications privées, orales, optiques, magnétiques ou autres échanges reçus dans un lieu privé, à l’insu ou sans l’accord des personnes en communication ou du maître des lieux.”