Bakary Sambe : « Le fort engagement du Sénégal au Mali prouve qu’il avait sa place dans le G5 Sahel »

« L’absence du Sénégal du G5 Sahel ne signifie point un désengagement sur la question de la lutte contre le terrorisme et les réseaux criminels dans le Sahel », estime le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, Dr. Bakary Sambe, par ailleurs, directeur de Timbuktu Institute.

Selon Bakary Sambe, « Le Sénégal dont les soldats sont déjà assez présents dans le Centre du Mali, va bientôt renforcer son contingent qui pourrait atteindre 1300 à 1400 hommes ; cela est, déjà, la preuve d’une solidarité agissante envers le Mali, pays frère, et d’un engagement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ».

Cependant, le spécialiste des réseaux transnationaux et de l’extrémisme violent pense que « le Sénégal, déjà engagé dans le cadre du processus de Nouakchott, lancé par la Commission de l’Union africaine en mars 2013 et qui rassemble 11 pays, est tellement concerné par les défis qui interpellent les pays du G5 Sahel qu’il y avait largement sa place pour une coopération plus étroite avec une mutualisation des forces et des expériences ». Car « les attentats de Ouagadougou ont signé la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest de même que l’attaque de Grand Bassam inaugure l’ère de l’absurdité de prévision », soutient le chercheur selon qui « tous nos pays partagent les mêmes vulnérabilités car la porosité des frontières maliennes ne sont plus seulement un problème pour le Mali mais pour tous ses voisins. Il est révolu le temps où l’on construisait des résiliences nationales dans un environnement régional instable ».

Interrogé sur l’implication marquée de la France lors du dernier sommet de Bamako avec la présence du Président Macron, le 2 juillet dernier, le directeur de Timbuktu Institute insiste sur « la nécessité de prendre de plus en plus en compte les perceptions des populations locales afin que la nouvelle force du G5 Sahel ne soit pas assimilable à un prolongement régional de la présence militaire étrangère ».

Pour lui, « ce sera dommageable aussi bien pour la précieuse coopération que pour la cause commune de la lutte contre le terrorisme dans laquelle les pays de la sous-région ont besoin de l’appui de la France dont l’intervention avait, tout de même, prémuni d’une expansion régionale djihadiste en janvier 2013 ».