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Sénégal : Le cadre unitaire de l'islam appelle à prévenir la violence à l'approche des élections Spécial

 

Nous publions in extenso le communiqué diffusé à l'issue de la conférence de presse tenue ce matin 15 novembre à l'institut islamique de Dakar par le Cadre Unitaire de l'islam au Sénégal

Assalaamou aleykoum wa rahmatou Laahi wa barakaatouhou,

Louange à Dieu qui a béni le Sénégal en en faisant un pays où la culture de paix et le vivre ensemble ont des fondements solides bâtis sur l’ouverture à l’autre, le métissage, la parenté et surtout la lumière de la foi qui doivent structurer profondément nos postures et nos actions. 

Le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS) présente ses salutations déférentes à tous les musulmans et à la communauté nationale toute entière et prie Allah soubhaanahou wa taala d’agréer toutes les vibrantes prières et généreuses actions de grâce faites à l’occasion du Magal et des Gamou, partout dans le pays. Que notre Seigneur nous aide à chasser Sheytan de nos intériorités et de notre espace public pour que les sénégalais retrouvent la sérénité et la convivialité ! Que tous les efforts d’élévation spirituelle individuelle et collective inspirent également un meilleur fonctionnement de notre société sous la guidée de nos chefs religieux.

Conscients de leur rôle légendaire de régulation sociale, de consolidation et de transmission des valeurs qui fondent le Sénégal au-delà de nos différences, toutes les obédiences religieuses du pays avaient lancé un message commun à la communauté nationale dans un contexte de violence inédite en mars 2021. Ce message transmis par les émissaires des khalifes généraux qui sont les personnalités les plus écoutées et auxquelles les sénégalais se réfèrent dans leur écrasante majorité, avait pénétré la conscience des sénégalais et avait été entendu et suivi d’un apaisement salutaire pour la nation. Il avait permis à la suite de rencontres avec le Président de la République Mr Macky Sall et le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) d’arriver à une désescalade et la promesse d’une nouvelle page dans l’accompagnement des relations entre les acteurs politiques pour anticiper les conflits violents entre eux, notamment lors des périodes pré et post électorales. Nous avions espéré que les leçons tirées de ces événements éviteraient pendant très longtemps à notre pays leur survenue. Le Président de la République Macky Sall appelait au soir du 8 mars à rejeter « la logique de l’affrontement qui conduit au pire » et le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) le rejoignit le samedi 22 mai en s’engageant sur plusieurs actions :

« 1. agir individuellement et collectivement pour l’unité nationale, la paix et la concorde dans l’espace politique ;

2. bannir de nos discours, nos comportements et nos actions tout ce qui peut susciter, entretenir ou encourager la haine et la division sur des bases religieuses, ethniques ou communautaristes;

3. nous écarter publiquement de toute personne ou groupe de personnes, qu’il soit du pouvoir, de l’opposition ou des mouvements citoyens ou de la société civile, qui par l’acte ou la parole, susciterait ou encouragerait la violence et la haine dans l’espace politique;

4. promouvoir et encourager une pratique politique positive, fondée sur le respect de l’autre et la valorisation des débats d’idées ».

Faisant suite à cet épisode, les khalifes généraux ont, à l’occasion des événements religieux comme le Magal et les Gamou, réitéré les appels à renoncer à la violence et au respect des règles de bonne conduite dans les compétitions politiques qui se profilent à l’horizon, notamment les élections locales et législatives de 2022.

Au demeurant, dans un contexte de grande fragilité sociale et économique due à la pandémie du COVID 19 qui a impacté les activités et le niveau de vie des sénégalais, la nation court le risque de voir s’aggraver la crise politique et de rejoindre le peloton des pays de la sous-région dont les perturbations politiques latentes ont fini par générer des coups d’état et des remises en question de leur équilibre et des fondements de leur nation.

Devant de telles menaces et à l’instar du début de la gestion de la pandémie du COVID 19 à ses débuts, les acteurs politiques doivent être capables de se retrouver autour de l’essentiel pour les intérêts supérieurs de la nation. Ils nous le prouvent à chaque perte de parents proches ou à l’occasion des événements religieux.

A la lumière de ces constats, le CUDIS vient rappeler à nos frères et sœurs, acteurs et actrices politiques du pouvoir et de l’opposition, leur responsabilité historique et directe dans la préservation et la perpétuation de la paix et de la sécurité dans ce pays, aujourd’hui et demain. Il condamne les violences psychologique, verbale, physique et armée, déjà observées depuis quelques semaines et qui augurent de lendemains sombres si un sursaut général n’est pas observé.

Cette responsabilité est décuplée dans un contexte où les 14 morts et les milliers de sénégalais blessés lors des affrontements et manifestations du mois de mars 2021 attendent encore qu’on leur fasse justice. La violence extrême observée à cette occasion avait surpris tous les acteurs de la société quel que soit leur camp et présentait des risques de basculement de notre cher pays dans les affres de l’inconnu.

Les impacts sociaux et économiques de la pandémie du COVID 19, notamment l’accentuation de la pauvreté et la destruction d’emplois et d’activités, se sont rajoutés au désespoir des jeunes, à la dépravation des mœurs. Les menaces sécuritaires lèchent nos frontières et la présence présumée de cellules dormantes djihadistes dans notre pays n’est pas encore formellement démentie. Ce contexte interne si inflammable invite à l’esprit de dépassement et à la préservation de la cohésion nationale qui constitue un legs acquis par le sang et par la sueur de nos valeureux ancêtres. Il s’y ajoute que des pays frontaliers du Sénégal sont sujets à des conflits violents et agités par des coups d’état, et ces situations représentent des menaces directes à la paix et à la stabilité du pays.

Au regard de tous ces éléments, le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS) appelle les acteurs politiques de tout bord à se ressaisir et à adopter la non-violence comme un impératif catégorique et un viatique à prendre à compte à tout instant et surtout lors des compétitions électorales à venir. De même, le CUDIS appelle l’État à assurer les conditions du respect du jeu démocratique à travers l’organisation d’élections transparentes pour la préservation de la paix sociale.

Le Cadre Unitaire de l’Islam rappelle aux sénégalais que la non-violence n’est pas de la naïveté ou de la lâcheté, mais un choix philosophique, culturel, politique et stratégique payant, qui a également une profondeur historique et un sens moral profond dans notre pays, ceci dans des contextes autrement plus dramatiques et plus contraignantes. Il leur rappelle également que quels que soient leurs divergences et leurs différends, le dialogue doit prévaloir pour éviter que les logiques de confrontation violente prennent le dessus sur la clairvoyance et l’esprit chevaleresque.

Il invite les hommes et femmes politiques de tout bord à bannir la haine viscérale entre personnes au nom de leur commune appartenance à un même peuple, une même foi qui appelle à la spiritualité, vecteur de paix intérieure et la bienfaisance à l’égard des autres et de son environnement.

Pour concrétiser la co-construction de cette ère de non-violence que nous appelons de nos vœux, le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal propose aux acteurs politiques de tout bord de signer d’adopter la CHARTE de la NON VIOLENCE. Cette charte constituera un instrument de veille citoyenne sur l’espace politique et social et permettra de juger des actes posés par les uns et les autres en rapport avec leur serment. La moralité de personnes qui cherchent à briguer la confiance des citoyens et le respect de nos vénérables guides religieux trouveront à travers cette charte un baromètre appréciable.