En marge du US-Africa Leaders Summit, le 12 décembre dernier à Washington, le Directeur régional du Timbuktu Institute a pris part à un panel sur la situation politique et sécuritaire au Sahel et dans les États du littoral ouest-africain. Lors de cet évènement organisé par l'International Republican Institute (IRI), en présence de son Président Dan Twining et facilité par M. Aboudou H. Berthé, directeur du Programme Sahel et Pays côtiers, Dr Bakary Sambe a proposé, au-delà de la gestion des impératifs sécuritaires, une démarche préventive contre l’extrémisme violent dans les pays côtiers qui serait basée sur le renforcement de la résilience communautaire.
« Il faut développer dès maintenant une approche préventive dans les pays côtiers où la prévention est encore possible et donner la dignité de solutions aux stratégies communautaires endogènes », recommande d’emblée le Dr Bakary Sambe. Selon lui, « cette démarche aura pour valeur ajoutée de mitiger les stratégies du tout-militaire ou tout-sécuritaire qui n’a pas donné des résultats probants au Sahel vu que la menace djihadiste s’est même étendue ». Les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest semblent être devenus la nouvelle zone d’expansion du djihadisme sahélien par ce que le directeur du Timbuktu Institute appelle le « phénomène de débordement des épicentres » Au Bénin, au Togo comme en Côte-d’Ivoire par exemple, de multiples incursions ont été récemment enregistrées dans les régions les plus septentrionales de ces deux pays. Selon Dr. Bakary Sambe, le constat est devenu unanime qu’il faut impérativement « travailler sur le renforcement des résiliences communautaires par un travail actif de prévention ». C’est dans ce sillage et celui du Global Fragility Act lancé par les États-Unis, que l’IRI a organisé ce panel sur la problématique de l’extrémisme violent. Cet échange a eu lieu en marge du sommet des leaders africains qui s’est tenu du 13 au 15 décembre 2022 à Washington.
En tant « qu’acteur pouvant encore gagner la confiance des populations et communautés locales au regard de son rôle dans l’élaboration des stratégies de préventions dans les pays du G5 Sahel », Dr Sambe invite activement les Etats-Unis à s’investir davantage dans la prévention et surtout « le renforcement des résiliences communautaires par la valorisation des initiatives endogènes pour sortir du conflit entre les conceptions internationales et les perceptions locales ».
L’un des atouts de l’approche américaine ces dernières années, a été de distinguer la prévention de l’extrémisme violent de la lutte contre le terrorisme qui vise in fine l’élimination des cibles. « Seulement, les cibles peuvent se régénérer si les causes structurelles ayant mené au terrorisme n’ont pas disparu », pointe Dr Sambe. Ce sont donc principalement pour ces raisons que la prévention contre l’extrémisme violent « a comme avantage de s’attaquer à ses causes par le biais des moyens comme le dialogue ou la bonne gouvernance », ajoute-t-il. Etant persuadé que les Etats-Unis peuvent s’avérer d’une grande aide dans un contexte où les populations sahéliennes doutent de plus en plus du bien-fondé des interventions militaires. De plus, comme le souligne Dr. Bakary Sambe, « il faudra beaucoup d’énergie et de plaidoyer auprès des autorités pour installer et faire accepter une culture de prévention dans les pays côtiers et de l’Afrique de l’Ouest où les stratégies du tout-sécuritaire dominent depuis des années bien qu’elle n’ait pas pu produire les résultats escomptés »
Pour une méthode préventive impliquant effectivement les acteurs de terrain et surtout les communautés locales, dans les pays côtiers, l’IRI devrait « mieux s’impliquer dans cette dimension en renforçant le travail entamé avec le G5 Sahel et la Cellule Régionale de prévention de la Radicalisation et de l’Extrémisme violent (CellRad) et étendre cette initiative aux pays côtiers », conclut Dr Sambe.
Plusieurs experts et acteurs intervenant en Afrique avaient assisté à cet évènement rehaussé par de nombreuses personnalités et des décideurs tels que Robert Jenkins du Bureau for Conflict Prevention and Stabilization de l’USAID et Anne A. Witkowsky Bureau of Conflict & Stabilization Operations au Département d’Etat, aux côtés de Dan Twining, Président de l’International Republican Institute
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