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Mali : Le débat sur les libertés démocratiques fait encore rage Spécial

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Source : Météo Sahel Mai 2025

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Durant ces derniers mois, force est de constater une remise en cause de l’État de droit au Mali. Les mesures adoptées par le Général Assimi Goïta dans le cadre du programme de transition, se traduisent par l’accroissement du nombre de restrictions de libertés. Les autorités maliennes ont annoncé le 13 mai la dissolution des « partis politiques et des organisations à caractère politique ». Une semaine avant cette dissolution, le Général Assimi Goïta avait déjà annoncé la suspension temporaire de tous les partis et organisations politiques. Un rassemblement autorisé, comme contestation anticipée à l’abrogation de la loi encadrant les partis politiques, a eu lieu le samedi 3 mai 2025 à Bamako. Malgré le nombre important de manifestants, la réunion a été perturbée par la présence de militants pro-transition. Les autorités sont ainsi intervenues pour disperser manifestants et sympathisants pro-junte. Pendant ce temps, la société civile dénonce un sabotage délibéré de l’évènement par les forces de l’ordre. Des voix contestataires s’élèvent pour dénoncer cette décision. Ainsi, le mercredi 21 mai, ont été initiées des procédures judiciaires par d'anciens responsables politiques de partis aujourd'hui dissous, dans le but contester cette dissolution. Même si elles ont peu de chance d’aboutir, elles sont jugées nécessaires par les initiateurs.

Les ONG lancent un rappel à l’ordre

L’ONU appelle à l’abrogation du décret dissolvant les partis politiques. Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, demande le rétablissement des droits politiques dans le pays en rappelant au Mali ses obligations, ses engagements internationaux en ce qui concerne les droits humains. De son côté, l’ONG Human Right Watcher (HRW) a exigé des explications quant à l’enlèvement de deux représentants de partis de l’opposition malienne. Le secrétaire général de Convergence et le responsable du parti Le Changement ont été enlevés  par des hommes non identifiés le 8 mai. Selon l’AFP, les deux responsables politiques  seraient « actuellement entendus par les autorités compétentes pour des besoins d’enquête ». En parallèle, HRW a également demandé aux autorités maliennes d’ouvrir une enquête « crédible » et « indépendante » après l’annonce de la mort de 22 civils tués par l’armée au centre du pays.

Dans le même temps, le journal télévisé TV5 Monde a de nouveau été suspendu par la junte.  La chaîne d’information promeut la culture francophone et est l’opérateur officiel de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). La directrice éditoriale de Reporters sans frontières dénonce un « décision abusive » et « un énième acte d’intimidation et de pression à l’encontre des médias dans un pays où les conditions d’exercice du métier ne cessent d’être entravées ».

Dialogue de l’AES et de la CEDEAO aboutit à une coopération dans la lutte contre le terrorisme

Réunis à Bamako ce 22 mai, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont affirmé, au nom de la Confédération des États du Sahel, leur volonté de poursuivre les discussions avec la CEDEAO dans un cadre exclusivement collectif. Leur objectif est de poser les bases d’un nouveau partenariat post-retrait, axé notamment sur la lutte conjointe contre le terrorisme. À l’issue de cette première session de consultations, un relevé de conclusions a été adopté, portant sur les aspects politiques, sécuritaires et juridiques. Tout en rejetant les négociations séparées, les trois pays sahéliens ont insisté sur la nécessité de préserver les acquis régionaux comme la libre circulation, tout en dénonçant le manque de soutien de la CEDEAO face aux défis sécuritaires.