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Timbuktu Institute – Janvier 2025
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Ce rapport a été élaboré à partir de données quantitatives et qualitatives collectées entre le 23 mai et le 24 juin 2023. Après l’épisode de Barkhane au Mali, l’exigence du départ précipité des forces françaises, puis américaines du Niger suite au coup d’État du 26 juillet 2023, a remis à l’ordre du jour le débat sur les coopérations sécuritaires. Mais, au-delà des aléas de la géopolitique et des accords entre États, les perceptions de ces coopérations par les populations locales ont pesé sur leur évolution dans un contexte sahélien où les sociétés civiles se sont approprié le débat sécuritaire qui n’est plus l’apanage des élites politiques, encore moins des gouvernants. Pour dire que la question posée aujourd’hui du démantèlement des bases militaires françaises de pays comme le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Sénégal n’est que l’aboutissement d’un long processus enclenché depuis quelques décennies, bien qu’il faille lier une telle situation à un contexte de montée globale et inédite des souverainismes qui n’a pas épargné l’Afrique.
Considérée, dans les perceptions entretenues par un discours politique et militant comme une relique de la colonisation, la présence militaire française, par exemple, a, depuis plus de trente ans, fait l’objet de débats et de controverses nourris, sous bien des aspects, par les « inconséquences » de la politique africaine de la France, finalement schématisée par l’expression « Françafrique ».
Mais, ce processus a connu différents tournants pendant la dernière décennie particulièrement marquée par la lutte contre le terrorisme au Sahel. La recrudescence du phénomène terroriste au Sahel a poussé les États de la région à développer la coopération militaire avec la France et d’autres puissances, en tant que trouvaille pour une réponse immédiate face au péril sécuritaire. Après l’opération Serval qui avait symbolisé, en son temps, un certain succès assez temporaire de ce type de coopération et d’intervention d’une force étrangère sur la demande d’un pays sahélien, la mise en place de l’opération Barkhane allait inaugurer une nouvelle ère de pérennisation d’une présence contenant en elle-même les germes de sa propre contestation.
Très vite, les « héros » libérateurs vont être perçus comme des « occupants » dans un contexte marqué par des échecs successifs, des bavures réelles ou présumées mais aussi une montée en puissance de sentiments souverainistes. En fait, le contexte de la guerre informationnelle au Sahel auquel on impute la montée d’un certain « sentiment anti-français », ne fut qu’un facteur aggravant d’une situation qui était déjà rendue complexe par un « conflit de perception du conflit » entre les conceptions internationales et les perceptions locales.
Il est vrai que le contexte délétère créé par la guerre informationnelle durablement installée au Sahel et accentuée par le conflit en Ukraine, de même que le repositionnement de la Russie dans la région, a dû peser sur de telles perceptions. Elles trouvaient déjà leurs racines profondes dans la contestation des politiques sécuritaires défaillantes des États sahéliens eux-mêmes face au terrorisme gagnant du terrain. Il s’y ajoute que des théories « complotistes » pour certains, nourries par la « désinformation », entretenaient l’idée d’une connivence entre terroristes et certaines puissances étrangères. Ainsi, les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ne semblent avoir été que des accélérateurs d’un processus de « désamour » qui a ensuite surfé sur des facteurs, des imaginaires et des perceptions qu’il était nécessaire de sonder.
La coopération militaire a été l’une des premières solutions conçues et développées pour repousser l’assaut des groupes terroristes que ce soit en Afghanistan ou encore au Sahel. Dans cette dernière région, l’opération Serval, au début de la crise malienne, s’inscrivit, alors, dans le contexte d’une coopération militaire en situation d’urgence qui a finalement été inscrite dans la durée. Mais, très vite, au rythme des attaques et de la propagation des zones de conflit, ce qui semblait être une solution temporaire s’inscrivit dans la durée sans qu’une communication adéquate accompagnât les actions et les initiatives. Il s’est, depuis, installé un sentiment d’incompréhension pouvant aller jusqu’au rejet par les populations locales tout en posant d’importants problèmes politiques internes aux États qu’elle était censée soutenir et renforcer. Ainsi, la lutte contre le terrorisme qui avait créé, pour un temps, une convergence de vues entre États sahéliens et partenaires internationaux, a finalement contribué à diviser et faire ressurgir de vieux démons, tels que la suspicion d’un « impérialisme » occidental et une vision encore plus négative des interventions militaires extérieures.
Ce phénomène d’une appréciation négative des coopérations sécuritaires s’est amplifié avec l’effet des réseaux sociaux et, pour certains, des campagnes de désinformation, alimentant l’incompréhension et parfois le rejet de l’action des puissances occidentales, notamment de la France dans la région sahélienne. A partir de 2015, commence à se poser un véritable débat au sein de la classe politique, de l’intelligentsia et des sociétés civiles africaines qui se nourrit des contradictions et incohérences de tous bords. D’un côté, jusqu’aux derniers ajustements paradigmatiques vers un nexus sécurité-développement avec la mise en place d’initiatives comme l’Alliance Sahel, les puissances occidentales étaient perçues comme principalement focalisées sur l’option du tout-militaire. De l’autre, cette stratégie du « nexus » peine, encore aujourd’hui, à arriver à bout du terrorisme alors que la menace sécuritaire persiste.
Cependant, dans le cadre de la mitigation des stratégies à dominante sécuritaire, il a été de plus en plus défendu l’idée d’agir aussi sur le développement et d’accentuer la coopération pour une approche dite holistique de l’insécurité qui était aussi due à des problèmes dits de développement.
Pendant ce temps, les États africains se trouvent devant la difficulté de devoir communiquer sur la question sécuritaire qui relevait, jadis, de « domaines réservés » face à des sociétés civiles qui se sont progressivement appropriées les questions sécuritaires. Dans les opinions africaines, il s’est imposé une perception selon laquelle, la coopération internationale semble instaurer une primauté de la sécurité sur le développement. Cette perception avait conduit à une autre : l’impression d’une inversion de l’agenda africain de développement qui semblerait favoriser l’approche sécuritaire. Bien que découlant d’une initiative d’États de la région, même l’action du G5 Sahel fut assimilée, au sein des opinions publiques y compris des élites, à un suivisme stratégique voire un programme préconçu de l’extérieur..
Il y avait, aussi, la perception dominante selon laquelle, la promotion appuyée du G5 Sahel par l’Europe et surtout la France, était une manière de déposséder la CEDEAO de la question sécuritaire au profit de pays dans le « giron français » évitant ainsi une hostilité ou une éventuelle méfiance du Nigeria et du Ghana anglophones.
Tous ces paramètres et facteurs combinés, font qu’il était nécessaire de sonder les perceptions et d’interroger les acteurs sahéliens et ouest-africains sur la pertinence, la portée et leur propre appréciation des coopérations sécuritaires et de développement.
L’idée d’éviction des dépenses dites de « développement » par celles de « sécurité » continue aussi d’animer les débats entre experts et décideurs de la région. En effet, selon une étude de Chaire Sahel – non publiée - qui propose une analyse comparée de l’évolution des dépenses publiques, des dépenses militaires et des dépenses de santé et d’éducation - dans les pays du G5 Sahel, il existerait un lien établi entre les évolutions des dépenses militaires d’un côté, de santé et d’éducation de l’autre[1]. Il en ressort qu’au Burkina Faso, par exemple, « la hausse des dépenses publiques observées tendanciellement jusqu’en 2009 puis qui s’est accélérée ensuite a bénéficié aux trois types de dépenses étudiées. La part relative de chacune s’est à peu près maintenue jusqu’en 2016, année après laquelle on observe une hausse de la part des dépenses militaires sans qu’il soit possible de comparer avec la part des dépenses d’éducation et de santé, faute de données disponibles.[2] ». Ce constat qui semble durablement marquer une opinion publique ouest-africaine dubitative sur l’efficience des coopérations sécuritaires, a tout son poids sur les perceptions que ce rapport a tenté d’étudier, bien avant le débat et l’actualité sur les présences militaires et la fermeture des bases étrangères.
Il est à noter que la présente étude est une initiative-pilote qui n’a pu couvrir ni tous les pays, encore moins toutes les catégories d’acteurs pertinents. Cette limite s’explique par la difficulté de mobiliser toutes les capacités et ressources nécessaires, en plus du contexte politico-sécuritaire qui a fait que, par exemple, les chercheurs au Burkina Faso n’ont pas pu dérouler le questionnaire et effectuer les entretiens qualitatifs. Pour l’analyse des perceptions sur les coopérations au développement, il subsiste aussi la difficulté matérielle de cibler des personnes disposant des capacités suffisantes pour s’exprimer sur leur pertinence.
Timbuktu Institute - January 2025
As part of its efforts to promote local solutions and approaches to the fight against disinformation, the Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies is giving the floor to local players and civil society organizations, with the aim of encouraging the emergence of local and endogenous initiatives to combat this phenomenon which, according to Bakary Sambe, represents “a destabilizing factor and a setback for democracy in a context of instability and insecurity in the Sahel”. This interview with Harouna Drabo Simbo (FasoCheck) from Burkina Faso is the first in a series of interviews to be conducted and published over the coming weeks. In a sensitive and unstable politico-security context, it is clear that misinformation often contributes to aggravating the situation.With this in mind, approaches to combating misinformation need to be both coordinated and comprehensive. To achieve this, “we need to build an alliance between organizations specializing in the fight against disinformation, the mainstream media, civil society organizations and public institutions”, asserts this journalist from the fact-checking platform, FasoCheck.
What are the main vectors of misinformation in Burkina Faso, particularly in the context of the security crisis?
First of all, there are the digital platforms, in this case the social networks. Facebook, X (formerly Twitter) and TikTok, the most widely used social networks, are the main channels for disinformation. Then there are private messaging services like WhatsApp, which is very popular in Burkina Faso. Insofar as WhatsApp has the characteristics of confidentiality, intimacy and affinity between people in discussion groups, it becomes a privileged place for the dissemination of false information. The socio-political and security crisis that the country is currently experiencing is leading to a form of repression on freedom of expression and the press, reducing the space for debate. As a result, people are expressing themselves much more in private messaging services, the antechambers for the circulation of fake news.
What role do local media, community leaders and state authorities play in the fight against misinformation?
We keep saying that every player in public life - the media, public authorities and civil society organizations - has an important role and responsibility. First and foremost, the local media, which produce local information that takes into account the socio-cultural singularities of populations, mainly by broadcasting their information in local languages. These media are, to use a military expression, the armed arm that can be used to broadcast fact-checking articles in radio formats, adapted to the information consumption habits of grassroots populations. When you look at fact-checking initiatives, you notice that the articles are published on French-language websites, even though the vast majority don't understand this language. Meanwhile, false information circulates in the local language. What we need to do now, and what we've been doing for the past two years, is to adapt fact-checking content into audio format and radio capsules for broadcast in the local media. This enables people to find out what's really going on, and to understand that the news is not true. As far as the public authorities are concerned, it's mainly a question of developing public policies in this area. I'd say that, despite a slight delay, public institutions are beginning to run awareness campaigns. The BCLCC (Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité), the CIL (Commission de l'Informatique et des Libertés) and other organizations are all trying to raise awareness. We also have the beginnings of a law in the revised penal code that punishes the dissemination of false information. As for civil society organizations, there are several that raise awareness through forum theaters, with the aim of helping people understand that information can be manipulated and not to take everything at face value.
How does misinformation impact on security crisis management and social cohesion, particularly in vulnerable areas?
Disinformation today undermines peace-building efforts and amplifies socio-political instability. We have several examples that we have verified ourselves. Today, there are certain vulnerable areas where fake news has led to the displacement of populations. A report that a column of armed terrorist groups was on its way to attack a village created panic, prompting people to flee to a regional capital. In a situation where the means to provide increasingly scarce humanitarian aid are becoming increasingly scarce, this exacerbates the problem. As for security issues and diplomatic tensions with traditional international partners, these are often fuelled by instrumentalized fake news that adds fuel to the fire. These situations sometimes lead to demonstrations and the circulation of general denunciation narratives, when in fact such information, even if it includes a factual element, is nonetheless infox, aggravating an already fragile situation.
What local solutions could be put in place to effectively combat misinformation?
First and foremost, we need to build an effective alliance between organizations specializing in the fight against misinformation, mainstream professional media, civil society organizations and public institutions. Clearly, organizations specializing in the fight against misinformation make their verified content available to the mainstream media, with the aim of boosting the latter's audience. A second very important component of the mainstream media is the community radio stations located in the regions, provinces and hinterland in general. At this level, the verified content in question needs to be adapted into audio capsules in the main local languages for better dissemination. Then there's the third column: CSOs specializing in citizenship and social cohesion issues. The latter can seize upon the knowledge and analytical data on the underside of coordinated disinformation campaigns produced by fact-checking organizations. This will enable them, on the one hand, to raise awareness among grassroots populations, and, on the other, to draw up advocacy material for public authorities. Finally, these measures will enable the fourth column, i.e. state institutions, to take action. Effective coordination of these various actions can convince the authorities of the urgent need for appropriate and effective legislation and public policies. This, in a nutshell, is the fork in the road needed for a structural fight against misinformation.
Interview by Kensio Akpo - Media & Strategy Specialist - Timbuktu Institute
Timbuktu Institute – Janvier 2025
Dans le cadre de son action de promotion des solutions et approches locales de lutte contre la désinformation, Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, donne la parole aux acteurs locaux et organisations de la société civile dans le but de faire émerger des initiatives locales et endogènes contre ce phénomène qui représente, selon Bakary Sambe, « un facteur de déstabilisation et de recul de la démocratie dans un contexte d’instabilité et d’insécurité au Sahel ». Cette interview avec Harouna Drabo Simbo (FasoCheck) du Burkina Faso est la première d’une série d’entretiens qui seront réalisés et publiés ces prochaines semaines. Dans un contexte politico-sécuritaire sensible et instable, il est manifeste que la désinformation contribue souvent à aggraver la situation. Dans cette perspective, les approches de lutte contre la désinformation doivent être à la fois coordonnées et globales. Pour ce faire, « il faut bâtir une alliance entre les organisations spécialisées dans la lutte contre la désinformation, les médias classiques, les organisations de la société civile et les institutions publiques », affirme ce journaliste de la plateforme de fact-checking, FasoCheck.
Quels sont les principaux vecteurs de désinformation au Burkina Faso, notamment dans le contexte de la crise sécuritaire ?
Il y a d’abord les plateformes numériques, c’est-à-dire les réseaux sociaux en l’occurrence. À ce niveau Facebook, X (ex-Twitter) et TikTok qui sont les réseaux sociaux les plus utilisés, s’avèrent les principaux canaux de désinformation. A cela, il faut ajouter les messageries privées comme WhatsApp, très populaire au Burkina Faso. Dans la mesure où WhatsApp possède les caractéristiques de confidentialité, d’intimité et d’affinité entre personnes dans les groupes de discussions, il devient un endroit privilégié pour la diffusion des fausses informations. La crise socio-politique et sécuritaire que traverse actuellement le pays donne lieu à une forme de répression sur la liberté d’expression et de presse, réduisant ainsi les espaces de débat. Par conséquent, les gens s’expriment beaucoup plus dans les messageries privées, antichambres de circulation des fake news.
Quels rôles jouent les médias locaux, les leaders communautaires et les autorités étatiques dans la lutte contre la désinformation ?
Nous ne cessons de dire que chaque acteur de la vie publique, c’est-à-dire les médias, les pouvoirs publics et les organisations de la société civile ont un rôle et une responsabilité importante. D’abord, les médias locaux qui sont des producteurs d’information de proximité prenant en compte les singularités socio-culturelles des populations, principalement en diffusant leurs informations en langues locales. Ces médias sont, pour utiliser une expression militaire, le bras armé qui peut être utilisé pour diffuser des articles fact-checking en formats radio, adaptés aux habitudes de consommation de l’information des populations à la base. Lorsque vous observez les initiatives de fact-checking, l’on remarque que les articles sont publiés sont sur des sites web en langue française, alors que la grande majorité ne comprend pas cette langue. Pendant ce temps, la fausse information circule en langue locale. Ce qu’il faut donc aujourd’hui et c’est ce que nous faisons depuis deux ans, adapter les contenus de fact-checking en format audio et capsules radios pour les diffuser dans les médias locaux. Ceci permet ainsi aux populations de savoir réellement ce qui se passe et de comprendre qu’il y a du faux dans l’info. Concernant les pouvoirs publics, il s’agit surtout de l’élaboration de politiques publiques en la matière. Je dirais que malgré un peu de retard, il existe un début de campagne de sensibilisation émanant des institutions publiques. C’est le cas de BCLCC (Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité), la CIL (Commission de l'Informatique et des Libertés) ainsi que d’autres organismes qui essaient aujourd’hui de faire de la sensibilisation. Nous avons aussi un début de loi dans le code pénal révisé qui sanctionne la diffusion de fausses informations. Quant aux organisations de la société civile, il en existe plusieurs qui sensibilisent à travers des théâtres-forums, dans le but d’aider les populations à comprendre qu’une information peut être manipulée et de ne pas tout prendre pour argent comptant.
Comment la désinformation impacte-t-elle la gestion de la crise sécuritaire et la cohésion sociale, en particulier dans les zones vulnérables ?
La désinformation aujourd’hui annihile les efforts de construction de paix et amplifie l’instabilité socio-politique. Nous avons plusieurs exemples de cas que nous avons nous mêmes vérifiés. Aujourd’hui, il y a certaines zones vulnérables où des fake news ont provoqué des déplacements de populations. En effet, une information selon laquelle une colonne de groupes armés terroristes était en route pour attaquer un village, a créé la panique, poussant ainsi les populations à fuir vers un chef-lieu de région. Dans une situation où on souffre d'une raréfaction des moyens de prise en charge pour une aide humanitaire de plus en plus rare, cela empire le problème. Concernant les questions sécuritaires et les tensions diplomatiques avec des partenaires traditionnels internationaux, elles sont souvent nourries par des fakes news instrumentalisées qui mettent de l’huile sur le feu. Des situations qui causent parfois des manifestations et la circulation de narratifs de dénonciation générale, alors qu’au fond, ces informations, même si elles comportent une part de factuel, n’en demeurent pas moins de l’infox, envenimant ainsi une situation déjà fragile.
Quelles approches de solutions locales pourraient être mises en place pour lutter efficacement contre la désinformation ?
En premier lieu, il faut bâtir une alliance efficace entre les organisations spécialisées dans la lutte contre la désinformation, les médias professionnels classiques, les organisations de la société civile et les institutions publiques. En clair, les organisations spécialisées dans la lutte contre la désinformation mettent à la disposition des médias classiques leurs contenus vérifiés, dans le but d’amplifier l’audience de ceux-ci. Dans les médias classiques également, il y a une deuxième composante très importante, ce sont les radios communautaires situées dans les régions, provinces et l’arrière-pays en général. À ce niveau, les contenus vérifiés en question doivent être adaptés en capsules audio dans les principales langues locales pour une meilleure diffusion. Ensuite, la troisième colonne rentrant en jeu : les OSC spécialisées sur les questions de citoyenneté et de cohésion sociale. Ces dernières peuvent se saisir de ces connaissances et données analytiques sur les dessous des campagnes coordonnées de désinformation, qui sont produites par les organisations de fact-checking. Ceci pour d’une part mener une sensibilisation à l’endroit des populations à la base, puis pour dresser des contenus de plaidoyer à l’endroit des pouvoirs publics, d’autre part. Enfin, ces dispositions permettront à la quatrième colonne que sont les institutions étatiques, d’entrer en action. Une coordination efficace de ces différentes actions peut convaincre les autorités sur l’urgence d’une législation et de politiques publiques appropriées et efficaces. Tel est un peu, en termes d’approches, l’embranchement nécessaire pour une lutte structurelle contre la désinformation.
Entretien réalisé par Kensio Akpo - Spécialiste Média & Stratégies - Timbuktu Institute
Dr. Bakary Sambe, of the Timbuktu Institute, a think tank committed to the production of knowledge on peace, security and conflict resolution, has worked extensively on integration issues in West Africa. With the latest Ecowas Summit, where the departure of the countries of the Sahel States Alliance (SSA) seems to have been decided, he looks back in this interview at the possibilities and alternatives in the face of this situation.
1. At the last Ecowas summit, the regional body decided to record the departure of the Aes countries, while asking Senegalese mediation to continue. Do you believe in the possibility of a reconciliation?
As you know, this summit took place against a tense backdrop, and negotiations were already well underway in the region's diplomatic corridors. The Heads of State were aware of the immediate consequences of the planned application of article 91 of the 1993 revised ECOWAS treaty, with the grave risk of compromising not only decades of integration efforts, but also the regional security architecture in a context of unprecedented rise in the terrorist peril. There were two possible scenarios: A fait accompli with the withdrawal of the three SSA states from ECOWAS, with all its consequences, despite the possibility of mitigating the immediate effects (movement of people and goods) through regional cooperation frameworks and mechanisms such as WAEMU, of which Mali, Burkina Faso and Niger are still members. But the political and image consequences for ECOWAS would be far-reaching. The other option, of course, was to grant a delay in the form of a moratorium, which seems to have been the preferred outcome of the Summit. In any case, the guiding principle of preserving regional integration could still guide Senegal's position, given its status as a mediator, but also that of most of the ECOWAS driving states. The region needs stabilization efforts rather than disintegration factors, at a time when common security challenges alone call for a minimum of synergy both between SSA countries and between the various ECOWAS states. But what is reassuring from every point of view is that pan-Africanism and the safeguarding of regional integration now remain the two things best shared in ECOWAS and the countries of the SSA. And as the saying goes, those who can never part must necessarily walk together. While important from a symbolic point of view, the organization or form in which this shared awareness of the need for integration is materialized should in no way compromise the stakes involved in sealing a common destiny. Moreover, in the final communiqué issued at the end of last Sunday's summit, both in form and content, we sense the importance attached by ECOWAS to the fact of never prejudicing the diplomatic talks which must take their course.
2. Alongside Senegal, there is also Togolese mediation. Are these two countries well placed to carry out this mediation?
There are obvious reasons for choosing these two countries. Togo enjoyed privileged relations with the SSA countries, even at the height of the crisis, when ECOWAS threatened military intervention in Niger. But Senegal's position as mediator in this crisis gives it a legitimacy reinforced by our country's diplomatic tradition, which has made dialogue and the search for peaceful solutions part of its foreign policy credo. Senegal naturally embodies this role, in line with its pan-Africanist commitment - the achievement of African unity is one of the missions of the President of the Republic, as recalled in his oath - but also its economic and strategic interests, and the importance of good neighborliness, notably with Mali, a pivotal country within the SSA. In addition to these considerations, there is also the need for close and ongoing security cooperation with Mali in view of the terrorist threat, as well as an economic partnership that is vital to both countries. It is true that, on the eve of the summit, President Bassirou Diomaye Faye spoke of encouraging progress. It has to be said that Senegal's mediation had already won a major battle in this long-term process of diplomacy. This mediation ratified a collective awareness on all sides of the need to safeguard the gains of sub-regional integration. In my opinion, it was this shared awareness that even encouraged the positive signals sent out by the SSA countries on the eve of the Summit, when they were keen to give assurances regarding freedom of movement within the regional area, which has become an achievement of the ECOWAS peoples beyond the sometimes tumultuous life of organizations and the turbulence of diplomatic relations.
3. If the departure of the Aes countries is confirmed, won't the integration project be in serious jeopardy?
In itself, the creation of the Sahel States Alliance through the Liptako Gourma Charter presaged a weakening of ECOWAS and the tacit disappearance of the G5 Sahel, which was a key player in the fight against terrorism in the Sahel and West Africa in general. It also presented risks of fragmentation of regional counter-terrorism efforts, and a negative impact on the AU's efforts by weakening its role insofar as this new initiative will further complicate its attempts to coordinate security efforts on a continental scale. If such a crisis becomes entrenched, it will further affect the AU's perception at continental and international level, where it had gained much with the Senegalese Chairmanship and the acquisition of a seat at the G20, not to mention the weakening of its continental coordination role in other areas beyond counter-terrorism and economic cooperation. Learning from the mistakes of the crisis with Niger, which precipitated the creation of the SSA, ECOWAS will have to integrate the fact that the current crisis is conjunctural and that the battle of opinion with the peoples of the region, whose destinies are linked by history and geography, should not be lost. This is perhaps the meaning of the reforms to which the Senegalese president seems to be committed, despite his efforts to pick up the pieces. In addition to the necessary reforms, the gamble to be taken is that of putting on a good show in asserting the desire to strengthen integration and not lose face with the peoples of the region, including those of the SSA countries.
4. If institutional breakdown becomes inevitable, is there an alternative solution for the countries of the region?
You know, the six-month moratorium that the Timbuktu Institute has always advocated seems to me to be a good option that splits the difference. It respects the choice made by the SSA countries, which see merit in the creation of a group that can take greater account of their specific characteristics and priorities, notably in terms of security, while guaranteeing that the ECOWAS countries, which have taken note, can comply with the organization's regulatory framework. An alternative solution could be envisaged to maintain the thread of dialogue and avoid hampering regional cooperation, which has become a collective security issue with the transnationality of threats and challenges, until the current crisis has been overcome. We need to start thinking now about an Association Agreement between the SSA Confederation and ECOWAS in targeted areas such as trade and, above all, integrated border surveillance and management. There are precedents and best practices in this area, such as the Association Agreement between the European Union and the Swiss Confederation, concluded on November 28, 2023, which has safeguarded a framework for cooperation on key issues: the free movement of people, air traffic, road traffic, agricultural products, technical barriers to trade, public procurement, educational and scientific exchanges, etc. The WAEMU instruments, of which the SSA countries are still members, could facilitate the establishment of such frameworks. Bilateral agreements, which are already being considered (Niger-Nigeria, for example), could complement this common base with an agile approach that emphasizes ongoing dialogue and awareness of collective challenges.
Source: Le Soleil, December 17, 2024
The stakeholder consultation process for the development of the National Program for the Prevention of Violent Extremism (PVE) in Eastern DRC was launched on December 12, 2024. More than 10 organizations took part in the meeting. The program resulting from these consultations will serve as UNDP's offer document in terms of response to the rise of violent extremism in the DRC.
© PNUD-RDC
In the DRC, the UNDP office is committed to supporting the government and provincial governments of eastern DRC to prevent and respond to violent extremism that could lead to terrorism. To this end, regional discussions on violent extremism were organized in July 2023 to carry out a contextual analysis and identify programmatic implications. This activity involved a variety of institutional players, civil society, academia, community leaders and UN agencies.
© PNUD-RDC
With the support of its institutional and academic partners and the Young Reporters on Sustainable Development (JERODD), the UNDP in the DRC has launched a participatory action-research project involving former combatants from the ADF group. Institutions and communities affected by the crises were consulted in order to gain a more detailed understanding of the dynamics of violent extremism in this part of the country, and to identify programmatic implications for the development of a pilot national EVP program focused on community resilience. The consultation also gathered baseline data and community perceptions of violent extremism at local level.
Source: UNDP-DRC
La migration est devenue une problématique centrale des débats et enjeux internationaux , influençant même de plus en plus , les politiques économiques, sociales et sécuritaires des pays. Cette situation est accentuée par un décalage des perceptions et représentations sur la question, entre les pays du Sud et du Nord. Au Sénégal, cette question de par sa dimension dramatique, est particulièrement inquiétante vu les départs incessants de jeunes vers les îles Canaries . C'est fort de ces constats que le Timbuktu Institute et l'Ambassadrice d'Autriche au Sénégal ont organisé le 17 décembre 2024, une conférence sur le thème : « Dialogue Sud-Nord sur la migration » , décliné sous deux panels. D'une part, les connaissances et narratifs sur la migration puis la gestion des migrations en question, d'autre part.
Penser les crises de notre temps, nécessite des approches tant globales que collectives. C'est dans cet esprit que s'inscrit ce cadre d'échanges , porteur de
« la nécessité de mettre en valeur l'espace des circulations et de dialogues des savoirs bien au-delà des limites géographiques »
souligne Dr Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute. Ceci, poursuit-il, « dans le cadre de la question migratoire, le fait est que Nord comme Sud, nous partageons les crises en question, qui demandent des approches de solutions concertées et holistiques pour une sécurité collective. » Pour l’ambassadrice de l’Autriche près du Sénégal Ursula Fahringer, « il est manifeste que la migration irrégulière est un sujet sur lequel les opinions diffèrent entre les pays de départ et les pays d’arrivée. »
Présentant les conclusions de ses recherches, l’anthropologue autrichienne Dr. Ingrid Thurner qui a effectué un séjour de recherche d’un mois au Timbuktu Institute, propose d’emblée de mettre en exergue la migration comme présentant des « défis communs et partagés reliant l’Afrique et l’Europe. » Dans ce cheminement, ses enquêtes de terrain au Sénégal ont été l’occasion d’aller à la rencontre d’une diversité de couches sociales à l’instar des communautés rurales, guides religieux, enseignants, organisations féminines, migrants revenus, ex-passeurs repentis, etc. Selon la chercheuse, le premier constat important est
« la différence fondamentale entre les représentations sur place et celles en Europe, en l’occurrence par la revendication d’un droit fondamental à la migration. »
Une position lue par certains comme une « recommandation prophétique, de par la Hijra vers Médine en 622. » En Europe par contre, note-t-elle, « la migration irrégulière est perçue comme un problème qu’il faut résoudre, les dirigeants cherchant à endiguer les flux migratoires. » Ce faisant, il existe « un fossé de perceptions entre les attentes des populations de départ et la réalité des législations des pays européens », reconnaît Dr. Ingrid Thurner. Dans le village de Kafountine en Casamance par exemple, le sentiment que l’Europe ne fait rien ou en fait trop peu, revient beaucoup chez les populations rencontrées, pointe-t-elle.
Dans cette perspective, il est remarquable que ces perceptions dans les communautés de départ vont à l’encontre des perceptions « en Europe où de plus en plus partis politiques xénophobes d’extrême droite gagnent du terrain, la migration devenant ainsi un marronnier politique », regrette la chercheuse autrichienne. Par ailleurs, constate-t-elle, « les mythes et les success story trompeuses à propos de l’enrichissement des immigrés sont similaires à ceux diffusées par les extrêmes droites européennes. » Face à cette problématique de taille, Dr. Ingrid Thurn propose d’abord un changement de cap, en premier lieu chez
« les politiques qui doivent arrêter de parler en termes de crise comme si le problème n’était que conjoncturel. »
Ensuite, recommande-t-elle, il est nécessaire d’investir dans les économies locales en créant des perspectives réelles d’émancipation. Ceci peut passer par « l’établissement de relations bilatérales pour des réseaux d’emploi pour les migrants, tout en gardant à l’esprit que le phénomène de la migration est mondial et ne peut qu’être résolue par une collaboration active. »
Connaître et maîtriser les narratifs sur la migration
« Il est manifeste qu’il existe un conflit de perceptions sur la migration, entre le Nord et le Sud, ce qui fait souvent, nous ne parlons pas de la même chose. Si elle est considérée ailleurs comme un problème, chez nous il s’agit juste d’un fait social »,
affirme Pr. Aly Tandian, sociologue à l’Université Gaston Berger et président de l'Observatoire Sénégalais des Migrations (GERM). Prenant appui sur le cas des sociétés peules, il donne l’exemple de la notion de « fergo » (émigration en pulaar), qui renvoie à « l’appel d’El Hadj Omar Tall, demandant ainsi aux populations du Ferlo, de partir vers des contrées lointaines », renseigne-t-il. Selon lui, cette approche peut être aussi retrouvé chez les Wolofs à travers le proverbe : « Ce qui rendrait malheureuse une femme, ce n’est pas le fait de ne pas avoir un enfant, mais plutôt d’avoir un enfant incapable de répondre aux besoins de ses parents. » Pour le sociologue, il est nécessaire de replacer la migration dans une « perspective historique en se rappelant par exemple que les premières migrations datent au moins de 1977, bien avant le phénomène Barca ou Barsakh, ou encore depuis des décennies dans les communautés soninkés avec l’expression « mourir ou aller à Bordeaux » », éclaire-t-il. Tout compte fait, conclut le fondateur du GERM, « un des problèmes principaux est le manque d’évidences scientifiques sur les dynamiques dans les territoires de départ que sont nos pays. »
Selon Papa Sakho, docteur en géographie et enseignant à l’Université Cheikh AntaDiop de Dakar (UCAD), il est regrettable de constater que
« la mobilité n’est valable que pour l’Européen parce qu’il a ce droit de facto. »
Il poursuit : « Il ne s’agit pas de dire que la migration touche seulement l’Europe et l’Afrique, c’est mondial. Surtout que la majorité de la migration en Afrique est intra continentale. En fait, le problème est que l’Europe élargit ses questions existentielles à l’Afrique. » Une approche partagée par le Dr. Bakary Sambe. « La rencontre entre l’Afrique et l’Occident est ancienne. Comment se fait-il que dans un monde libéralisé et démocratisé, certains ont droit à la circulation pendant que d’autres ne l’ont pas ? », lance-t-il. De même, la chercheuse autrichienne Dr. Thurner se demande si
« la question de la migration n’est pas une question politique faisant office d’exutoire en Europe dans la mesure où les migrants deviennent des boucs émissaires, accusés d’être responsables de tous les maux socio-économiques des pays européens ».
A une ère hyperconnectée, les représentations médiatiques de la migration influent sur les perceptions et représentations collectives, estime Yague Samb, directrice Sénégal du Timbuktu Institute. « Les médias construisent une focalisation événementielle qui se manifeste par une couverture et cadrage médiatiques simplistes, concentrée sur les drames. Ceux-ci sont appuyés par un vocabulaire négatif et péjoratif à l’endroit des migrants », estime-t-elle. De plus, regrette-t-elle, « il y a peu de journalistes spécialisés sur la migration. Ce qui fait que le sujet est souvent abordé de manière superficielle par les animateurs et chroniqueurs les médias. » Pour remédier à cette situation, Mme Samb insiste sur la nécessité pour les médias d’aborder la problématique de la migration avec la complexité qui lui est due. Ceci, pour permettre « d’humaniser davantage les migrants qui sont plus que des chiffres, mais des personnes avec des familles, parents et proches ».
Une chose désormais indéniable, « est que le monde est maintenant une communauté internationale dans le sens plein du terme, qui a la vulnérabilité en partage. La Covid fut d’ailleurs un bon exemple de la démocratisation de la vulnérabilité », observe Dr. Bakary Sambe. Pour le géographe Dr. P. Sakho, « peu importe les moyens mis, cette approche sécuritariste ne vas pas régler le problème ». C’est pour la raison pour laquelle le sociologue Aly Tandian met l’accent sur l’importance « d’aider l’Europe à comprendre les migrationsparce qu’il y a véritable travail socio-anthropologique de déconstruction à effectuer pour mieux guider les politiques dans leurs actions. » Il est nécessaire conclut-il, « de migrer ensemble vers des solutions durables. »
Les migrations, quelles gestions pratiques … concertées ?
Le phénomène de la migration est d’abord « sujet à incompréhension », relève Badara Ndiaye, Président de l’ONG Diadem (Diaspora, Développement, Education, Migration). « La question a subi des transformations telles que nous n’en sommes plus les seuls acteurs », note-t-il. Avant de poursuivre : « Les mobilités sont devenues un enjeu de géopolitique qui impacte nos perceptions et actions. Avec des concepts comme « migrant potentiel » où l’on assimile tout voyageur à un migrant en regardant l’Afrique comme porteuse d’un problème en soi. De fait, l’appareil conceptuel même du sujet pose problème. »
« Les femmes, en tant qu’épouses et mères et sœurs des émigrés, sont le pan de la société qui souffre le plus du phénomène de la migration »
juge Ndèye Sagar Tall, présidente de l’association Entente Féminine pour le Développement du Sénégal. C’est pour cela qu’elle plaide pour l’implication des femmes dans les approches et la conception des solutions locales, tout en intensifiant les actions de sensibilisation menées sur le terrain. Toutefois, la militante ne manque pas de noter la pression sociale subie par les candidats. « Les mamans exercent une pression socio-économique sur leurs enfants, oubliant que la mort des migrants peut précariser les familles en retour », reconnaît-elle. La présidente d’Entente Féminine, active dans la sensibilisation contre l’émigration illégale, regrette ainsi ce qu’elle perçoit comme une « démission des hommes dans la gestion des foyers, accentuée par la polygamie qui diminue parfois les chances socio-économiques dans les familles. Dès lors, elle recommande que les pays « aillent davantage vers une éducation professionnalisante pour les jeunes. »
Du côté de l’Etat, des mécanismes ont été mis en place, même s’ils ne sont pas parvenus à endiguer la migration irrégulière. « En 2020, l’Etat avait mis en place une structure qui coordonnait l’ensemble des organismes chargée de la migration irrégulière, puis une stratégie nationale en 2022. C’est cela qui a donné en 2024 au comité interministériel composé de représentants de tous les ministères, des OSC, des partenaires techniques et financiers, etc », explique Modou Diagne, contrôleur général du Comité Interministériel de Lutte Contre la Migration Irrégulière (CILMI).
Cette démarche précise-t-il, s’appuie sur cinq axes : la sensibilisation, la gestion des frontières, l’assistance aux migrants et l’accompagnement des migrants retournés et la répression en dernier recours. Ceci parce que,
« nous sommes conscients de l’importance d’une approche holistique le fait est que le volet répressif est insuffisant. Le Frontex a depuis des années un mémorandum d’entente avec les pays africains mais cela n’a toujours pas réglé le problème »
pointe M. Diagne. De plus, ajoute-t-il, il est nécessaire de « travailler à l’employabilité des jeunes qui ne sont pas formés à la base, manquent d’autofinancement et disposent peu de facilités pour entreprendre. » A l’en croire, le gouvernement sénégalais mettra prochainement en place une plateforme pour permettre aux acteurs européens de chercher la main d’œuvre qu’ils désirent. Pour le président de l’ONG Diadem Modou Diagne, il existe un défaut de confiance entre les autorités et la jeunesse. « Nous devons construire une relation de vérité et de confiance à l’égard des jeunes. Le Sénégal doit développer une stratégie de migration de main d’œuvre. En outre, les organismes doivent privilégier des actions de coopération directe de collaboration avec les OSC, la sous-traitance est inappropriée. », suggère-t-il.
Dans la société sénégalaise où la religion occupe une place importante, Thierno Amadou Ba , khalife de Bambilor, souligne l e besoin de l'implication des dirigeants religieux dans l'équation. « La diplomatie religieuse est plus rapide , moins protocolaire et la réactivité des religieuses est plus efficace . Les religieux peuvent être des médiateurs de choix entre les migrants et foyers d'accueil, en mobilisant des ressources humaines et locales », plaide-t-il. Le paramètre démographique serait-il une impensé de la question migratoire ? A cet interrogation lancée par le modérateur Dr. Sambe, le khalife concède qu'
« en Afrique, il y a des barrières socio - culturelles sur ce point. L'Europe a des problèmes de capital humain, elle connaît un vieillissement de sa population et une baisse de natalité . Ici, les religieux pourraient voir comment faire concorder la réalité et les croyances. »
Par Kensio Akpo, Cellule Veille & Analyse du Timbuktu Institute
Dr Bakary Sambe, du Timbuktu Institute, un think tank engagé dans la production de connaissances en matière de paix, sécurité et résolution des conflits, a beaucoup travaillé sur les questions d'intégration en Afrique de l'Ouest. Avec le dernier Sommet de la Cedeao, où un départ des pays de l'Alliance des États du Sahel (Aes) semble être acté, il revient, dans cet entretien, sur les possibilités et alternatives face à cette situation.
1. Lors du dernier Sommet de la Cedeao, l'instance régionale a décidé d'acter le départ des pays de l'Aes tout en en demandant à la médiation sénégalaise de continuer. Croyez- vous à la possibilité d'un recollage ?
Vous savez, ce sommet s’est déroulé dans un contexte tendu et les tractations allaient déjà bon train dans les coulisses diplomatiques de la région. Les chefs d’État étaient conscients des conséquences immédiates de l’application en vue de l'article 91 du traité révisé en 1993 de la CEDEAO avec le risque pesant de compromettre des décennies d’efforts d’intégration mais aussi l’architecture de sécurité régionale dans un contexte d’une montée inouïe du péril terroriste. Alors, deux cas de figure étaient possibles : Entériner le fait accompli avec la sortie de la CEDEAO des trois États de l’AES avec son lot de conséquences, malgré les possibilités de mitigation des effets immédiats (circulation des personnes et des biens) par les cadres et mécanismes de coopération régionale comme l’UEMOA dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont encore membres. Mais les conséquences politiques et en termes d’image pour la CEDEAO seraient lourdes. L’autre option était, naturellement, d’accorder un délai sous forme d’un moratoire ; ce qui semble avoir été privilégié à l’issue du Sommet. En tout état de cause, le principe directeur de la préservation de l’intégration régionale pourrait encore guider la position sénégalaise au regard de son statut de médiateur mais aussi de la plupart des États moteurs de la CEDEAO. La région a plus besoin d’efforts de stabilisation que de facteurs de désintégration au moment où rien que les défis sécuritaires communs imposent un minimum de synergie aussi bien pour les pays de l’AES entre eux que dans les rapports entre les différents États de la CEDEAO. Mais, ce qui est rassurant à tout point de vue est que le panafricanisme et la sauvegarde de l’intégration régionale demeurent désormais les deux choses les mieux partagées dans la CEDEAO et dans les pays de l’AES. Et comme on le dit bien chez nous, ceux qui ne peuvent jamais se séparer devront nécessairement cheminer ensemble. Bien qu’importante sur un point de vue symbolique, l’organisation ou la forme pour matérialiser cette conscience partagée de la nécessité d’intégration ne devrait en aucune manière, compromettre cet enjeu qui scelle un destin commun. D’ailleurs, dans le communiqué final à l’issue du Sommet de dimanche dernier, dans le fond comme dans la forme, on sent l’importance accordée par la CEDEAO, au fait de ne jamais porter préjudice aux pourparlers diplomatiques qui doivent suivre leur cours.
2. A côté du Sénégal, il y a aussi une médiation togolaise. Ces deux pays sont -ils bien placés pour mener à bien cette médiation ?
Le choix porté sur ces deux pays se justifie pour des raisons évidentes. Le Togo a eu des relations privilégiées avec les pays de l’AES même au plus fort de la crise suite à la menace d’intervention militaire au Niger brandie à l’époque par la CEDEAO. Mais la position du Sénégal désigné comme médiateur dans cette crise lui donne une légitimité confortée par la tradition diplomatique de notre pays qui a inscrit le dialogue et la recherche de solutions pacifiques dans son crédo en matière de politique étrangère. Le Sénégal incarne naturellement ce rôle conformément à son engagement panafricaniste – la réalisation de l’Unité africaine fait partie des missions du Président de la République rappelée dans son serment- mais aussi ses intérêts économiques et stratégiques et l’importance du bon voisinage notamment avec le Mali, pays-pivot au sein de l’AES. En plus de ces considérations, il y a aussi la nécessité d’une coopération sécuritaire étroite et continue avec le Mali au regard de la menace terroriste mais aussi un partenariat économique vital pour les deux pays. Il est vrai qu’à la veille du sommet le président Bassirou Diomaye Faye avait évoqué des avancées encourageantes. Il faut dire que la médiation sénégalaise avait déjà gagné une belle bataille dans ce processus inscrit dans le temps long qu’est celui de la diplomatie. Cette médiation a entériné une prise de conscience collective de toutes les parties de la nécessité de sauvegarder les acquis de l’intégration sous-régionale. A mon sens, c’est cette prise de conscience partagée qui a même favorisé les signaux positifs à la veille du Sommet envoyés par les pays de l’AES qui ont tenu à donner des assurances pour ce qui est de la libre circulation au sein de l’espace régional devenue un acquis des peuples de la CEDEAO au-delà de la vie parfois tumultueuse des organisations et des turbulences des relations diplomatiques.
3. Si le départ des pays de l'Aes est acté, le projet d'intégration ne risque-t-il pas de prendre un sacré coup ?
En soi, la création de l’Alliance des États du Sahel à travers la charte du Liptako Gourma présageait d’un affaiblissement de la CEDEAO et la disparition tacite du G5 Sahel, qui était un acteur-clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest de manière générale. Elle présentait aussi des risques de fragmentation des efforts régionaux de lutte contre le terrorisme en même temps qu’un impact négatif sur les efforts de l’UA avec l’affaiblissement de son rôle dans la mesure où cette nouvelle initiative compliquera davantage ses tentatives de coordination de ses efforts en matière de sécurité à l’échelle continentale. Si une telle crise s’installe durablement cela va davantage affecter la perception de l’UA au niveau continental et international où elle avait beaucoup gagné avec la Présidence sénégalaise et l’acquisition d’un siège au G20 sans parler de l’affaiblissement du rôle de coordination continentale dans d’autres domaines au-delà de la lutte anti-terroriste et la coopération économique. Apprenant des erreurs de la crise avec le Niger qui a précipité la création de l’AES, la CEDEAO devra intégrer le fait que la crise actuelle est conjoncturelle et qu’il ne faudrait pas perdre la bataille de l’opinion vis-à-vis des peuples de la région dont le destin est lié par l’histoire et la géographie. C’est peut-être le sens des réformes auxquelles le président sénégalais semble tenir malgré ses efforts pour recoller les morceaux. Le pari à prendre, en plus des réformes qui s’imposent est celui de faire bonne figure dans l’affirmation de la volonté de renforcement de l’intégration et ne pas perdre la face vis-à-vis des populations de la région y compris celles des pays de l’AES.
4. Si la rupture institutionnelle devenait inévitable y aurait-il une solution alternative pour les pays de la région ?
Vous savez, le délai de six mois qui a tout l’air d’un moratoire dont Timbuktu Institute a toujours défendu l’idée me semble entrer une bonne option qui coupe la poire en deux. Il respecte le choix des pays de l’AES qui trouvent pertinente la création d’un ensemble pouvant permettre de mieux prendre en compte leurs spécificités et priorités notamment sécuritaires tout en garantissant aux pays de la CEDEAO, qui en ont pris acte, la possibilité de se conformer au cadre réglementaire de l’organisation. Une solution alternative pourrait être envisagée afin de maintenir le fil du dialogue et éviter d’entraver la coopération régionale devenue un enjeu de sécurité collective avec la transnationalité des menaces et des défis, le temps nécessaire que la crise actuelle soit dépassée. Il s’agit de réfléchir dès à présent et par anticipation à un Accord d’Association entre la Confédération de l’AES et la CEDEAO dans des domaines ciblés comme le commerce et surtout la surveillance et la gestion intégrée des frontières. Il existe des précédents et des bonnes pratiques en la matière comme l’Accord d’Association entre l’Union Européenne et la Confédération helvétique conclu le 28 novembre 2023 et qui a permis de sauvegarder un cadre de coopération sur des problématiques essentielles : la libre circulation des personnes, le trafic aérien, la circulation routière, les produits agricoles, les obstacles techniques au commerce, les marchés publics, les échanges éducatifs et scientifiques etc. Les instruments de l’UEMOA dont les pays de l’AES sont encore membres pourraient faciliter la mise en place de tels cadres. Des accords bilatéraux qui ont d’ailleurs commencé à être envisagés (Niger-Nigeria, par exemple) pourraient compléter cette base commune avec une approche agile mettant en avant le dialogue continu et la nécessaire conscience des défis collectifs.
Source : Le Soleil du 17 décembre 2024
Le processus de consultation des parties prenantes pour l’élaboration du programme national de prévention de l'extrémisme violent (PVE) à l'Est de la RDC a été lancé le12 décembre 2024. Plus de 10 organisations ont pris part à cette rencontre. Le programme qui découlera de ces consultations servira de document de l’offre du PNUD en termes de réponse à la montée de l'extrémisme violent en RDC.
© PNUD-RDC
En RDC, le bureau du PNUD s'est engagé à soutenir le gouvernement et les gouvernements provinciaux de l'Est de la RDC pour prévenir et répondre à l'extrémisme violent qui pourrait conduire au terrorisme. À cette fin, des discussions régionales sur l'extrémisme violent ont été organisées en juillet 2023 afin de réaliser une analyse contextuelle et d'identifier les implications programmatiques. Cette activité a impliqué une diversité d'acteurs institutionnels, la société civile, le monde universitaire, les leaders communautaires, les agences des Nations Unies.
© PNUD-RDC
Avec le soutien de ses partenaires institutionnels, académiques et des jeunes rapporteurs des objectifs du développement durable (JERODD), le PNUD en RDC a lancé une recherche-action participative impliquant les anciens combattants du groupe ADF. Les institutions et les communautés affectées par les crises ont été consultées afin de disposer d’une compréhension plus détaillée de la dynamique de l’extrémisme violent dans cette partie du territoire national, d’identifier des implications programmatiques pour l’élaboration d’un programme national PVE pilote axé sur la résilience des communautés. Cette consultation a également permis de recueillir des données de base et les perceptions des communautés sur l’extrémisme violent au niveau local.
Source : PNUD-RDC
Source : Sahel weather Novembre 2024
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On Thursday, November 28, 2024, the President of the Federal Republic of Nigeria, Bola Tinubu, paid a two-day state visit to Paris at the invitation of his French counterpart Emmanuel Macron, as part of a drive to strengthen political and economic relations. This is the first such visit between the two countries in 24 years, against a backdrop of Nigeria's internal socio-economic crisis, exacerbated by persistent social unrest and rising inflation. France is seeking to diversify its economic and commercial partners in Africa, particularly in view of recent events in certain Sahel states. The two countries have a long-standing economic partnership, making France Nigeria's leading trading partner in Europe. French companies have long had a presence in the country, particularly in the energy sector (Total Energie).
At the end of the state visit, a number of announcements and investment pledges were made, notably by the French President who, through the French Development Agency (AFD), intends to invest over 330 million euros from 2025 onwards in food security, urban mobility, higher education, agriculture, vocational training and climate change projects. An agreement was also signed between the Finance Ministers of the two countries, focusing on bilateral investments in priority sectors such as energy infrastructure and public transport.
The Nigerian market today attracts international partners not only because of its geographical position, but also because of its galloping demography, estimated at 227 million inhabitants, with projections of up to 410 million by 2050 according to the United Nations (UN). As one of Africa's most populous countries, Nigeria ranks fourth in GDP according to the International Monetary Fund (IMF). What's more, on November 17, 2024, Tinubu extended a two-day invitation to Indian Prime Minister Narendra Modi to breathe new life into their bilateral partnerships.
Given the immense opportunities in several sectors, coveted by many countries, France considers that Nigeria could be a pivotal state in its vision of diversifying partners in Africa. At present, Tinubu's political vision is one of openness to attract foreign investors. And as mentioned in the joint speeches: “We must do more, promote more, invest more”. These words also underline the importance of intensifying efforts in key areas such as security and education, which are closely linked to socio-economic issues.
At the same time, Nigeria is facing intensifying security challenges, with the rise of terrorist attacks carried out by armed groups, especially in the Gulf of Guinea, the northeast and the Lake Chad region. In fact, on November 9, 2024, the Nigerian army reported a security threat in the northwest of the country, where the armed group Lakurawa carried out incursions into the states of Sokoto and Kebbi, bordering Niger. Despite the scale of these challenges, Nigeria also faces major internal problems, such as poverty and education, as it alone accounts for 15% of the world's out-of-school children. This latter phenomenon is attributed to a number of factors, including the lack of funding for schools by the federal states.
The country is facing a number of problems, provoking anger among the population, who express it through demonstrations. People have been arrested in protest against rising prices and bad governance. On November 04, 2024, a controversy broke out concerning children accused of treason, exacerbated by the broadcast of a video of their appearance, raising concerns about their treatment. Voices were raised at national and international level, notably on social networks, calling for their release. In the face of this pressure, the children were released. However, the mobilizers are calling for the creation of an independent commission of inquiry to examine the treatment of the minors, and for the release of all detainees accused of treason.
Source : Météo Sahel Novembre 2024
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Jeudi 28 novembre 2024, le président de la République fédérale du Nigeria, Bola Tinubu, a effectué une visite d’État de deux jours à Paris sur invitation de son homologue français Emmanuel Macron, dans le cadre du renforcement des relations politiques et économiques. Une première depuis 24 ans entre les deux pays dans un contexte où le Nigeria est confronté à une crise socio-économique interne, exacerbée par des contestations sociales persistantes et une inflation qui ne cesse d'accroître. La France cherche à diversifier ses partenaires économiques et commerciaux en Afrique, notamment en raison des récents événements survenus dans certains États du Sahel. Dans ce sillage, le partenariat économique entre les deux pays est ancien, ce qui fait de la France le premier partenaire commercial du Nigeria en Europe. D'ailleurs, des entreprises françaises sont implantées dans ce pays depuis longtemps, notamment dans le secteur énergétique (Total Énergie).
Au terme de cette visite d’État, des annonces et des promesses d’investissement ont été faites, notamment de la part du président français qui, à travers l’Agence française de développement (AFD), veut investir plus de 330 millions d’euros dès 2025 en faveur des projets de sécurité alimentaire, de mobilité urbaine, d’enseignement supérieur, d’agriculture, de formation professionnelle et de changement climatique. Un accord a également été signé entre les ministres des Finances des deux pays, mettant l’accent sur les investissements bilatéraux dans des secteurs prioritaires tels que les infrastructures énergétiques et le transport public.
Le marché nigérian attire aujourd’hui les partenaires internationaux grâce à sa position géographique, mais aussi à sa démographie galopante estimée à 227 millions d’habitants, avec des projections qui peuvent aller jusqu’à 410 millions d’habitants d’ici 2050 selon l’Organisation des Nations unies (ONU). Étant parmi les pays les plus peuplés d’Afrique, le Nigéria occupe sur le plan économique la quatrième place en matière de PIB selon le Fonds monétaire international (FMI). De surcroît, le 17 novembre 2024, Tinubu avait invité pour deux jours le premier ministre indien Narendra Modidans le but de donner un nouveau souffle à leurs partenariats bilatéraux.
Au vu d'immenses opportunités dans plusieurs secteurs, convoitées par de nombreux pays, la France considère que le Nigeria pourrait être un État pivot dans sa vision de diversification des partenaires en Afrique. Actuellement, la vision politique de Tinubu s’inscrit dans une logique d’ouverture pour attirer les investisseurs étrangers. Et comme évoqué lors des prises de paroles conjointes : « Nous devons faire plus, promouvoir plus, investir plus ». Ces propos soulignent également l’importance d’intensifier les efforts dans des domaines clés tels que la sécurité et l’éducation, étroitement liés aux enjeux socio-économiques.
Dans le même temps, le Nigeria est confronté à une intensification des défis sécuritaires, avec la montée des attaques terroristes menées par des groupes armés, surtout dans le golfe de Guinée, le nord-est et la région du lac Tchad. D’ailleurs le 9 novembre 2024, l’armée nigériane a signalé une menace sécuritaire dans le nord-ouest du pays, où le groupe armé Lakurawa a mené des incursions dans les États de Sokoto et Kebbi, frontaliers avec le Niger. Malgré l’ampleur de ces défis, le Nigeria doit également faire face à des problèmes internes majeurs, comme la pauvreté et l’éducation, car il concentre à lui seul 15% des enfants déscolarisés dans le monde. Ce dernier phénomène est attribué à divers facteurs, dont le manque de financement des établissements scolaires par les États fédéraux, défaut de moyens financiers.
Le pays fait face à de nombreux problèmes, provoquant la colère des populations, lesquelles l'expriment au travers de manifestations. Ainsi, des personnes ont été arrêtées en raison des contestations contre la hausse des prix et mal gouvernance, “And bad governance”. Le 04 novembre 2024, une controverse a éclaté concernant des enfants accusés de trahison, exacerbée par la diffusion d'une vidéo de leur comparution, suscitant des préoccupations quant à leur traitement. Des voix au niveau national et international se sont élevées, notamment sur les réseaux sociaux, pour réclamer leur libération. Face à cette pression, les enfants ont été relâchés. Toutefois, les mobilisateurs appellent à la création d'une commission d'enquête indépendante pour examiner le traitement des mineurs et demandent la libération de tous les détenus accusés de trahison.
Source : Sahel weather Novembre 2024
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At the beginning of November, the case of the two kidnapped lawyers resurfaced. In the last issue of Météo Sahel, it was reported that they had been kidnapped on October 10 on the RN1 towards Bobo. They are finally free to move after spending almost a month in the hands of terrorists. This case of kidnapping greatly worried the population, who were already terrified by the endemic insecurity in many parts of the country. With the multitude of terrorist attacks, the leaders of the transition seem to be tightening up the legal provisions. Indeed, the death penalty, which had been abolished by the civilian authorities under Kaboré in 2018, is resurfacing and is likely to be reinstated in Burkinabe legislation. According to the Minister of Justice, Rodrigue Bayala, discussions are underway and the issue should be included in the draft reform of the penal code. For the moment, the contours of this project have not yet been defined by the authorities. Many human rights organizations that have fought for the definitive abolition of the death penalty see this decision as a step backwards.
Aware of the porous nature of borders and the cross-border nature of terrorism, Ouagadougou and Cotonou have joined forces to tackle the persistent threat. Indeed, the two countries have pledged to strengthen their collaboration to counter the terrorist threat in their border regions. Speaking to the press, Burkina Faso's Minister of Defense noted that “this collaboration is a direct response to the concerns of citizens”. They will deploy joint security measures and share intelligence to better combat the phenomenon. For months now, terrorist attacks have continued to disturb the peace and quiet of the population.
The authorities are still determined to do battle with these “thugs” and reclaim lost territory. Addressing the nation on November 4 at the solemn raising of the colors, Captain Ibrahima Traoré reminded everyone that “the period of awareness-raising is over, and the time has come to act rigorously”, while solemnly calling on citizens to adopt a culture of denunciation. In the Sahel region of Burkina Faso and in villages in the east of the country, several terrorists have been killed by army air strikes.
Meanwhile, the national army undertook a major operation between November 14 and 20, which resulted in heavy losses among the ranks of the terrorist groups. Meanwhile, on November 6, several terrorists were neutralized in Priwé and Daboura in the Banwa province. Weapons and combat equipment were also seized on the same occasion, according to the Burkinabe press agency.
Burkina Faso is still under security pressure, despite the actions of the new authorities, who have made the fight against terrorism their priority. During the month of November, villages in the Solenzo area suffered terrorist attacks of rare violence, resulting in several deaths. In response to the lack of security in the area, the local population expressed their anger on November 25, demanding a return to calm from the authorities. They felt that the FDS were not very present at their side to ensure their safety. Another demonstration had taken place a few days earlier, on November 19, in the north-east of the country to demand “reinforced” security and “supplies” for two communes under jihadist blockade. These were Sebba and Solhan, which have been living in the presence of terror-spreading terrorist groups for over a year.
On another front, 15 officers have been disbarred for attempting to destabilize the country, including former president Damiba, who was overthrown by the current regime. The latter is currently in Togo, along with his alleged “accomplices”, accused of “connivance with a foreign power” or “terrorist groups aiming to destabilize Burkina Faso” and of “seriously undermining the dignity of military personnel”. These accusations could speed up the process of his extradition to the country and his trial for these serious offences against state security.
In addition, the government has deemed it necessary to freeze the assets and economic resources of over a hundred individuals and legal entities, and to impose a renewable 6-month ban on leaving the country. These measures concern former president Damiba and several personalities and private-sector players “close” to the former regime. In this case, which has shaken the web, the FDS are said to have refused a large sum of money disbursed to destabilize the government. During the month, a man tried to bribe members of the armed forces with a briefcase containing 5 billion CFA francs, and was finally arrested and interrogated. The money was paid into the public treasury.
In terms of security cooperation, Burkina Faso is resolutely turning towards Russia, thus turning its back on its traditional partners in military cooperation. According to the head of Burkina Faso's diplomacy, Russia is the best choice for the Burkinabe people, given the prospects in the context of growing insecurity.
Source : Météo Sahel Novembre 2024
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Au début du mois de novembre, l’affaire des deux avocats enlevés refait surface. Dans le dernier numéro de la Météo Sahel, il a été fait état de leur enlèvement le 10 octobre sur la RN1 vers Bobo. Ils sont finalement libres de leurs mouvements après avoir passé près d’un mois entre les mains des terroristes. Ce cas d’enlèvement a grandement inquiété les populations qui étaient déjà terrifiées par l’insécurité endémique dans beaucoup de localités du pays. Avec la multitude d’attaques terroristes, les dirigeants de la transition semblent durcir les dispositions juridiques. En effet, la peine de mort qui avait été abolie par les autorités civiles sous Kaboré en 2018 refait surface et est susceptible d’être réintégrée dans la législation burkinabé. D’après le ministre de la Justice, Rodrigue Bayala, les discussions sont en cours et la question devrait être incluse dans le projet de réforme du code pénal. Pour le moment, les contours de ce projet ne sont pas encore dessinés par les autorités. Beaucoup d’organisations de droits humains ayant lutté pour l’abolition définitive de la peine de mort, considèrent cette décision comme un recul.
Dans ce contexte, conscients de la porosité des frontières et du caractère transfrontalier du terrorisme, Ouagadougou et Cotonou se sont alliés pour faire face à la menace persistante. En effet, les deux pays ont pris l’engagement de renforcer leur collaboration pour contrer la menace terroriste dans leurs régions frontalières. Face à la presse, le ministre de la Défense burkinabè, a indiqué que “cette collaboration est une réponse directe aux préoccupations des citoyens”. Ils vont ainsi déployer des dispositifs conjoints de sécurisation et se partager les renseignements afin de mieux lutter contre le phénomène. Il est à noter que depuis des mois, les attaques terroristes continuent toujours de troubler la tranquillité des populations.
Les autorités sont toujours déterminées à en découdre avec ces « malfrats » et à reconquérir les territoires perdus. Ainsi, s’adressant à la nation le 4 novembre à l’occasion de la solennelle levée des couleurs, le capitaine Ibrahima Traoré a tenu à rappeler que “la période de sensibilisation est révolue et qu’il est temps d’agir avec rigueur”, tout en appelant solennellement les citoyens à la culture de la dénonciation. Dans les régions du Sahel burkinabé et dans les villages de l’est du pays, plusieurs terroristes ont été tués par des frappes aériennes de l’armée.
Pendant ce temps, l’armée nationale a entrepris une grande opération dans la période du 14 au 20 novembre qui a causé de lourdes pertes dans les rangs des groupes terroristes.. Parallèlement, le 6 novembre passé plusieurs terroristes ont été neutralisés à Priwé et Daboura dans la province du Banwa. Des armes et du matériel de combat ont également été saisis par la même occasion d’après l’agence burkinabè de presse.
Ainsi, le Burkina Faso est toujours sous pression sécuritaire malgré les actions des nouvelles autorités qui ont fait de la lutte contre le terrorisme leur priorité. Durant le mois de novembre, des villages de la zone de Solenzo ont subi des attaques terroristes d’une rare violence, conduisant à plusieurs morts. En réaction au manque de sécurité dans la zone, les populations ont exprimé leur colère le 25 novembre pour exiger de la part des autorités le retour au calme. Elles estiment que les FDS ne sont pas très présentes à leurs côtés pour assurer leur sécurité. Une autre manifestation a eu lieu quelques jours avant, le 19 novembre, dans le nord-est du pays pour demander un “renforcement” de la sécurité et un “ravitaillement” de deux communes qui se trouvent sous blocus djihadiste. Il s’agit de Sebba et Solhan, qui vivent depuis plus d’un an en présence des groupes terroristes qui sèment la terreur.
Sous un autre registre, 15 officiers ont été radiés pour tentative de déstabilisation du pays, parmi lesquels, l’ancien président Damiba qui a été renversé par l’actuel régime. Ce dernier se trouve actuellement au Togo, avec ses présumés “complices”, accusé d’être “de connivence avec une puissance étrangère” ou “des groupes terroristes visant à déstabiliser le Burkina Faso” et “d'atteinte grave à la dignité du militaire”. Ces accusations pourraient accélérer le processus de son extradition au pays et son jugement pour ces faits graves d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Par ailleurs, le gouvernement a jugé nécessaire de geler les biens et les ressources économiques de plus d'une centaine de personnes physiques et morales et une interdiction de sortie du territoire sur une période de 6 mois renouvelables. Ces mesures concernent l’ancien président Damiba et plusieurs personnalités et acteurs du privé “proches” de l’ancien régime. Dans ce dossier qui a secoué la toile, les FDS auraient refusé une importante somme décaissée pour déstabiliser le pouvoir. En effet, au courant de ce mois, un homme a voulu corrompre des membres des forces armées avec une mallette de 5 milliards de FCFA et a finalement été arrêté et soumis à l’interrogatoire. L’argent a été versé au trésor public.
Sur le plan de la coopération sécuritaire, le Burkina Faso est dans une logique de se tourner résolument vers la Russie, tournant ainsi le dos à ses partenaires traditionnels en matière de coopération militaire. D’après le chef de la diplomatie burkinabè, la Russie convient le mieux au peuple burkinabè au regard des perspectives dans le contexte d’insécurité grandissante.
Source : Sahel weather Novembre 2024
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On November 6, President Adama Barrow decided to drop his civil suit against The Voice newspaper, whose two journalists had accused him of having chosen businessman Mohamed Jah as his successor. This resolution of the situation despite the lawsuit was reached following a meeting between the President and a joint delegation from the media fraternity. President Barrow did not fail to stress that his primary intention was only to remind journalists of their sense of responsibility and respect for professional ethics. The media delegation welcomed the President's gesture, which helped consolidate press freedom. As for the management of the daily The Voice, they appreciated the President's wisdom and regretted that his publication had caused harm.
On the other hand, on November 30, the Gambia Action Party (PAG) described President Barrow's remarks about the elders of the Lower River region as divisive, as he, as Head of State, must not take one tribe as a reference to the detriment of another, in order to avoid undermining national unity and harmony at a time when ethnic diversity is valued as a guarantee of lasting peace. In the batch of reactions to President Barrow's remarks, his main supporter, the National People's Party (NPP), welcomed the Head of Government's statement as “a call for collective progress”.
The United Democratic Party (UPD) tour scheduled for November 28 was officially postponed, according to its press release. The party regretted that the necessary authorization for this tour had not been issued, on the grounds that it was impossible for the police to manage this event at the same time as “Meet the People”, a tour by President Barrow, according to the Inspector General of this security corps. Meanwhile, members of the National Assembly raised concerns about the 70% increase in the budget for the “Meet the People” tour during the debate on the Public Finance and Accounts Committee's (FPAC) report on revenue and expenditure estimates for 2025. As a result, the Hon. Yahya Sanyang, MP for Latrikunda Sadiji, considered the increase ill-advised against a backdrop of budget cuts to ministries such as health and education. However, for NAM MP Sabach Sanjal, the increase is “worthwhile” because listening to and discussing with the people is a constitutional mandate.
Source : Météo Sahel Novembre 2024
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Le 6 novembre dernier, le Président Adama Barrow a décidé d’abandonner ses poursuites civiles contre le journal The Voice dont deux journalistes l’accusaient d’avoir choisi l’homme d’affaires Mohamed Jah, pour sa succession. Ce dénouement de la situation malgré le procès intenté a été obtenu à la suite d’une réunion entre le Président et une délégation conjointe de la fraternité des médias. Le Président Barrow n’a pas manqué de souligner que son intention première était seulement de rappeler aux journalistes le sens de la responsabilité et le respect de l’éthique professionnelle. Ainsi, la délégation des médias s’est magnifiée de ce geste du Président qui participe à consolider la liberté de la presse. Quant à la direction du quotidien The Voice, elle a apprécié la sagesse du Président et a regretté que sa publication ait causé du tort.
D’autre part, ce 30 novembre, le Parti d’action de la Gambie (PAG) a qualifié les propos du Président Barrow sur les anciens de la région de Lower River, de sources de division car le Chef d’Etat qu’il est ne doit point prendre pour référence un tribu au détriment d’une autre afin d’éviter de fragiliser l’unité et l’harmonie nationales à l’heure de la valorisation de la diversité ethnique comme garantie d’une paix durable. Dans le lot de réactions sur les propos du Président Barrow, son principal soutien, le Parti national du peuple (NPP), a positivement accueilli la déclaration du Chef de Gouvernement dans laquelle il voit « un appel au progrès collectif ».
Par ailleurs, la tournée du Parti démocratique uni (UPD) qui était prévue le 28 novembre, fut officiellement reportée, a-t-on pu lire dans son communiqué. Le parti a regretté la non délivrance de l’autorisation nécessaire pour cette tournée sous le motif de l’impossibilité pour la police de gérer cet évènement en même temps que le « Meet the People », une tournée du Président Barrow, selon l’Inspecteur général de ce corps de sécurité. Par ailleurs, des membres de l’Assemblée nationale ont relevé leurs préoccupations quant à l’augmentation de 70% du budget de la tournée « Meet the poople » lors du débat sur le rapport du Comité des finances et des comptes publics (FPAC) sur les estimations des recettes et des dépenses pour 2025. De ce fait, l’honorable Yahya Sanyang, député de Latrikunda Sadiji, a jugé malvenue cette augmentation dans un contexte de réduction du budget consacré aux ministères comme ceux de la santé et de l’éducation. Toutefois, pour un député de NAM de Sabach Sanjal, cette augmentation « en vaut la peine » parce qu’écouter le peuple et discuter avec lui, constituent un mandat constitutionnel.