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Tchad : L’opposant et ex-premier ministre Succès Masra en détention provisoire Spécial

©Issouf Sanogo / AFP ©Issouf Sanogo / AFP

Source : Météo Sahel Mai 2025

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Depuis les élections législatives de décembre 2024 que son parti « Les Transformateurs » avait boycottées, l’avenir politique de l’ancien premier ministre, Succès Masra, était sujet à débats. Fin janvier dernier, il faisait, à la surprise générale, un appel du pied au pouvoir, se disant « prêt à travailler » avec le président Mahamat Idriss Déby. Cette perche tendue ne sera pas prise. Mieux, en milieu du mois de mai, le vendredi 16, Succès Masra a été interpellé à son domicile. Dans un point de presse tenu le même jour, le procureur de la République Oumar Kedelaye a indiqué que l’opposant était accusé d’ « incitation à la haine ». Et partant, il est poursuivi pour « complicité d’assassinat », « incendies volontaires » et « profanation de sépultures ». Selon le parquet, ces chefs d’accusation auraient un lien avec des affrontements intercommunautaires survenus le mercredi 14 mai dans le village de Mandakao, dans la province du Logone occidental, à la frontière camerounaise, qui ont fait 41 morts (en majorité des femmes et des enfants) et plusieurs blessés. D’après une source judiciaire, des campements nomades près de 80 cases ont été incendiés.

C’est ainsi que selon le procureur, « les enquêtes menées par la police judiciaire ont révélé l’implication de M. Assyongar Masra Succès ». Ajoutant que « des messages ont été diffusés, notamment sur les réseaux sociaux, appelant la population à s'armer contre d'autres citoyens ». Du côté du parti de Succès Masra, l’on dénonce « une arrestation brutale menée en dehors de toute procédure judiciaire connue ». Pour Djesada Ndolembaye, l’un des vice-présidents du parti de Succès Masra, ce dernier « était bien surpris des chefs d’accusation portés contre lui (…) En aucun cas, il aurait appelé à la haine ou des confrontations communautaires ». L’audio en question attribué à Succès Masra a été diffusé en langue ngambay, langue maternelle de l’opposant. Selon ses avocats, l’audio évoqué date de mai 2023 et est disponible sur la Chaîne Youtube de S. Masra. Ils contestent donc la thèse selon laquelle cet audio puisse être lié aux incidents meurtriers de Mandakao. Alors que l’opposant devait être entendu le 19 mai, la séance a finalement été reportée et ses avocats ont été éconduits. Succès Masra a finalement été entendu par la police judiciaire le lendemain. Le 21 mai, il est formellement inculpé et placé sous détention provisoire. Ses avocats réclament un non-lieu pur et simple. Dans cette affaire, l’agence judiciaire de l’Etat s’est constituée partie civile contre Succès Masra.

Une force conjointe entre le Tchad et la Centrafrique

Parallèlement, N’Djamena et Bangui ont annoncé la mise en place d’une force conjointe pour lutter contre l’insécurité à leur frontière commune de 1200 km. Le protocole d’accord qui a abouti à la matérialisation de cette force a été signé en octobre 2024. « Le chef opérationnel est déjà nommé », assure Issakha M. Djamous, ministre tchadien des armées. « Les Centrafricains et les Tchadiens ont assez souffert. Il est temps que ces deux peuples vivent dans la paix et la sécurité », a pour sa part, affirmé le ministre centrafricain de la Défense, Claude Rameaux Bireau. Pour l’instant, le nombre de soldats que comptera cette force n’est pas encore connu.

D’un autre côté, à l’issue de son procès, l’ancien directeur du cabinet du président Mahamat I. Déby Itno, Youssouf Boy, a été condamné le 9 mai à cinq ans de prison ferme pour « corruption active ». Une condamnation qui fait suite à une plainte de janvier dernier de la part de l’homme d’affaires tchadien About Hachim Bouder, qui accusait Youssouf Boy de n’avoir pas remboursé la somme de 11,8 milliards de F CFA destiné à la construction d’infrastructures dans l’est du pays, en se prévalant d’un mandat du président de la République. Le plaignant About Hachim Bouder a, lui aussi, été condamné à cinq ans de prison ferme pour « corruption passive ». Par ailleurs, en fin de mois, une vidéo TikTok d’un officier de l’armée a fait polémique. Dans celle-ci, l’intéressé a tenu des propos offensants contre la communauté Sara. Malgré la viralité de la vidéo, aucune réaction officielle n’avait été enregistrée, jusqu’à la date du 29 mai.