Source : Météo Sahel Juin 2025
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Au nord du pays, la progression de la menace terroriste est manifeste. Depuis le début de l’année, l’incursion djihadiste fait montre d’une régularité inédite, notamment caractérisée par une tactique de harcèlement continue des forces de l’armée béninoise. Pendant la première moitié du mois de juin, deux nouvelles attaques notables ont été enregistrées. D’une part, le 4 juin, un assaut a été lancé sur un commissariat du village de Tanougou (commune de Tanguiéta) au cours duquel trois militaires et deux policiers ont été tués, selon une source militaire. D’autre part, dans la nuit du 11 juin, la base militaire de l’arrondissement de Basso (commune de Kalalé) a été la cible d’une attaque rapidement revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans).
Face à ces déconvenues, le Bénin a de suite procédé à une riposte vigoureuse. Dans la nuit du 18 au 19 juin, les forces armées béninoises (FAB) ont mené une vaste opération impliquant troupes et hélicoptères dans le parc W. Le 24 juin, une nouvelle opération d'envergure menée dans le département de l'Alibori a abouti, selon les FAB, au démantèlement d'une base terroriste. Six terroristes ont été neutralisés et un important arsenal militaire a été saisi après cette opération spéciale. Puis le 28 juin 2025, une nouvelle contre-offensive a été menée avec un bilan de plusieurs terroristes éliminés, et d'importantes quantités d'armes et de motos saisies, d’après l’armée béninoise. Cette contre-offensive musclée éclaire dans cette conjoncture les immenses défis du pays en proie à une pression sécuritaire qui ne semble pas pour l’instant, réussir à inverser la courbe de la progression de la menace. Par ailleurs, en début de mois, le chef d’état-major général a annoncé la nomination du colonel André Dokoui Fofo, comme nouveau chef de l’opération Mirador.
Frictions au sein de la mouvance présidentielle ?
Lors d’un déplacement dans la ville de Parakou le 21 juin, le ministre de l’énergie, de l’eau et des mines, Paulin Akponna, a fait une déclaration pour le moins polémique. Pointant une mauvaise gestion des deniers publics portant sur un détournement de plusieurs milliards de francs CFA destinés aux projets d’accès à l’eau et à l’électricité dans le Borgou selon ses dires, le ministre a évoqué « siphonnage du budget national » par des « délinquants de la République » et des « politiciens véreux ». Par la suite, le 26 juin, le président Patrice Talon a procédé à son limogeage par décret. « Si les propos qu’il a tenus ne relèvent pas d’une logique de guerre de leadership politique, compte tenu de leur gravité, M. Akponna doit être délié de toute obligation de réserve ou de solidarité gouvernementale pour apporter toutes informations utiles à la justice », a justifié le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji. En effet, suite à une citation à comparaître qui lui a été signifiée le 27 juin, Paulin Akponna sera devant la justice le 16 juillet prochain suite à une plainte pour diffamation déposée par son prédécesseur, Samou Seidou Adambi.
En outre, son parti Le Bloc Républicain (parti proche de la mouvance) s’est désolidarisé de son camarade M. Akponna, exprimant « sa totale désapprobation à cette forme de communication » avec des « propos qui ne reflètent aucun esprit républicain ». De son côté, le désormais ex-ministre a par la suite, dans un communiqué de presse, reconnu « la gravité de ces propos », plaidant une « faute politique gravissime ». Alors que les échéances électorales de 2026 approchent, pour lesquelles les tractations vont bon train du côté de l’opposition, cet épisode vient-il jeter un grain de sable dans les rouages de la mouvance ? Pour l’heure, une chose est sure : le président Talon ne briguera pas un nouveau mandat, comme il l’a réitéré 13 juin lors d’un séminaire de haut niveau sur la gouvernance locale.