Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL.
+221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15
contact@timbuktu-institute.org
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Pour Bakary Sambe qui avait annoncé dans un numéro de la Lettre de l’Observatoire des radicalismes (Mai 2016), le changement de leadership qui se préparait à la tête de Bonko Haram, « lorsque Abubakar Shekau, en 2014, avait fait allégeance à l’Etat islamique, cette allégeance n’a jamais été officiellement acceptée par la nébuleuse Daech et son khalife Al-Baghdâdî ».
Pour Sambe, « il y avait un problème de casting et d’image qui se posait ; le profil de Shekau n’ayant jamais séduit Daech qui joue sur la modernité du discours et la finesse communicationnelle, ce qui ne collait pas du tout avec Abubakar Shekau ».
D’ailleurs, ajoute Bakary Sambe « Shekau qui n’avait pas donné signe de vie depuis l’été 2015 serait surpris –si la déclaration est authentifiée- par la désignation du nouveau chef, désigné par l’Etat islamique, Al-Barnâwî ».
L’Institut se dit prudent l’identité d’Abu Musab Al-Barnâwî qui est un simple nom de guerre comme cela se fait dans les milieux djihadistes.« On ne sait pas qui il est réellement, ce nom ne dit rien sur sa vraie identité »
Pour l’expert sénégalais « Il y a dans cette annonce la symbolique de la reprise du nom d’Abu Musab Al-Zarqawi, le terroriste jordanien mais aussi la référence à l’origine bornouane de Boko Haram ; al-Barnâwî signifiant tout simplement être du Borno, l’Etat du Nord nigéria qui a vu émerger la secte fondée par Mohammed Yusuf en 2002 ».
Le Directeur de Timbuktu Institute conclut que « l’on va vers une situation qui va entériner l’éclatement du mouvement, entre une cellule originelle de la Yusufiyya nigériane, affaiblie, acculée par l’offensive militaire et des factions évoluant dans l’économie criminelle ayant comme fief le pourtour et les îles du Lac Tchad »
Qui dirige Boko Haram ? La question reste ouverte après que l’hebdomadaire de propagande du groupe Etat islamique, dont les jihadistes nigérians se revendiquent, a présenté Abu Musab al-Barnawi comme le nouveau chef de sa branche ouest-africaine. Il y aurait donc eu du changement, mais la publication de cette interview a fait réagir Abubakar Shekau. Le chef historique de Boko Haram, dans un message audio, affirme qu’il est « toujours présent ».
Dans ce message audio, Abubakar Shekau affirme avoir été « trompé » par certains combattants et par l’organisation de l’Etat islamique, à qui il avait prêté allégeance l’année dernière. En ligne de mire, celui qui est présenté par un hebdomadaire officiel de l’EI comme le nouveau leader de Boko Haram : Abu Musab al-Barnawi. Dans cet entretien à la revue Al Naba, Abu Musab al-Barnawi est présenté comme le nouvel émir de Boko Haram. Il n’est jamais précisé qu’Abubakar Shekau est remplacé. Son nom n’est d’ailleurs jamais cité.
En revanche, dans son message sonore de ce jeudi, en réponse à cette interview, Abubakar Shekau cite bien Abu Musab al-Barnawi. Le chef déchu le qualifie de mécréant. S’adressant à Baghdadi, le chef du groupe Etat islamique, il conteste cette nomination et dit aussi son incompréhension face à cette décision. Dans sa déclaration, Shekau affirme qu’il n’acceptera plus aucun émissaire de l’EI, sauf « ceux vraiment engagés dans la cause d’Allah ».
Al-Bernawi pourrait être l’ancien porte-parole de Boko Haram, mais « ce nom ne dit rien sur son identité. C’est un nom de guerre qui veut dire originaire de Borno », indique Bakary Sambe, le directeur du Timbuktu Institute. « Ces messages entérinent une situation de fait : l’éclatement du mouvement », poursuit le chercheur. Deux branches de Boko Haram émergent donc : l’une fidèle au groupe Etat islamique avec une vision internationaliste, l’autre, fidèle à Abubakar Shekau, plus confuse.
Shekau « toujours présent »
Plusieurs fois donné pour mort, souvent présenté comme gravement malade ou blessé, les spéculations sur la disparation d’Abubakar Shekau sont courantes. En mars, son apparition sur une vidéo est remarquée : « Pour moi, la fin est venue », a-t-il déclaré. Mais celui qui a pris la direction de Boko Haram en 2009 n’entend pas céder sa place de leader. Dans son dernier message, Shekau indique « être toujours présent ».
Fait troublant : ce message ressemble étrangement à la vidéo diffusée le 24 mars et qui est la dernière communication connue de Shekau. Les propos sont quasiment identiques et il fait la même hésitation en prononçant son nom. S’agit-il d’un autre montage du même enregistrement ? Si c’était le cas, cela confirmerait que les divisons au sein de Boko Haram remontent à plusieurs mois.
Une stratégie de l’EI pour reprendre la main ?
« Depuis l’élection de Buhari à la tête du Nigeria, on a une réponse beaucoup plus cohérente, donc Boko Haram a quand même pris des coups », rappelle Vincent Foucher, chercheur à l’International Crisis Group.
Pour le chercheur, il pourrait bien s’agir d’une stratégie du groupe Etat islamique pour reprendre la main sur un mouvement qui bat de l’aile. « Il y a au fond l’idée que Shekau n’est pas bon commandant, ne choisit pas les bonnes cibles, ni les bons outils ou les bons hommes. Et donc l’Etat islamique s’investit un petit peu. Sans doute ont-ils décidé de pousser une fraction de gens avec lesquels ils ont des liens. »
Même si, selon Vincent Foucher, le Nigeria n’apparaît pas comme un front majeur pour le groupe terroriste en termes d’argent, d’armes ou d’hommes, « ça reste un étendard qui a une signification » estime-t-il, avec « une capacité d’infraction auprès d’une partie des gens au Nigeria qui souhaitent donner une dimension plus globale que la façon dont Shekau a jusqu’à présent mené la lutte. »
Les premières consultations tripartites Afrique-Chine-Etats-Unis se sont tenues à Lomé les 27 et 28 juillet 2016 à Lomé sur deux (2) thèmes principaux débattus au cours de deux journées d’échanges Il s’agit de « la sécurité maritime et l’économie bleue » et « la promotion de la paix au Sahel ».
Pour le Directeur du Timbuktu Institute- African Center for Peace Studies qui se félicite qu’une telle réunion se tienne en terre africaine, « Cette initiative est une étape importante dans la consolidation concertée de la paix sur le continent et notamment au Sahel »
Dr. Bakary Sambe estime que « c’était une grande première que ces deux puissances mettent leurs forces ensemble pour un enjeu aussi important, la sécurité du Sahel et du Golfe de Guinée »
Cette réunion a permis aux participants de réfléchir sur des sujets liés à la sécurité maritime et au terrorisme, qui sont des préoccupations de l’heure et des sujets internationaux auxquels il faut trouver des solutions durables afin de garantir le développement des Etats africains. Elle a vu la participation de diplomates américains, chinois de haut niveau mais aussi des Nations Unies, de l’Union africaine et de la commission du Bassin du Lac Tchad entre autres.
Timbuktu Institute y était associé au même titre que d’autres think tanks africains sensibles aux questions de paix et de sécurités.
De telles consultations « sont très importantes pour l’Afrique surtout dans la perspective du Sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique que le Togo accueille le 15 octobre prochain », conclut Dr. Bakary Sambe.
Timbuktu Institute –African Center for Peace Studies exprime sa grande satisfaction et félicite la Cours pénale internationale pour ce procès historique contre les destructeurs des mausolées de Tombouctou.
Cet acte historique posé par la CPI et hautement apprécié par toute la communauté internationale, permettra de punir systématiquement la destruction des biens culturels et des sites du patrimoine mondial par des illuminés dont les actes sont contraires à l’enseignement de paix de l’Islam.
Timbuktu Institute se réjouit d’une telle initiative d’autant plus que ces malheureux évènements au Nord du Mali cherchaient, aussi, à détruire le symbole même de la contribution de l’Afrique au patrimoine islamique et de l’Humanité.
A travers Tombouctou, c’est le symbole du brassage culturel, de la tolérance et du savoir universel qui était visé par les ennemis de la paix et du dialogue des civilisations.
Ce procès est d’un enjeu majeur pour la protection des sites du patrimoine universel et pour le respect de la diversité culturelle et religieuse auxquels s’attaquent constamment les extrémistes de tous bords.
Fait à Dakar, le 28 août 2016
Pour la première fois, un djihadiste est jugé par une organisation de la justice internationale. Le Timbuktu Institute se félicite de ce procès, 4 ans après la destruction de mausolées classés au Patrimoine mondial de l’Humanité par le groupe Ansar Dine au Mali, à Tombouctou.
Le vendredi 26 août s’est achevé à la Cour pénale Internationale (Cpi) le procès du Malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi, premier djihadiste jugé par une institution de ce type. En 2012, il aurait ordonné et participé au saccage à coups de pioche des neuf des quatorze mausolées classés au Patrimoine mondial de l’humanité et détruit des milliers de manuscrits. Il a plaidé coupable et se dit «plein de remords et de regrets» sur ses actions à Tombouctou. Le Think Tank Timbuktu institute – African Center for Peace Studies a tenu à féliciter la Cour pénale Internationale pour la tenue de ce procès. Cette organisation qualifie l’acte d’historique et estime qu’ «à travers Tombouctou, c’est le symbole du brassage culturel, de la tolérance et du savoir universel qui était visé par les ennemis de la paix et du dialogue des civilisations». Elle fustige ainsi les extrémistes religieux, «ennemis de la paix et du dialogue des civilisations». Cela pourrait enfin poser les bases d’une nouvelle justice concernant le patrimoine mondial de l’Humanité : «Ce procès est d’un enjeu majeur pour la protection des sites du patrimoine universel et pour le respect de la diversité culturelle et religieuse auxquels s’attaquent constamment les extrémistes de tous bords». Le verdict de la Cour devrait être rendu public le 27 septembre prochain.
Une étude sur les facteurs de radicalisation et la perception du terrorisme chez les jeunes des banlieues dakaroises vient d’être bouclée par l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique de Timbuktu Institute basé à Dakar.
L’enquête concernait les localités de Pikine, Guédiawaye, Parcelles Assainies, Diakhaye, Keur Massar etc et a mobilisé plus de 25 enquêteurs sur le terrain durant le mois de juillet 2016 avec un échantillon représentatif des jeunes âgés de 18 à 35 ans.
Cette étude qui sera publiée dans quelques semaines a aussi réservé une part importante sur la perception de la présence militaire étrangère par les jeunes et comment celle-ci pesait sur l’évaluation des risques pour le Sénégal et la sous-région. Une bonne partie de l’enquête s’est penchée sur l’analyse des conditions socioéconomiques des profils radicalisés, notamment ceux qui seraient susceptibles de s’engager dans des groupes djihadistes ainsi que leurs motivations. Elle a largement abordé l’influence des confréries, le poids des mouvements dits « réformistes », le rôle de l’école et la dualité des systèmes éducatifs.
Les premiers résultats font état d’une particulière capacité des jeunes à avoir leur propre analyse des conflits et crises qui secouent le monde actuel et cela a été perceptible dans l’intérêt qu’ils prêtent au traitement de l’information (Télévisions, Radio, sites web) de même qu’un taux assez inquiétant de ceux qui seraient tentés de rejoindre les rangs des terroristes.
Bien que certaines données rassurantes soient à noter au bout de cette enquête comme le taux élevé de ceux qui parmi les jeunes sont motivés pour décourager ceux qui seraient « prêts à partir au djihad », ils restent divisés sur l’efficacité des mesures de l’Etat sénégalais pour « lutter efficacement contre le terrorisme » avec un taux de confiance à l’Etat situé à 54%. Cependant, 49% des jeunes interviewés désignent l’Etat comme le plus apte à «lutter efficacement contre le terrorisme ».
Interrogés sur les pays qui selon eux étaient plus visés par les terroristes, les jeunes sont 95% à citer la France et à plus de 85% les Etats-Unis.
Les raisons qui ont été les plus évoquées et qui sont en cours de traitement par les chercheurs de Timbuktu Institute sont d’ordre religieux ou ayant trait à l’engagement de ces pays sur certains fronts dans le monde musulman. Beaucoup de jeunes accusent aussi ces pays d’exercer une domination sur le continent non sans évoquer des raisons politiques et économiques. Au regard de la diversité de telles réponses et de leur intérêt sur le plan sociologique, l’équipe de chercheurs est actuellement en train de les classifier pour une publication imminente dans un rapport à paraître fin septembre.