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Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Au Burkina Faso, le capitaine putschiste Ibrahim Traoré prend les rênes du pays avec des défis sécuritaires et économiques à relever, sur fond de reconquête du territoire national, de la lutte contre le terrorisme, de mal gouvernance et de corruption. Ses premiers jours au pouvoir sont marqués par la rupture de l’accord de coopération autorisant depuis 2018 les membres des forces spéciales françaises à opérer au Burkina Faso dans un contexte tendu entre ces deux pays, alors que la Russie tente d’avancer ses pions. Les autorités de la transition appellent à un sursaut patriotique et comptent sur ses différents alliés pour pallier ce manquement afin de combattre le djihadisme et faire face aux divers problèmes de développement du pays. Depuis la reprise du pouvoir par la junte, les propos incendiaires s’accentuent contre la CEDEAO. Suite aux sanctions imposées au Burkina Faso, les discours "anti-français" surgissent et des manifestations pour réclamer une coopération sécuritaire avec la Russie se multiplient.
Selon certaines analyses encore relativement peu documentées, le profond désaccord avec la France rendrait possible l’arrivée prochaine des mercenaires du groupe Wagner et le renforcement d’un axe Ouagadougou-Moscou. Mais chez les officiels, notamment au sein de la CEDEAO, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a publiquement confirmé que le Burkina Faso a conclu un accord avec le groupe paramilitaire Wagner, dirigé par l'homme d'affaires russe Evgueni Prigojine. La junte en place, rejette cette accusation arguant de son droit à la diversification des partenariats qui indisposent certaines puissances occidentales. La Russie, quant à elle, dément aussi les rumeurs sur la présence de Wagner au Burkina Faso. Néanmoins, le vice-ministre des affaires étrangères russe, Mikhaïl Bogdanov, a fait part de la volonté de Moscou de « participer activement aux efforts collectifs pour la stabilisation » du pays, en proie à des violences djihadistes. Le groupe Wagner est une organisation paramilitaire qui œuvre dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie. Présent un peu partout dans le monde, ce groupe étend ses tentacules en Afrique depuis quelques années, où il est sollicité pour faire face au terrorisme qui y sévit. Ce qui n’est pas du goût de certaines puissances occidentales, qui voient leurs intérêts menacés.
C'est dans ce sillage que le groupe paramilitaire a été désigné récemment comme une organisation terroriste internationale par les États-Unis d’Amérique et a subi des sanctions de l’Union européenne. Cette riposte des Occidentaux est aussi un moyen pour déjouer les enjeux géostratégiques de la Russie qui mène une opération de charme en Afrique pour imposer sa puissance militaire et économique. Lors de la dernière rencontre des envoyés spéciaux de l’Union Européenne au Sahel, il semblerait que le débat fut houleux dans les coulisses sur l’attitude de l’Europe vis-à-vis des autorités de la transition. Le syndrome malien et la hantise d’une perte d’influence de l’Europe face à ses « concurrents » ont semblé lourdement peser sur les débats au point où l’Union européenne ne semble plus fermer plus la porte d’un dialogue et d’une interaction continue avec le nouveau pouvoir. Et ce, malgré les réticences de Paris apparemment isolée dans cette position radicale du rejet des autorités issues d’un second putsch inaugurant une nouvelle ère d’instabilité au Burkina Faso, et peut-être au Sahel.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
L’accord de paix, qualifié d’historique, signé le 8 août 2022 entre le gouvernement de la transition dirigée par le président Mahamat Idriss Déby et des groupes politico-militaires, à l’issue du dialogue de Doha au Qatar, est une étape très importante pour la réconciliation au Tchad. L’accord prévoit entre autres un cessez-le-feu général, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des rebelles, une loi d’amnistie et la libération de prisonniers. Mais ce dialogue qui devrait être inclusif, ne l’est pas réellement, malgré la participation d’une partie de l’opposition, de la société civile, des professionnels, des chefs traditionnels et des religieux. On note l’absence de plusieurs acteurs politiques majeurs et certains groupes rebelles. Parmi une cinquantaine de groupes représentés au Qatar, il y en a qui n’ont pas signé l’accord. Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR) dit ne pas vouloir faire partie d’un dialogue dont il ignore les objectifs. Le FACT (Front pour l’alternance et la concorde Tchad), l’un des plus importants groupes rebelles et qui est à l’origine de l’attaque qui a conduit à la mort du maréchal Idriss Déby Itno, n’est pas associé.
Après son accession au pouvoir, Mahamat Deby Itno avait défini une période de 18 mois pour le retour à un régime civil. Mais ce n’est qu’à deux mois de ce délai que le dialogue national s’est tenu, fin août. C’est au sortir de cette rencontre que la décision d’une prolongation de 24 mois supplémentaire a été prise, créant encore plus d’incertitude sur l’organisation des élections libres et équitables d’un gouvernement civil et la crainte du maintien au pouvoir de Mahamat Deby Itno. Le 20 octobre 2022, la population est descendue dans la rue pour contester la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Deby Itno, mais il s’en est suivi la mort d’une cinquantaine de manifestants tirés à balles réelles par les forces de l’ordre.
L’opposition tchadienne dénonce fermement le silence de la communauté internationale qui s’est gardé de condamner les violences du régime militaire de transition, en raison du fait que cette communauté internationale considère le Tchad comme un partenaire clé dans la lutte anti-terroriste. Les organisations régionales africaines semblent plongées dans une certaine impasse face à ce qui se dessine pour l’avenir du Tchad. La situation de ce pays semble cristalliser beaucoup de critiques vis-à-vis des puissances occidentales, notamment, la France qui n’a pas pu afficher la même sévérité et la même distance que ce fut le cas lors des putschs au Mali, et en Guinée dans une moindre mesure.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Dans un communiqué du ministère de l’intérieur, par ailleurs, en charge des élections, les autorités annoncent la date de la prochaine élection présidentielle fixée au dimanche 25 février 2024. À un an des élections, qui seront les candidats ? C’est la grande question qu’on se pose au Sénégal. Cette question, liée à plusieurs facteurs, pourrait causer le sentiment que l’on s’acheminerait vers des périodes d’instabilité, du moins, de troubles dans le pays. Pour les acteurs de l’opposition et une grande frange de la société civile, évoquant la candidature éventuelle pour un troisième mandat du président Macky Sall, rappelant une disposition constitutionnelle qui dispose que « Nul ne peut exercer plus de deux mandants consécutifs ».
Le camp du Président semble interpréter cette disposition en sa faveur, en évoquant un deuxième quinquennat, selon la nouvelle mouture constitutionnelle, à la place du troisième mandat. « Ni oui, ni non » telle est la réponse de Macky Sall suite à la question sur le troisième mandat. Le Président a ainsi maintenu depuis quelques mois une forme de flou juridico-politique total sur sa candidature, alors que, paradoxalement, il faisait partie de la tête de cortège des manifestants qui s’opposaient au troisième mandat de son prédécesseur Abdoulaye Wade en 2012. L’intention prêtée au président sortant, en fin de second mandat, de briguer un troisième mandat semble être l’option privilégiée. En effet, les opposants Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall qui manquaient les dernières élections présidentielles après leurs condamnations, risquent encore de ne pas se présenter. Le gouvernement semble vouloir privilégier la voie de l’adoption d’une loi d’amnistie à leur profit, pour des raisons politiques. Mais ces derniers disent refuser une telle formule car ils souhaitent prouver leur innocence.
Après avoir affaibli ces derniers, d’après beaucoup d’analystes, Macky Sall devra faire face à Ousmane Sonko, positionné, aujourd’hui, comme le chef de file de l’opposition malgré la contestation de ce statut par Idrissa Seck ; désormais ex-patron, démissionnaire, de la présidence du Conseil Économique et Social. Sonko connait des ennuis judiciaires concernant à la fois une affaire de viol et une autre de diffamation qui pourraient le rendre inéligible, au cas où, dans cette dernière affaire, sa condamnation se corserait suite à l’appel de la partie civile. Beaucoup d’observateurs voient dans ces plaintes, une manœuvre purement politique visant à l’écarter de la course à la présidentielle.
De l’avis de certaines langues, notamment proches du pouvoir, la figure de proue de l’opposition devrait aussi se comporter en justiciable et répondre à l’institution judiciaire comme tout autre citoyen. Le Sénégal est un État stable entouré par certains pays minés par la violence, l’extrémisme, le terrorisme et les coups d’État. Mais son histoire est souvent marquée par des périodes de troubles et de tensions à l’approche des élections. L’inquiétude sur la sécurité du pays monte d’un cran eu égard par exemple les appels incessants à manifester de l’opposition contre une éventuelle troisième candidature du président, les violences verbales ravivées par les réseaux sociaux visant des personnalités comme les acteurs de la société civile, les religieux qui jouent un rôle important pour la stabilité et la paix du Sénégal. De son côté, le chef de l’État promet de mettre le maintien de la paix et de la sécurité du pays au centre de ses préoccupations. L’actualité politique des prochaines semaines sera, sans doute, marquée par l’ouverture d’un processus de dialogue politique auquel le président Sall a appelé le jour de la célébration de la fin du ramadan (Korité) tout en affirmant lui-même que ce dialogue ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Signe qu’après les prédictions alarmistes de ces derniers mois, l’espace politique sénégalais pourrait, contre toute attente évoluer vers une décrispation. La grande inconnue demeure la réaction de la rue, et surtout de la jeunesse si Ousmane Sonko venait à être condamné à une peine qui le rendrait inéligible pour ses deux procès rapprochés du 8 et du 16 mai. Il n'est même pas incongru d'affirmer qu'une bonne partie de l’avenir politique, d’ici la présidentielle de février 2024, se jouera dans cette intervalle lourde de risques et d’incertitudes.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le 3 mars dernier, cela faisait deux ans jour pour jour que Reckya Madougou, une des principales figures de l’opposition, a été arrêtée à Porto Novo, à la veille de l’élection présidentielle. À cette occasion, ses partisans ont manifesté devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour demander la libération immédiate de leur leader.
Pour rappel, l'ancienne garde des sceaux purge une peine de 20 ans après avoir été accusé de tentative de déstabilisation du pays en fournissant des fonds à des personnes qui complotaient pour assassiner des hommes politiques de premier plan. Côté diplomatique, le président Patrice Talon multiplie des rencontres avec des chefs d’État pour renforcer leurs coopérations dans différents domaines, particulièrement la défense et la sécurité, dans un contexte d’insécurité liée à la menace djihadiste qui guette les pays du golfe de Guinée. Ainsi, lors d’une visite de travail en France, le 7 mars, Patrice Talon a abordé avec Emmanuel Macron différents sujets dont la lutte contre le terrorisme dans un but de renforcement de capacités du Bénin en termes d’équipements et de formation. Six jours après s’être rendu en France, Patrice Talon a reçu son homologue du Niger, Mohamed Bazoum pour aborder, notamment, la coopération entre leurs deux armées, dans le but de parer la montée de l’extrémisme violent et de lutter contre le terrorisme.
Les récentes tentatives d’une implication sécuritaire du Rwanda dans le contexte de refonte des services et de la montée du péril terroriste au nord du pays, annoncent une tendance qui confirme les déclarations du président Talon résolument engagé dans la diversification de ses partenariats.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Le 17 mars dernier, l’armée nigérienne a engagé une opération de ratissage près du Mali avec des moyens aériens et terrestres, affirmant avoir tué 79 terroristes. Cet événement est une réplique à une embuscade meurtrière tendue un mois plus tôt par les djihadistes et qui a coûté la vie à 17 soldats nigériens. Ces scènes, qui deviennent récurrentes, mettent manifestement en péril la paix et la sécurité du Niger. Pour combattre les actions terroristes, le Niger coopère avec des partenaires régionaux et internationaux. Considéré comme l’un des plus importants partenaires de la France dans le Sahel, le Niger accueille l’armée française après la fin de leur mission dans un contexte de tensions avec les autorités de la transition du Mali, renforçant ainsi leur coopération. Même si ce redéploiement de la force Barkhane est approuvé en majorité par les députés nigériens, le sujet continue de diviser l’opinion nationale. Ce débat est relancé par le mouvement M62, qui exige le départ des troupes françaises au Niger en annonçant une marche de protestation dans quelques rues de Niamey, ponctuée par des slogans hostiles.
Les États-Unis sont aussi un partenaire de taille pour le Niger dont la présence est contestée même si à moindre échelle, Les Américains disposent à Agadez, dans le nord du pays, d’une base militaire équipée, entre autres, d’une flotte de drones où quelques 800 militaires sont déployés pour des rotations de six mois. Ils forment et équipent les forces spéciales nigériennes depuis des années. Les États-Unis participent également au programme de désarment et de démobilisation d’anciens combattants ayant appartenu à des groupes extrémistes. Le 16 mars dernier, Antony Blinken s’est rendu au Niger, étant le premier secrétaire d’État américain a effectué une visite officielle dans ce pays du Sahel. Mais la grande attention est portée par l’opinion publique sur le fait que le Niger apparaît de plus en plus comme le terrain de redéploiement français après le départ de Barkhane du Mali. Cependant, au sein des experts, la nouvelle forme de coopération militaire française « plus discrète » mettant en avant les forces nigériennes et agissantes en appoint semble apaiser certaines craintes sur des mobilisations populaires contre la présence de l’armée française au Mali.
En dehors des accords bilatéraux signés entre la Russie et le Mali, ce dernier qui s’en défend, ferait recours aussi au groupe Wagner, l’organisation paramilitaire. Ceux qui en accusent Bamako arguent aussi que ce groupe privé russe œuvre dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie. La présence des mercenaires du groupe Wagner est souvent pointée du doigt par de nombreux observateurs alors que la situation sécuritaire ne semble guère s’améliorer. Selon les données de l’organisation de cartographie des crises ACLED, les pertes civiles dues à la violence ont plus que doublé l’année dernière. Les forces du groupe Wagner se sont aussi régulièrement livrées à des attaques opportunistes contre les populations civiles, notamment des violences sexuelles et des vols, ainsi que le pillage de maisons, de magasins, de mines et de marchés. L’ONU, quant à elle, accuse les mercenaires russes de « terroriser » la population malienne. Le groupe Wagner rétorque en parlant de « fake news ». Mais tout porte à croire que Wagner est très loin de faire mieux que les autres forces qui sont intervenues face à la menace djihadiste qui sévit depuis une décennie.
Par ailleurs, les autorités de la transition ont annoncé le report du référendum constitutionnel prévu le 19 mars. Les raisons évoquées par le gouvernement de transition sont le manque de temps nécessaire pour favoriser la campagne de vulgarisation du projet de Constitution et pour l'installation des représentations de l'organe de gestion des élections dans toutes les régions du pays. Ce référendum est censé entériner le retour d’un président civil au pouvoir pour les élections prévues en février 2024. Il doit permettre à la population du Mali de se prononcer sur un projet de révision de la Constitution visant à davantage de décentralisation, dans le cadre des accords de paix au Mali. Selon plusieurs représentants de la société civile, le report de ce scrutin pourrait être lourd de conséquences pour le processus de retour à l’ordre constitutionnel laissant planer le doute d’une volonté des autorités de se maintenir au pouvoir.
Même si les dirigeants se targuent de respecter toujours les accords conclus avec la CEDEAO pour la tenue des élections en février 2024, avec ce report, ils manquent à la première échéance du calendrier de consultations et de réformes qu'ils ont eux-mêmes communiqué. Toutefois, le débat persiste au Mali sur l’ordre des priorités entre le retour à l’ordre constitutionnel, la nécessité de prendre le temps nécessaire pour aboutir à des réformes durables et la gestion des urgences sécuritaires.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Plusieurs éléments marquent l’actualité internationale au Togo en ce début d’année. C’est d’abord une instruction contre le milliardaire français Vincent Bolloré, menée par la justice française pour, dit la justice, acquisition frauduleuse de la gestion du port de Lomé. Cette offensive de la justice française traduit une reconfiguration des enjeux commerciaux dans cette partie du golfe de Guinée. Sur un plan différent, mais qui concerne aussi la présence de puissances occidentales dans la région, on note la visite, au Ghana voisin, de la vice-présidente américaine Kamala Harris – dans le cadre d’une tournée continentale plus vaste, incluant la Tanzanie et la Zambie.
À cette occasion, Harris a promis une enveloppe budgétaire de 100 millions de dollars pour le Ghana, le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Togo dans leur lutte contre le terrorisme. Cette aide financière est à mettre en lien avec la coopération militaire et notamment l’exercice militaire annuel américain ‘Flintlock’ qui s’est achevé à la mi-mars à Abidjan et qui a regroupé une quinzaine de pays dont le Togo.
Au niveau régional, la recrudescence d’attaques terroristes à la frontière nord du Togo côté burkinabé mais aussi côté ghanéen, fait craindre une extension du terrorisme islamiste venu du Sahel. Sur le plan national, alors que les élections législatives doivent se tenir avant la fin de l’année, et la présidentielle en 2025, plusieurs meetings ont commencé à avoir lieu. Cela notamment a pu être l’occasion pour Jean-Pierre Fabre et l’Alliance nationale pour le changement (ANC) d’évoquer la gestion des fonds Covid-19. Alors que près de 165 millions d’euros ont été octroyés par les partenaires extérieurs, des irrégularités ont été constatées.
Enfin, la situation de la liberté de la presse demeure un sujet de préoccupation, deux journalistes ayant été lourdement condamnés, notamment pour outrage à l’autorité. A l’instar de nombreux pays de la région, le Togo s’inscrit aussi dans le processus de diversification de ses partenariats avec les grandes puissances notamment par une certaine activité diplomatique symbolisée par le Ministre des affaires étrangères Robert Dussey qui multiplie les visites de travail dans les grandes capitales. Dans ce même esprit, le Togo a rejoint le Commonwealth et entretient d’étroites relations avec Israël mais également avec la Chine.
Source : Météo Sahel Timbuktu Institute
Depuis l’attentat de Grand-Bassam en 2016, l’attaque de Kafolo en juin 2020 puis en mars 2021, le gouvernement ivoirien a multiplié les stratégies de sécurisation pour faire face à la menace djihadiste qui s’étend désormais dans les pays du Golfe de Guinée. Début mars, l’armée ivoirienne a bénéficié d’une formation de deux semaines à travers des exercices militaires annuels « Flintlock », visant à renforcer les capacités opérationnelles des armées africaines dans la lutte antidjihadiste, Ce programme est organisé depuis 2005 par le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom). « Flintlock » se concentre notamment sur l’entraînement de troupes alliées, notamment au Sahel miné par les violences djihadistes depuis plus de dix ans.
Dans le cadre de la réconciliation nationale engagée par Alassane Ouattara, une cinquantaine de corps de victimes de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ont été restitués à leurs proches le 8 mars 2023. Ce geste d’apaisement est l’une des initiatives prises par le président ivoirien, tout comme l’amnistie de centaines personnes impliquées dans la crise, le dédommagement des victimes de la crise, la facilitation du retour de Laurent Gbagbo, après son acquittement par la Cour pénale internationale. Mais cette réconciliation tarde à se concrétiser. Le camp de l’ancien président Gbagbo parle de paradoxe en accusant le régime de Ouattara de poursuivre certains de ses membres en justice tout en appelant au dialogue national. Quant aux familles des victimes, elles réclament toujours la vérité et la justice pour faire la lumière sur les 3000 morts de la crise politico-militaire de 2010.
Source : Météo Sahel – avril 2023
Sur le plan des relations internationales, la situation en Mauritanie a été marquée par la visite du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans le cadre d’une tournée régionale au Sahel incluant aussi le Mali et le Soudan. Alors que la Mauritanie avait participé au vote condamnant l’invasion russe de l’Ukraine, il s’agissait pour Lavrov de procéder à une opération de reconquête, ce qu’il a fait en proposant notamment l’aide de la Russie contre les groupes terroristes dans la région.
Si ceux-ci prospèrent moins en Mauritanie que dans d’autres pays voisins, notons tout de même l’évasion spectaculaire de 4 djihadistes de la prison de Nouakchott début mars. Leur traque a tenu le pays en haleine pendant près d’une semaine et lors de leur capture trois des quatre djihadistes ont été tués. Trois membres des forces de l’ordre ont également perdu la vie, causant une vive émotion dans le pays.
La principale figure de ces terroristes est Saleck Ould Cheikh Mohamedou, condamné à mort en 2011 pour tentative d’assassinat contre le président Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2019). Celui-ci, par ailleurs, et c’est l’autre fait marquant de ce début d’année 2023, est poursuivi par la justice pour enrichissement illégal, des faits qu’il nie alors qu’il dénonce un complot pour l’écarter du jeu politique. Ouvert fin janvier, les avocats de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui comparaient avec 10 co-accusés, ont jusqu’alors argué que la Cour n’était pas compétente, et c’est maintenant la Cour constitutionnelle qui doit examiner cette requête. Enfin, après une dissolution du Parlement réclamée par la plupart des partis, le gouvernement a fixé de nouvelles élections législatives au 13 mai.
À cette occasion, où le parti du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Parti de l’équité (issu d’une fusion dont la base principale était l’Union pour la République, le parti fondé par Mohamed Ould Abdel Aziz), le nombre de députés devrait passer de 157 à 176. Le Parti de l’équité apparaît grand favori de ces élections.
Dans le cadre de sa veille politico-sécuritaire sur les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, Timbuktu Institute vous propose cette publication mensuelle intitulée « Météo du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ». Le présent numéro couvre huit pays de l’espace sahélien et ouest-africain sur la période du premier trimestre 2023 : Mauritanie, Côte d'Ivoire, Togo, Mali, Niger, Bénin, Sénégal, Tchad, Burkina Faso et Guinée-Bissau. Ce nouveau bulletin revient après quelques mois d’interruption technique.
Actuellement, la situation est généralement, préoccupante dans les pays du Sahel où la sécurité et la démocratie sont de plus en plus menacées; une des causes principales étant l’incertitude qui règne quant au retour à des régimes civils dans les pays dirigés par la junte militaire. On note aussi la dégradation du climat politique dans d’autres pays et plusieurs affaires impliquant des menaces sur la liberté de la presse. Cette lettre propose donc à la fois de suivre certaines tendances politiques et sociales de fond, comme de couvrir l’actualité la plus immédiate.
Téléchargez la "Météo du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest"
(Download Full Report at the bottom of the text)
The year 2022 was characterised by the accelerated deterioration of the socio-political and security context in Mali. In addition to tensions with France, ECOWAS, the G5 Sahel, Niger and, most recently, Ivory Coast, the Malian transition has faced much internal turbulence in recent months. Inflation and the rise in the price of basic necessities, the tug of war with the signatory movements of the Peace Agreement, and the tensions with MINUSMA are evidence of a strategy that does not help to normalise relations with the countries of the sub-region and with the international community. The recent ban on NGOs receiving French funding, the muzzling of politicians and a certain instrumentalisation of the justice system are, among other things, signs of a tense climate that is not conducive to a calmer socio-political climate.
The latest statements by the signatory movements of the Peace and Reconciliation Agreement from Imam Dicko denouncing certain excesses of Cherif Madani Haidara or the "pro-junta" activist Ben le Cerveau, as well as the artist Rasbath, which range from classic warnings to strong criticisms and even threats, are clear signals of a poisonous socio-political climate. Similarly, the eventful return of Imam Dicko from Saudi Arabia just after his appointment as a permanent member of the World Islamic League and the Ulema Committee does not augur well for relations with the current authorities.
This study will first analyse the rather tense socio-political context coinciding with numerous upheavals in the North in a context of mutation of the jihadist movements and recomposition of forces.
It will then look at the way in which the ongoing competition between terrorist movements is stirring up new struggles for influence, making it even more difficult for the transitional authorities to secure the territory and resolve the Wagner equation.
Finally, the complex recomposition of forces in the North of Mali and the future of the Algiers Agreement will be discussed, the effective implementation of which, paradoxically, does not seem to be in the interest of any of the parties involved.
[1] See the letter from the CMA to the mediation leader on 12/10/2022 and the CSP-PSD communiqué of 12/20/2022 https://www.mandeinfos.com/2022/12/23/mali-les-mouvements-independantistes-du-nord-suspendent-leur-participation-a-la-mise-en-oeuvre-de-laccord-de-paix/
Dakar – L’Initiative de SM le Roi Mohammed VI d’accorder des aides médicales pour accompagner des pays africains dans leurs efforts de lutte contre la pandémie du Covid-19, revêt une importance particulière et constitue un geste symbolique dans un contexte particulier et inédit, a souligné le directeur du think tank africain “Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies”, Bakary Sambe.
“Le geste de SM le Roi du Maroc garde toute sa symbolique dans un contexte particulier et inédit où l’Afrique est frappée par une crise qui n’épargne pas ses partenaires internationaux”, a confié à la MAP, M. Sambe, également professeur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, au Sénégal.
“Cette situation, dont l’enjeu a été bien intégrée dans le cadre de l’initiative portée par SM le Roi Mohammed VI, a permis de tester aussi bien les capacités que la réactivité du Maroc qui a pu se déployer non seulement sur sa situation interne mais aussi en aide à ses partenaires africains”, a-t-il dit.
Le geste du Maroc en direction des pays africains frères s’inscrit dans la continuité de l’initiative prise par SM le Roi Mohammed VI au mois d’avril, dès le début de la pandémie, “en mettant en avant l’impérieuse nécessité d’une coopération Sud-Sud”, a poursuivi M. Sambe, notant qu'”une telle dynamique est inscrite dans l’histoire commune et le destin africain partagé, bien avant les indépendances, dans le cadre du Groupe de Casablanca, ayant débouché sur le projet d’Union africaine”.
“Entérinant un leadership continental porté par une option africaine assumée dans la diplomatie marocaine, cette initiative montre, en outre, que des pôles d’émergence peuvent s’affirmer à partir du continent dans des situations de crise en tant que levier d’une résilience face à cette pandémie du Covid-19”, a-t-il ajouté.
Revenant sur la dimension de cette initiative royale et sur les moyens mobilisés pour sa mise en œuvre, le directeur du “Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies” a relevé que le déploiement de cette importante opération de solidarité couvrant 15 pays de manière presque instantanée, est “le signe d’un réel dynamisme africain basé sur la créativité et l’innovation endogènes. L’ensemble du matériel dont le Royaume a doté ses pairs africains étant conçu et fabriqué au Maroc même”.
Et M. Sambe de noter que cet élan de solidarité inter-africaine “débordant largement les partenaires traditionnels du Maroc” pour toucher d’autres pays sur le continent, “montre que l’option africaine de la diplomatie marocaine ne relève pas d’une approche purement théorique mais s’inscrit dans un certain pragmatisme orienté vers l’action”.
Une initiative qui intervient à un moment où les incertitudes qui planent sur les nouveaux rapports internationaux devraient inspirer une réelle redynamisation de la coopération Sud-Sud, a-t-il conclu.
SM le Roi Mohammed VI avait donné Ses Très Hautes Instructions pour l’acheminement d’aides médicales à plusieurs pays africains frères afin de les accompagner dans leurs efforts de lutte contre la pandémie du COVID-19.
Ces aides bénéficient à 15 pays africains, appartenant à toutes les sous-régions du continent, à savoir : le Burkina Faso, le Cameroun, les Comores, le Congo, Eswatini, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Malawi, la Mauritanie, le Niger, la République Démocratique du Congo, le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad et la Zambie.
Dr. Bakary Sambe.
The Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies was set up in Dakar (Senegal) in 2016 as a research center that promotes trans-disciplinary approaches to issues related to religious radicalism.
That includes issues such as dealing with diseases and health crises, such as the coronavirus.
The institute recently joined with the Konrad Adenauer Foundation for Interreligious Dialogue in Africa and published a study called: "Responses of Religious Leaders to the COVID-19 Pandemic in the Sahel".
It was released on June 5.
And to find out more about it, La Croix Africa's Lucie Sarr spoke with the Timbuktu Institute's executive director, Dr. Bakary Sambe, who is also a professor-researcher at the Gaston Berger University of Saint-Louis in Senegal.
La Croix: How have the different religious denominations dealt with the COVID-19 pandemic in the Sahel?
Bakary Sambe: With the COVID-19 pandemic, the different faiths have invested in prevention.
Religious communities became well-aware that prevention was the only phase that...
states could win, in view of their shortcomings in terms of health.
In Burkina Faso, for example, a form of religious and interreligious synergy has been noted, in particular with the Federation of Islamic Associations of Burkina Faso, but also with the Catholic Church, which played a very important role.
In Senegal, religious health officials and other religious structures, such as the Cadre Unitaire de l'islam in Sénégal, have joined forces.
The Catholic Church, for its part, took firm decisions very early on by imposing the closure of its places of worship.
Similarly, the general khalife (a spiritual guide) of the Tijānī Order (an important brotherhood in Senegal) took measures to protect health and hygiene by closing the mosques in the holy city of Tivaouane as well as the other mosques that depend on this brotherhood.
He also decided to support the residents of the Quranic schools by ensuring their food, aided in this by religious figures such as Serigne Sheikh Tidiane Sy Al Amine and the think-tank Propec'Tiv near the Tijaniyya.
In the same vein, the general khalife of the Mouride brotherhood - another Senegalese brotherhood - has contributed 200 million CFA francs (more than €300,000) to the COVID-19 Resilience Fund set up by Senegalese Head of State, Macky Sall.
In the Goundam Circle in the Timbuktu region in Mali, religions have taken up the issue of prevention.
It can therefore be affirmed that religion has played a very important role in terms of prevention and awareness-raising, showing once again its inescapable role in Sahelian societies.
The clerics have contributed to resilience through the moral rearmament of loyal citizens in the States suffering from fragility and insufficient resources to cope effectively with such a pandemic.
Have religious leaders pushed for the reopening of places of worship?
It is striking to note how the States of the sub-region (in particular, Mali, Senegal and Niger) were able to be disarmed in the management of religious questions during this pandemic.
These religious issues have always been the subject of consensus or negotiations depending on the balance of power or socio-political stakes.
In reality, the particular context of the management of a pandemic only accentuated the contradictions that were already present in the complex interaction between political and religious actors.
Beyond the observation of the undiminished impact of the clerics and the practice of worship, one should note the social legitimacy of religious leaders who often seem to take the place of political leaders in some States.
As a result, we have witnessed a form of clash of legitimacies between these two types of players, which reveals that many other societal issues will be subject to this same competition, not to mention there being a fear of confrontation.
Some States have been pressured to open mosques, such as Senegal - although politicians deny it - and Niger, where, despite the ban, the faithful were in front of the mosques in close ranks, defying political authority.
In Mali, the State did not even dare to legislate on the matter, and put the ball back in the court of the Islamic High Council.
This kind of attitude leads to the phenomenon we see today, with religious actors imposing themselves as political actors [for example, Imam Mahmoud Dicko in Mali, editor's note].
They also benefit from the strategy of politicians who try to find, in the religious, the legitimacy they do not have in political life.
What can we learn from this crisis?
Despite the controversial debates raised in the note from the Centre d'analyse et prévision et de stratégie (CAPS) in Paris regarding the possible effects of COVID-19 in West Africa, we can see the relevance of the place it gives to religious leaders and their various roles, especially in times of crisis.
Our study has shown that our countries are suffering from insufficient investment and resources in the health sector after decades of strong privatization in the framework of structural adjustment policies.
In this context, the cleric plays the role of social integrator, which is accentuated in times of crisis.
Likewise, it can be noted that the solidarity system that worked during this pandemic and which brings to mind the collective dimension of religious sentiment still remains one of the reasons for the centrality of clerics in Sahelian societies.
This crisis was, in short, a test to see how our States could react in a health crisis situation.
It showed that they were not very well prepared with regard to the religious question because now there is a real paradox in the Sahelian sub-region: the States declare themselves to be secular, yet manage the religious leaders, which becomes a political and security issue.
Their management of the religious is in a trial and error form since they have always only partially dealt with religious questions in a contextual manner, whereas a real governance of the religious is increasingly necessary in view of the important stakes involved.
(Agence Ecofin) - Timbuktu Institute, qui vient de rappeler temporairement ses équipes de terrain menant des enquêtes dans les zones frontalières, et d’instaurer le télétravail pour ses différents bureaux, s’inquiète « profondément » de l’évolution de la pandémie de COVID-19 et tire la sonnette d’alarme sur les conséquences du Coronavirus en termes d’instabilité pour l'Afrique et le Sahel, notamment. Son directeur s’est livré à Niamey et les 2 Jours dans cet entretien abordant les risques d’instabilité, les conséquences sur la résilience, mais aussi un appel à la communauté internationale et principalement l’Union européenne à ne pas « répéter les erreurs du passé », malgré « la grande préoccupation pour les urgences ».
Pour Bakary Sambe, Directeur de cet Institut qui effectue des études prospectives sur la paix et la stabilité en Afrique, « en plus de s’attendre au pire comme le suggère déjà à juste raison le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, on devrait, aussi, prendre en compte dans l’approche qu’adopteront les scientifiques et les experts en santé publique deux dimensions qui sont des facteurs-clés de la fragilité au Sahel, à savoir les volets politique et social ».
Pour dire qu’il ne faudrait pas négliger les conséquences socioéconomiques qui vont « accentuer les risques réels d’instabilité dans la région sahélienne pendant et après cette épidémie ». Pour lui, « c’est bien en amont et dès maintenant qu’il faudra agir et réfléchir à des approches durables malgré la panique mondiale qu’a occasionnée cette pandémie ».
Sur la dimension sociale de la fragilité des systèmes politiques et économiques au Sahel, « les inquiétudes pointent déjà à l’horizon proche avec le bouleversement des modes de vie que l’épidémie de Coronavirus va provoquer pour des millions de Sahéliens vivant au jour le jour avec toujours l’incertitude du lendemain », avertit Dr Bakary Sambe.
« Sans misérabilisme aucun, on n’ose même pas imaginer les dégâts collatéraux d’un impossible confinement d’une semaine pour des populations des pays du Sahel, habituées à vivre avec des économies à forte dominante informelle. En Europe, on se préoccupe des stocks et des provisions, ici c’est déjà, depuis des décennies, la gestion quotidienne des pénuries », s’alarme-t-il.
Bakary Sambe appelle la communauté internationale et surtout l’Europe voisine à « ne pas répéter les erreurs du passé, car, malgré les urgences sanitaires, il ne faudrait jamais perdre de vue la nécessité de mettre l’accent sur l’approche multidimensionnelle se rappelant qu’à l’issue de cette crise et quelle qu’en sera la durée, l’Europe ne pourra échapper aux effets des vulnérabilités de cette région qui lui est naturellement proche, rien que pour les questions relatives à la migration et au contre-terrorisme ».
« Les barricades d’aujourd’hui qu’imposent les épidémiologistes, de même que les digues sanitaires vont tôt ou tard céder par la force des impératifs de la nécessaire coopération pour la sécurité collective et les vulnérabilités en partage referont jour avec encore plus d’acuité », prévient le Directeur de Timbuktu Institute.
Pour lui « Au moment où l’Union européenne, principal partenaire extérieur des pays du Sahel, se dit prête à agir pour s’éviter elle-même l’instabilité économique, il est d’autant plus nécessaire de prendre conscience de l’ampleur du désastre qui se profile dans la région sahélienne surtout que, même sans épidémie, les actions humanitaires qui y sont déjà mises en œuvre au niveau communautaire sont peu appuyées à travers d’autres actions exécutées par d’autres acteurs à d’autres échelons… »
Propos recueillis par Babacar Cissé