Cameroun : Flou autour de l’absence de Paul Biya Spécial

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Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Dans une lettre ouverte adressée le 7 octobre à la présidence du Cameroun, l’avocat et candidat à la prochaine présidentielle, Christian Ntimbane, s’interroge sur l’absence du chef de l’Etat, Paul Biya, qui n’avait plus été vu en public depuis fin du dernier sommet Chine-Afrique qui s'est tenu du 4 au 6 septembre 2024. Dans son communiqué, Christian Ntimbane se penchait sur l’absence d’un président que la rumeur dit « tantôt en Suisse, tantôt dans un mauvais état dans un hôpital en France ». Avant de renchérir : « S'il est en congés dites-le. S'il est malade, dites-le aussi. Un président de la République peut tomber malade. » Il n’en fallait pas plus pour lancer de nouveau, une polémique générale sur l’état de santé d’un Paul Biya, âgé de 91 ans et au pouvoir depuis 42 ans.

Le lendemain, rapporte RFI, le média Africa Broadcasting Service (ABS) – basé aux Etats-Unis – dont l’animateur star est un leader séparatiste anglophone en exil, annonçait la mort de Paul Biya. Une information à laquelle les autorités ont, de suite, répliqué, déclarant qu’elle relève du « fantasme et de la pure imagination. » Dans un communiqué, le Ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, René Sadi, a affirmé que le Président « s'est accordé un bref séjour privé en Europe », mais « il demeure, comme de coutume, et où qu'il se trouve, attentif à l'évolution de la vie nationale. » Le ministre du Travail, s’est quant à lui, montré menaçant. « Dans nos institutions, il y a des mécanismes qui doivent permettre de poursuivre ce genre de personnes parce que l'on n'annonce pas le décès d'un chef de l'État sans s'assurer de ce qu'il se passe », a-t-il prévenu. Montant le ton d’un cran, Paul Atanga Nji, Ministre de l'Administration territoriale, a pour sa part, martelé que « tout débat sur l'état de santé du président est désormais formellement interdit. » Une injonction pour le moins peu suivie par l’opinion publique, en l’occurrence le rappeur engagé Xzafrane. Dans un morceau nommé « Rentre à la maison président » - écouté plus de 300 000 fois - l’artiste se questionne sur l’absence de Paul Biya. Finalement, le phénix Paul Biya est réapparu le 21 octobre au Cameroun, dans des images diffusées par la télévision nationale CCRTV. Cependant, aucune déclaration de sa part, ni à des militants du RDPC - son parti - mobilisés aux abords de l'aéroport, ni pour la télévision.

Remous et crises au Nord

Pendant ce temps, la situation dans le septentrion est peu joyeuse pour les populations. Primo, dans l’extrême-nord, le pont reliant le centre de la ville de Yagoua et les quartiers populaires comme Kaskao ou encore Gabara s’est effondré sous la pression des inondations. Secundo, la maire adjointe de la région de Bamenda (nord-ouest), Joko Frida, en proie au séparatisme anglophone, a été enlevée puis tuée. Selon une radio locale, l’élue a été enlevée le 26 octobre, et son corps sans vie a été découvert « baignant dans son sang (…) aux premières heures ce lundi matin. » C’est dans cette même région, que la journaliste camerounaise de langue anglaise, Atia Tilarious Azonhwi, a été enlevée  vendredi 25 octobre. Depuis le déclenchement des violentes sécessionnistes en 2016, la ville de Bamenda est fréquemment le théâtre de kidnappings et de meurtres. En outre, Bamenda fait partie des grandes villes ayant été touchées par une coupure générale d’électricité, survenue vers la fin du mois. Pour cause, un gros incident survenu sur le réseau interconnecté sud qui couvre six régions sur dix. Les villes concernées étaient : Yaoundé, Douala, Bamenda, Bafoussam, Bureau, Dschang, Kribi, Ebolowa et Sangmelima.

Dans un X publié sur son compte, le président du parti d'opposition MRC, Maurice Kamto, a affirmé que l'organisation des scrutins électoraux Elecam (Elections Cameroon), est responsable de plusieurs manquements dans la publication des listes électorales provisoires. Selon lui, plus de 120 000 citoyens inscrits sur les listes électorales ne trouveront pas leurs noms sur les listes provisoires. Ceci parce que « les listes électorales provisoires ainsi transmises illégalement aux Antennes communales par la Direction Générale d'Elecam sont différentes de celles que détiennent les démembrements départementaux », fustige-t-il. Avant d’ajouter : « Il s'agit d’une violation de la loi électorale qui affecte gravement les droits protégés de l’électeur inscrit et influence directement l’exercice de son pouvoir de suffrage. »