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Source : Météo Sahel Novembre 2024
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Jeudi 28 novembre 2024, le président de la République fédérale du Nigeria, Bola Tinubu, a effectué une visite d’État de deux jours à Paris sur invitation de son homologue français Emmanuel Macron, dans le cadre du renforcement des relations politiques et économiques. Une première depuis 24 ans entre les deux pays dans un contexte où le Nigeria est confronté à une crise socio-économique interne, exacerbée par des contestations sociales persistantes et une inflation qui ne cesse d'accroître. La France cherche à diversifier ses partenaires économiques et commerciaux en Afrique, notamment en raison des récents événements survenus dans certains États du Sahel. Dans ce sillage, le partenariat économique entre les deux pays est ancien, ce qui fait de la France le premier partenaire commercial du Nigeria en Europe. D'ailleurs, des entreprises françaises sont implantées dans ce pays depuis longtemps, notamment dans le secteur énergétique (Total Énergie).
Au terme de cette visite d’État, des annonces et des promesses d’investissement ont été faites, notamment de la part du président français qui, à travers l’Agence française de développement (AFD), veut investir plus de 330 millions d’euros dès 2025 en faveur des projets de sécurité alimentaire, de mobilité urbaine, d’enseignement supérieur, d’agriculture, de formation professionnelle et de changement climatique. Un accord a également été signé entre les ministres des Finances des deux pays, mettant l’accent sur les investissements bilatéraux dans des secteurs prioritaires tels que les infrastructures énergétiques et le transport public.
Le marché nigérian attire aujourd’hui les partenaires internationaux grâce à sa position géographique, mais aussi à sa démographie galopante estimée à 227 millions d’habitants, avec des projections qui peuvent aller jusqu’à 410 millions d’habitants d’ici 2050 selon l’Organisation des Nations unies (ONU). Étant parmi les pays les plus peuplés d’Afrique, le Nigéria occupe sur le plan économique la quatrième place en matière de PIB selon le Fonds monétaire international (FMI). De surcroît, le 17 novembre 2024, Tinubu avait invité pour deux jours le premier ministre indien Narendra Modidans le but de donner un nouveau souffle à leurs partenariats bilatéraux.
Au vu d'immenses opportunités dans plusieurs secteurs, convoitées par de nombreux pays, la France considère que le Nigeria pourrait être un État pivot dans sa vision de diversification des partenaires en Afrique. Actuellement, la vision politique de Tinubu s’inscrit dans une logique d’ouverture pour attirer les investisseurs étrangers. Et comme évoqué lors des prises de paroles conjointes : « Nous devons faire plus, promouvoir plus, investir plus ». Ces propos soulignent également l’importance d’intensifier les efforts dans des domaines clés tels que la sécurité et l’éducation, étroitement liés aux enjeux socio-économiques.
Dans le même temps, le Nigeria est confronté à une intensification des défis sécuritaires, avec la montée des attaques terroristes menées par des groupes armés, surtout dans le golfe de Guinée, le nord-est et la région du lac Tchad. D’ailleurs le 9 novembre 2024, l’armée nigériane a signalé une menace sécuritaire dans le nord-ouest du pays, où le groupe armé Lakurawa a mené des incursions dans les États de Sokoto et Kebbi, frontaliers avec le Niger. Malgré l’ampleur de ces défis, le Nigeria doit également faire face à des problèmes internes majeurs, comme la pauvreté et l’éducation, car il concentre à lui seul 15% des enfants déscolarisés dans le monde. Ce dernier phénomène est attribué à divers facteurs, dont le manque de financement des établissements scolaires par les États fédéraux, défaut de moyens financiers.
Le pays fait face à de nombreux problèmes, provoquant la colère des populations, lesquelles l'expriment au travers de manifestations. Ainsi, des personnes ont été arrêtées en raison des contestations contre la hausse des prix et mal gouvernance, “And bad governance”. Le 04 novembre 2024, une controverse a éclaté concernant des enfants accusés de trahison, exacerbée par la diffusion d'une vidéo de leur comparution, suscitant des préoccupations quant à leur traitement. Des voix au niveau national et international se sont élevées, notamment sur les réseaux sociaux, pour réclamer leur libération. Face à cette pression, les enfants ont été relâchés. Toutefois, les mobilisateurs appellent à la création d'une commission d'enquête indépendante pour examiner le traitement des mineurs et demandent la libération de tous les détenus accusés de trahison.