Côté d'Ivoire : un rapport du Timbuktu Institute alerte sur les risques terroristes dans l'extréme Nord Spécial

Le Timbuktu institute, un centre de recherche sur le radicalisme religieux a publié, début juin, un rapport intitulé « Radicalisation et perception de la menace terroriste dans l’extrême nord de la Côte d’Ivoire ». Une étude plus que jamais d’actualité puisque pour la quatrième fois en moins de deux mois, l’extrême nord de la Côte d’Ivoire a été touché, samedi 12 juin, par une attaque attribuée à des terroristes.

Le 12 juin, sur l’axe Tèhini- Togolokaye (région de Bounkani) localité frontalière du Burkina Faso, deux soldats et un gendarme ivoiriens ont perdu la vie dans une embuscade avec « usage d’engin explosif improvisé ». Cette attaque non revendiquée mais attribuée aux terroristes est la quatrième en moins de trois mois. Elle est intervenue deux jours après l’inauguration de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (Ailct) à Jacqueville, près d’Abidjan, par le premier ministre ivoirien, Patrick Achi aux côtés du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

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Devant cette actualité liée au terrorisme, le Timbuktu institute, un centre de recherche sur le radicalisme religieux propose des clés pour comprendre le phénomène de radicalisation islamiste ainsi que la menace terroriste dans l’extrême nord de la Côte d’Ivoire grâce une étude réalisée dans la région du Bounkani. Pour ce faire, le rapport étudie les facteurs qui constituent un terreau favorable à l’extrémisme islamiste dans cette partie de la Côte d’Ivoire.

Facteurs favorables

Le premier facteur identifié par ce rapport est la poussée des violences intercommunautaires entre les principaux groupes ethniques de cette région pauvre. Les affrontements sont étroitement liés à l’exploitation des richesses : « Depuis plusieurs décennies, le pacte social se dissout graduellement, au gré des tensions nées des velléités d’exploitation et de contrôle de l’espace opposant les Lobis et les Koulangos-propriétaires de la terre – et les agriculteurs aux pasteurs peuls ».

À ces violences intercommunautaires, il faut adjoindre, le facteur migratoire. Selon ce rapport, les tenants de l’islam radical en Côte d’Ivoire « n’ont pas pénétré le Nord de la Côte d’Ivoire grâce à d’importants investissements dans le tissu social ». Ils profitent plutôt de « l’immigration massive du nord au sud du continent pour poser les jalons d’une aliénation des coutumes et repères traditionnels ». De ce fait, l’animisme « ne cesse de subir des attaques et tentatives de recolonisation sous l’influence d’un islamisme local ».

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Des entretiens avec des forces de sécurité cités dans l’étude évoquent, en outre, des cas de jeunes peuls de la région de Bounkani se sont « formés » dans des groupes djihadistes du Mali. « Après leur séjour hors de la Côte d’Ivoire, ils rentraient au pays en 2019 par vagues et recevaient consigne de déjouer les filatures en vue de se frotter aux forces de sécurité et d’éprouver leur résolution et discipline » explicite le rapport.

Sur place, les témoignages des populations ne sont guère plus rassurants. Le parc national de la Comoé « abriterait des terroristes » tandis que des hommes armés venus du Burkina rallieraient les bois et tourbières environnants le long des pistes entre villages.

Solutions

Face à cette menace terroriste, tout comme ses autres voisins, la Côte d’Ivoire privilégie l’approche sécuritaire militaire « au détriment de l’anticipation et de la riposte idéologique » fait remarquer le Timbuktu institute. Cette militarisation n’est pas sans inconvénients puisqu’elle entraîne une défiance des populations face aux militaires parfois accusés d’abus et d’extorsion. Pour autant, tout n’est pas perdu d’avance.

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« Si elle prend la mesure du risque en couplant approche préventive et gestion des urgences sécuritaires et en sortant du déni d’une réalité persistante qui est la montée de l’extrémisme », la Côte d’Ivoire pourrait encore s’appuyer sur « les ressources culturelles endogènes pour renforcer sa résilience à l’épreuve de la transnationalité » estime le rapport.

Lucie Sarr