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Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga a appelé la population à une «union sacrée» après la tentative d’assassinat contre le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Minimisé par ce dernier, cet attentat est plutôt synonyme d’un climat politique toujours «tendu» dans le pays selon des observateurs joints par Sputnik.
«Une action isolée», c’est ainsi que le Président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, a qualifié la tentative d’attaque au couteau contre sa personne le jour de l’Aïd al-Adha, la fête musulmane qui a été célébrée le 20 juillet.
Le colonel Goïta s’était déplacé à la grande mosquée de Bamako ce jour-là pour sa première grande prière de circonstance en tant que Président, quand deux hommes l’ont attaqué, l’un d’eux étant armé d’un couteau. Les deux assaillants ont été arrêtés, mais leur identité de même que le mobile de leur acte ne sont pas encore connus. Une enquête a été ouverte.
L’air rassurant affiché par le Président de la transition malienne a contrasté avec l’attitude du Premier ministre, Choguel Maïga, qui s’est montré plutôt inquiet.
Intervenant le jour même sur la télévision publique malienne au JT de 20h, il a appelé les Maliens à une «union sacrée» autour des autorités de la transition, «pour prendre leurs destins en main».
«Aujourd’hui, plus que jamais, tout ce qui peut nous diviser doit être évité. Aucune considération d’ordre politique, d’ordre religieux, d’ordre régionaliste, d’ordre ethnique ne doit diviser les Maliens», a-t-il affirmé.
Cela pourrait être «l’heure de dépasser toutes les divergences qui existent actuellement entre les différents courants politiques», affirme à Sputnik le docteur Moulaye Hassan, enseignant-chercheur à l’université Abdou-Moumouni de Niamey et chef du programme Lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Centre d’études stratégiques et de sécurité du Niger.
D’après cet analyste, les autorités maliennes pourront saisir l’occasion de cette tentative d’assassinat «pour chercher un véritable consensus autour de la transition telle qu’elle est actuellement menée au Mali».
«Le Président actuel est loin de faire l’unanimité, aussi bien à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur. Beaucoup préfèrent le retour du pouvoir aux civils, car ils craignent que l’exemple malien ne soit dupliqué ailleurs en Afrique de l’Ouest», explique-t-il.
Bakary Sambe, directeur du think tank Timbuktu Institute basé à Dakar, reconnaît lui aussi que «le système politique malien est assez divisé et est en forte demande de réconciliation».
À titre d’exemple, il cite «le maintien en résidence surveillée des anciennes autorités de transitions déchues par la junte au pouvoir, c’est-à-dire Bah N’Daw, l’ex-Président de la transition, et Moctar Ouane, l’ex-Premier ministre».
«IL Y A UN FORT BESOIN QUE LES AUTORITÉS DE TRANSITION RASSURENT DAVANTAGE SUR L’ISSUE FAVORABLE DE LA TRANSITION», PLAIDE BAKARY SAMBE.
Cela pourrait passer par une «recomposition de l’équipe gouvernementale actuelle dominée par des militaires qui sont aux postes-clés». Une «prédominance» qu’il assimile à «un véritable problème».
Auteur de deux putschs en moins d’un an, le colonel Assimi Goïta est au pouvoir au Mali depuis sa prestation de serment devant la cour suprême le 7 juin dernier. Son premier coup d’État, qui remonte au mois d’août 2020, a eu raison du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le deuxième putsch a été perpétré en mai 2021 contre les autorités de la (première) transition mise en place après la chute d’IBK, et ce nonobstant l’opposition de la communauté internationale. Il est attendu que le pouvoir soit rendu aux civils aux termes d’élections prévues le 27 février 2022.