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Les théories du complot resurgissent dans les pays du Sahel avec l’arrivée des vaccins anti-COVID et alimentent d’autant plus la réticence des populations.
Le scepticisme à l’égard des vaccins anti-COVID gagne du terrain au Sahel. En effet, la circulation des fake news et des théories conspirationnistes relatives à la COVID-19 a renforcé cette défiance. Une défiance déjà présente en Afrique au sujet d’autres vaccins, tels que celui contre la méningite ou le choléra.
Ainsi, d’après une veille médiatique conduite au mois de février sur la plateforme « COVID-Mention » dans les 8 pays de l’étude (Sénégal, Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Cameroun, Tchad et Soudan), les théories complotistes envahissent autant l’espace public sahélien que les informations vérifiées et correctes. Parmi les théories les plus en vue, celle concernant la Fondation Bill et Melinda Gates, très active dans la recherche sur les maladies et les vaccins en Afrique, s’est vue très populaire. Selon certains, la COVID-19 aurait été créée par le fondateur de Microsoft pour réduire la population mondiale et s’enrichir davantage.
Au début du mois de mars, les théories du complot continuent d’inonder la toile sahélienne. Cela peut s’expliquer par l’arrivée au Soudan de 828 mille doses de vaccins grâce au dispositif onusien COVAX. Au même moment, une vidéo figurant la première dame sénégalaise se faisant vacciner avec ses proches fait polémique. Certains en sont venus à dire qu’il existerait une « vaccination de privilégiés ». Le pic de cette effervescence des théories complotistes va s’observer le 3 du mois, deux jours avant la date à laquelle le Mali reçoit 396 mille doses du vaccin AstraZeneca. Ces débats vont se poursuivre jusqu’en avril, au moment où le Cameroun reçoit ses premières doses du vaccin Sinopharm.
La peur des effets secondaires méconnus de ces nouveaux vaccins explique, entre autres, le refus de bien des personnes de se faire vacciner. Tout dernièrement, les problèmes observés avec le vaccin AstraZeneca ont accentué ce climat de suspicion. Même si le lien entre les thromboses observées chez certaines personnes vaccinées et le vaccin AstraZeneca lui-même n’a pas encore été établi, les opinions publiques sahéliennes ont majoritairement exprimé leur appréhension et leur refus de se faire vacciner.
Par ailleurs, ces craintes ont pris une envergure particulière suite à l’interview de Jean-Paul Mira, chef de service à l’hôpital Cochin de Paris, diffusée en avril 2020. Le médecin a alors suggéré de réaliser les tests du vaccin anti-COVID en Afrique. La séquence télévisée a fait le tour du monde et a hautement choqué l’opinion. De plus, des scandales passés, comme la mort en 1996 de onze enfants nigérians à la suite d’essais cliniques conduits par le géant pharmaceutique Pfizer contre la méningite, ont également causé des blessures historiques.
Les sites internet : entre complots et bonnes informations
Parmi les différentes sources d’information en ligne, ce sont les sites d’information qui engagent le plus de débats complotistes concernant la COVID-19. Un top sept de ces sites web liste par exemple 4 de nos pays cible (Sénégal, Mali, Burkina Faso, et Cameroun).
Toutefois, les sites web essaient aussi de distribuer la bonne information relative au virus. Au Sénégal, il existe par exemple environ 300 sites d’information, et ils profitent d’un taux de pénétration d’Internet relativement considérable dans le pays.
Dans tous les cas, les théories complotistes, aussi bien diverses dans le fond que dans la forme, compromettent le partage et l’assimilation des vérités sur la COVID-19 et ses corollaires par les populations de la région.
Suzanne Batista
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