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Lors d’une intervention sur RFI, le directeur régional du Timbuktu Institute est revenu sur le parcours d’Ayman Al-Zawahiri qu’il qualifie d’évènement « important dans l’histoire de la lutte contre le terrorisme ». Toutefois, Bakary Sambe considère que ces coups d’éclats qu’on a pu voir aussi bien au Sahel avec Barkhane qu’en Afghanistan avec les Américains, sont certes « importants pour la symbolique », mais ne suffisent pas pour éradiquer le terrorisme. Pour lui, « il importe encore de s’attaquer davantage aux racines du mal et sortir des traitements de symptômes ». L’élimination des cibles symboliques peut sembler nécessaire, mais les cibles ont cette manie de se régénérer si les causes structurelles du terrorisme ne sont pas traitées à savoir, les vulnérabilités socioéconomiques, les injustices génératrices de frustrations mais aussi la mal-gouvernance.
« Il est vrai qu’al-Zawahiri fait partie de la génération fondatrice, comme Abdallah Azzam, souligne Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute et fondateur de l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique. Et dans la trajectoire du mouvement, on voit comment, par le travail humanitaire, ils approchaient les jeunes générations africaines avec notamment le Bureau qui a été mis en place par Ben Laden lui-même, qu’on appelle le “Bureau des services”. Mais en même temps, Ben Laden, grand financier, gérant et logisticien, va procéder au recrutement de volontaires étrangers. Et je pense que les terminologies comme “l’envahisseur”, “les croisés”, seront pour al-Zawahiri une manière d’internationaliser le jihad, une “macdonalisation du jihad” avec la création de succursales, mais aussi une labellisation de mouvements jihadistes. »
Pour s’implanter durablement, al-Qaïda tolère les pratiques locales : islam mêlé d’animisme, chefferies traditionnelles, imams locaux associés aux décisions de justice et certaines pratiques jugées « déviantes » tolérées, au moins dans un premier temps, afin de gagner l’adhésion des populations. L’objectif affiché est d’imposer la charia et de reprendre le pouvoir par la force à des États locaux jugés corrompus et injustes, de surcroît alliés à des forces militaires étrangères. L’usage de la violence par les combattants d’Aqmi est moins massif et moins systématique que chez le futur grand rival, le groupe État islamique. Une différence notable sur le terrain, même s’il faut rappeler qu’Aqmi tue presque quotidiennement au Sahel, y compris des civils.
Bakary Sambe dit ne pas croire que la mort d’al-Zawahiri affaiblisse des groupes comme Aqmi ou la katiba Macina. « Ben Laden est mort, le jihadisme, lui, est bien vivant. C’est aussi ma critique par rapport à ces coups d’éclat, ces éliminations de cibles symboliques pour dire qu’on avance dans la lutte contre le terrorisme. Je crois que l’élimination des cibles n’a jamais aidé à éliminer le terrorisme.