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Dans son discours, lors de la cérémonie d’ouverture du colloque sur le dialogue interreligieux en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer, le 24 octobre 2023, Mme Yague Samb, directrice Sénégal du Timbuktu Institute a particulièrement insisté sur la nécessité de préserver la cohésion sociale. Le thème de cette édition du Colloque était « Religion et communication ». Ce fut le lieu de rappeler le rôle des médias et d’Internet dans le contexte actuel ainsi que leur enjeu pour la cohésion sociale dans le contexte pré-électoral actuel. Elle a aussi exhorté à un dialogue continu entre les cultures et les civilisations notamment avec l’actualité brûlante en Afrique et dans le reste du monde.
Voici, l’intégralité de son discours :
Je me réjouis, encore une fois, de prendre la parole au nom du Timbuktu Institute, partenaire de la Fondation Konrad Adenauer dans le cadre de ce colloque annuel et sur bien d’autres projets et initiatives principalement dans la recherche-action sur la prévention des conflits, la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Ce colloque annuel est donc un des temps forts de de ce partenariat constructif. Nous voudrions, ici, renouveler nos sincères remerciements à la Fondation Konrad Adenauer mais aussi notre engagement à toujours aller de l’avant et ensemble sur les chemins du dialogue, de la paix et du vivre ensemble. Cet engagement est d’autant plus significatif pour nous que notre monde contemporain, notre continent et notre sous-région font face à des défis multidimensionnels d’ordre sécuritaire mais aussi sociopolitique.
La tâche est énorme mais alléchante : à savoir comment construire les bases du vivre ensemble, renforcer la résilience de notre pays, le Sénégal, qui s’achemine vers des échéances importantes et cruciales avec comme défi et non des moindres : préserver le pays de l’instabilité environnante et assurer les conditions d’un progrès social, d’une prospérité partagée dans la paix et la concorde. Le thème de notre colloque de cette année « Religion et communication » arrive à point nommé et garde toute sa pertinence au regard de l’impératif du dialogue et de l’échange dans le respect de la dignité de tous et des principes et valeurs qui consolident notre commun vouloir de vie commune au niveau national, africain mais aussi international. C’est bien, l’éducatrice Françoise Dolto qui nous rappelait que : « tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences ». Ces mots résonnent aujourd’hui comme un rappel voire un rappel à l’ordre dans ces moments critiques que vit notre humanité certes soucieuse « de faire bien » mais qui n’arrive pas encore à « empêcher le triomphe du mal » et les « sanglants non-sens » pour paraphraser Thomas Mann.
Dans ce contexte, plus que jamais, le local et le global sont interconnectés, l’ici est instantanément ailleurs par la magie incontrôlée et non maîtrisée d’une toile d’araignée qui nous rappelle la fragilité de nos rapports humains. Ce paradoxe fait que nous avons l’impression de n’être jamais aussi connectés mais tout autant divisés, opposés par des conflits. Est-ce, donc, le signe d’une incapacité de communiquer alors que les moyens pour le faire n’ont jamais été aussi abondants et abordables ? Un certain Harold Pinter attirait notre attention sur le fait que pour sortir de ce paradoxe nous devons, par la communication, extérioriser notre volonté de rompre avec cet égoïste « mouvement intérieur qui cherche délibérément à esquiver la communication ».
Mais il faut continuer à oser l’optimisme si l’on sait la capacité de nos religions qui vont dialoguer, ici, pendant ces deux jours, à fournir des ressorts et des ressources nous permettant de mieux socialiser, de nous rencontrer dans l’esprit unificateur des messages religieux. En plus de l’optimisme, nous avons l’espoir de pouvoir, à chaque fois, quelles que soient les circonstances et les contingences, compter sur la volonté d’hommes responsables osant se libérer de la lettre pour se rencontrer dans l’esprit ou des « gens de l’isthme » comme disait l’Émir Abdelkader.
Il faut absolument, assumer notre statut d’hommes et de femmes-ponts surplombant les murs de la discorde et de la déperdition de la nécessaire énergie de construction dans les pires destructions. Ayons donc le courage de ne point céder aux sirènes de la division, aux discours de haine et surtout, en ce temps de dialogue et de communication autour du sens. Comme le disait simplement mais éloquemment le Pape Jean Paul II « n’ayez pas peur, entrez dans l’espoir ».