SÉNÉGAL – Des incertitudes pré-électorales à l’avènement de Bassirou Diomaye Faye Spécial

Source : Météo Sahel 

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La crise politique qui a éclaté en février 2024, suite à la décision du report inattendu de l'élection présidentielle annoncée par le président Macky Sall, a entraîné une série de manifestations à travers le pays, avec des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants dans plusieurs régions du pays particulièrement à Dakar. 

Face à cette escalade de la tension sociale, le Conseil constitutionnel a décidé d’invalider ce report et a, par la même occasion, ordonné au président Macky Sall de se conformer au calendrier électoral initial en organisant l’élection présidentielle dans les meilleurs délais. Cette décision, saluée par une grande partie de l'opposition et de la société civile, a été perçue comme un pas vers la restauration de l'ordre démocratique même si il y a un certain scepticisme quant au fait que le Conseil n’ait pris les devants en fixant lui-même une date, laissant à nouveau les rênes au président Macky Sall accusé de faire du dilatoire.

En effet, le chef de l’Etat a continué à entretenir l'incertitude quant à la date de la tenue de l'élection. Cette ambiguïté a suscité des critiques supplémentaires de la part de nombreux acteurs politiques et sociaux exigeant le respect du calendrier électoral pour l’organisation de l'élection avant la fin de son mandat le 2 avril. 

Dans le même temps, des mouvements de la société civile, tels que Aar Sunu Élection (Protéger notre élection, en wolof), ont organisé une grande manifestation le 17 février à travers tout le pays avec des milliers de Sénégalais sortis dans les rues pour exiger le respect du calendrier électoral. 

C’est dans ce contexte de crise, que le gouvernement sénégalais a adopté un projet de “loi d'amnistie générale” des faits se rapportant aux manifestations politiques survenues entre 2021 et 2024”. Cette mesure a été présentée comme un moyen de favoriser la réconciliation nationale et de promouvoir la stabilité politique dans le pays. Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires Etrangères, s’est exprimée à ce sujet lors du 37ème sommet de l’Union Africaine en affirmant que 344 détenus ont déjà été libérés à Dakar, et que 200 sont en attente de libération. 

Les 26 et 27 février, un dialogue national à l’initiative de Macky Sall s’est tenu à Diamniadio. Cette initiative était loin de faire l’unanimité dans la mesure où elle a été rejetée à la fois, par 16 parmi les candidats à l’élection présidentielle, mais également par le collectif “Aar sunu élection”. Après la proposition du 2 juin, rejetée par le Conseil Constitutionnel, c’est finalement celle le 24 mars qui a été validée. 

Malgré des doutes sur le soutien effectif de certains membres du parti présidentiel, une réunion a confirmé le soutien à la candidature d'Amadou Ba. La libération d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye a suscité des célébrations dans les rues de Dakar, après la promulgation et l’application de la loi d’amnistie. Dans les derniers jours de la campagne électorale, le candidat Habib Sy a apporté son soutien au profit de Bassirou Diomaye Faye, renforçant ainsi sa position. Les derniers meetings de campagne, dont celui tenu à Mbour par la coalition Diomaye 2024 le vendredi 22 mars, ont marqué la fin de cette période intense. 

Finalement, la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l'élection présidentielle sénégalaise dès le premier tour représente un tournant décisif pour la démocratie. En effet, lui qui était encore récemment en prison, incarne une opposition déterminée et un désir de changement qui répond aux attentes de nombreux Sénégalais. Selon lui : « Le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture ». Son succès électoral est interprété par de nombreux spécialistes comme une rupture avec l'ancien régime et une volonté de rétablir la souveraineté nationale, de lutter contre la corruption et de promouvoir une meilleure répartition des richesses. C’est également un renouveau démocratique au Sénégal, où les aspirations populaires et les voix de l'opposition semblent avoir été entendues. 

Les résultats officiels provisoires l’annoncent gagnant avec 54,28%. Ce dernier a été félicité par le chef de l’Etat Macky Sall qui « salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 » qu’il qualifie de « victoire de la démocratie sénégalaise. » D’ailleurs, le chef de l’Etat Macky Sall a reçu au palais son successeur Monsieur Bassirou Diomaye Face accompagné d’Ousmane Sonko, l’occasion d’échanger sur les dossiers de l’État, mais aussi sur la cérémonie de passation de service et de prestation serment qui se tiendra le mardi 02 avril.