NIGER : Crise médiatique, tensions régionales et défis sécuritaires Spécial

Source : Météo Sahel 

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Au Niger, la suspension des activités de la Maison de la presse est la résultante du bras de fer entre la junte au pouvoir et l'Association “Maison de la Presse”. Et pour cause, l’Association avait dénoncé l'affaissement de la démocratie et rappelé au régime militaire au pouvoir, l’importance du respect des libertés fondamentales. 

Parallèlement, le Niger a pris la décision de suspendre les vols commerciaux depuis ou vers le Nigéria étant donné que le Niger, le Burkina Faso et le Mali se sont retirés de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dirigée par le président nigérian, Bola Tinubu. Or, suite à la demande de levée des sanctions de la CEDEAO, la réouverture des frontières avec le Nigeria marque un tournant dans les relations bilatérales, offrant une perspective de normalisation des échanges entre les deux pays après la période de tensions consécutive au coup d'État. Cette décision pourrait signifier une volonté de réintégration dans le concert régional, même si les défis sécuritaires et diplomatiques demeurent préoccupants pour le Niger.

Cependant, la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin - malgré sa réouverture du côté béninois -, témoigne des tensions persistantes depuis le coup d'État de juillet. Les autorités nigériennes justifient cette mesure par des raisons de sécurité, dans un contexte où la méfiance envers les interventions étrangères persiste, notamment envers la France. Les relations entre le Niger et le Bénin se sont également tendues, les partisans du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) semblant sanctionner le Bénin pour son rôle au sein de la CEDEAO. 

Un décret présidentiel, au Niger, abroge les contrôles sur les dépenses liées à la défense, exemptant les achats d’équipements militaires des lois sur les marchés publics et la comptabilité publique. Cette décision, justifiée par l’urgence de renforcer la lutte antiterroriste, suscite des préoccupations quant à l’opacité et au risque de corruption. Certains lient cette mesure au renforcement de la coopération militaire avec la Russie et à une possible implication du groupe Wagner bien que celà ne soit aucunement documenté pour l’instant. Cependant, des spécialistes mettent en garde contre le risque de détournements de fonds, rappelant les scandales de corruption passés dans le secteur de la défense au Niger.

Sur le plan sécuritaire, le Niger a connu une attaque contre un convoi escorté par l'armée près d'Agadez  et qui a entraîné des blessures chez huit militaires et un civil. Cette attaque s'inscrit dans un contexte où la région d'Agadez, avec ses sites aurifères, est le théâtre de braquages et d'attaques récurrentes. Ceci est révélateur des nombreux défis auxquels le pays est confronté en matière de sécurité. C’est dans ce cadre que l'armée nigérienne a intensifié ses efforts pour contrer les groupes terroristes opérant dans le pays et a réussi à en neutraliser 60 dans le sud-ouest du pays. Malgré ces efforts, des attaques contre des villages se poursuivent, causant la mort de neuf civils dans la région de Tillabéri.

En outre, l'armée a mené des opérations réussies contre les “bandits armés”, tuant dix d'entre eux et capturant un autre dans le nord du pays. L'arrestation d'un terroriste et de son complice à Niamey, témoigne des efforts déployés par les autorités pour démanteler les réseaux terroristes et assurer la sécurité nationale.

Par ailleurs, le Niger a décidé, comme avec la France, de rompre sa coopération militaire avec les États-Unis, ce qui pourrait ouvrir la porte à de nouveaux partenaires, notamment la Russie. La base militaire d'Agadez, stratégique pour les États-Unis, se retrouve au cœur de ces enjeux géopolitiques avec la Russie qui avance ses pions dans la région, Tchiani s’étant entretenu avec Poutine pour « renforcer » la coopération entre la Russie et le Niger à la fin du mois.