Le Burkina Faso et l’instabilité régionale : Entre attaques terroristes, crise humanitaire et répression des voix dissidentes Spécial

Source : Météo Sahel 

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel 

 

Au Burkina Faso, la situation sécuritaire demeure extrêmement préoccupante, avec une recrudescence des violences jihadistes qui ont engendré une effusion de sang sans précédent dans plusieurs régions du pays. Des attaques meurtrières contre des fidèles dans une mosquée et une église sont la parfaite illustration de la persistance de ces violences interconfessionnelles et jihadistes. De plus, une série d'attaques d'une violence inouïe a frappé trois villages du nord du pays, a entraîné la mort d'au moins 170 personnes dont de nombreuses femmes et des enfants. Ces attaques sont survenues dans un contexte déjà tendu, marqué par des violences similaires dans d'autres régions du pays, notamment dans la province de la Komondjari à l'est, où les villages de Bibgou et Soualimou ont été le théâtre d'atrocités similaires et dans le centre-est. Des vidéos poignantes montrent des dizaines de cadavres gisant au sol dans ces régions déchirées par les conflits.

C’est dans ce climat que des recrutements forcés de civils, y compris des militants, des médecins, des journalistes et des opposants, pour renforcer les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dans la lutte contre les djihadistes continuent de susciter des inquiétudes. A ce propos, des organisations de la société civile et de défense de droits humains ne manquent pas de dénoncer les violations des droits de l'homme et l'utilisation de méthodes coercitives par le gouvernement. 

Dans ce sillage, l'arrestation considérée comme arbitraire de l'avocat Guy-Hervé Kam a provoqué une vive réaction de la part de la communauté juridique, entraînant une grève des avocats pour fustiger ce qu’elle dénonce comme une répression croissante des voix discordantes. De même, les accusations de Human Rights Watch concernant la répression d’activistes de la société civile et d’opposants politiques pacifiques par la junte ont, une fois de plus, mis la lumière sur la détérioration continue de la situation des droits de l'homme dans le pays. Les enlèvements des membres actifs du mouvement Balai citoyen, à l’instar de Bassirou Badjo ou Rasmane Zinaba, illustrent cette inquiétante atmosphère de répression généralisée.

De plus, la situation humanitaire s'aggrave, avec près de 500 000 personnes vivant dans des zones sous blocus privées d'accès à l'aide humanitaire en raison de l'insécurité croissante et du manque de financement pour les opérations humanitaires. Malgré les appels à l'action internationale et les tentatives de médiation pour résoudre la crise, le Burkina Faso demeure confronté à des défis majeurs en matière de sécurité, de droits de l'homme et de réponse humanitaire, nécessitant une mobilisation urgente et coordonnée de la communauté internationale pour atténuer les souffrances des civils et restaurer la stabilité dans le pays.

Par ailleurs, le Burkina Faso quatrième producteur d’or sur le continent a annoncé la suspension de ses exportations d'or et de substances précieuses de production artisanale et semi-mécanisée. Ceci en raison du “besoin d'assainissement du secteur minier et la volonté du gouvernement de mieux organiser la commercialisation de l'or et des autres substances précieuses”, a justifié le ministre de l'Energie et des Mines. 

Dans ce contexte régional tendu et fragile marqué par le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO ainsi que des critiques sur l'influence française, des ministres de ces pays se sont réunis pour discuter de la possibilité de former une confédération. “Ce mécanisme permettra à notre alliance [l’AES] et à la confédération de fonctionner efficacement et au grand bonheur de nos populations”, a estimé le ministre nigérien de la Défense, Salifou Modi.