Mali : Le Statu quo politique et les incertitudes Spécial

© Tous droits réservés © Tous droits réservés

Source : Météo Sahel juin 2024

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel

 

L’insécurité alimentaire continue de peser sur certaines populations sahéliennes, comme on peut le constater au Mali. Ce fléau qui menace plus d’un million de personnes selon le bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), alimente les motivations des groupes armés qui s’attaquent aux villages du Sud (Orokoutan, Tégrou et Toukoto) pour piller, entre autres, le bétail. Face à cette situation, le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, s’est rendu le 22 juin dans la région de Sikasso, accompagné du Ministre Commissaire Redouwane Ag Med Ali, et a annoncé le lancement du Plan National de Réponse à l’Insécurité Alimentaire visant à soutenir les populations vulnérables, à améliorer la production agricole et à renforcer les capacités locales de résilience face aux crises alimentaires. Le Colonel Goïta a profité de l’occasion pour procéder à la pose de la première pierre de l’Université de Sikasso, projet visant la croissance intellectuelle et économique de Sikasso.

Face aux multiples défis que traverse le pays, l’opposition n'est pas restée inerte. En effet, la Synergie d’action pour le Mali a organisé dans la capitale malienne, Bamako, une manifestation le 7 juin visant à dénoncer la vie chère, l'absence d'électricité, et la gestion du pays par les autorités de transition depuis 2020. Le journaliste Yeri Bocoum, qui avait couvert l'événement, a été enlevé le lendemain, bien qu'il ait été "avisé" de ne pas couvrir cette manifestation interdite par les autorités. De même, la détention provisoire de Hamadoun Bah est devenue un enjeu politique majeur au Mali, qui a mis un coup d’arrêt sur l’activité bancaire pendant le reste de la semaine.

La série d’arrestations s’est poursuivie le 20 juin dernier par celle de 11 opposants maliens aux autorités de la Transition parmi lesquels figurent des présidents de partis et mouvement politiques, tous signataires d’une déclaration publiée le 31 mars, réclamant la tenue d’une élection présidentielle dans les meilleurs délais justifiées par un décret signé en mars 2024, suspendant les activités politiques. Ledit texte contesté devant la Cour Suprême, a contribué à la tension qui reste élevée dans le pays et suscité la réaction des nombreux acteurs politiques qui dénoncent une lecture biaisée de la loi. 

Dans le même sillage des contestations, l’intervention vidéo du premier ministre dont la capacité d’action vis-à-vis des militaires serait très limitée, a été mise en lumière par les observateurs de la place et ont relevé sa position ambiguë et confuse. D’une part, il s’aligne sur un texte ouvertement critique envers la junte et de l’autre l’homme appelle au soutien du chef de la transition, le colonel Assimi Goïta, tout en dénonçant les tentatives de le dresser contre les militaires.

Enfin, la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa), a annoncé que plusieurs terroristes ont été neutralisés lors d’opérations menées dans la région de Sikasso, autour de la forêt de Niamazana dans le cercle de Kignan et dans la localité de Tiere. Dans ce sillage, le Colonel Assimi Goïta a affirmé lors de sa visite à Ouagadougou le 26 juin, que la situation sécuritaire du Mali était sous contrôle et que les objectifs à venir sont la sécurisation du référendum et du dialogue inter-malien. Précédemment, lors de sa visite à Sikasso, le chef de la junte a tenu des propos similaires incriminant, cette fois-ci, directement la France de vouloir déstabiliser l’économie du pays en imprimant de faux billets de FCFA. Et le colonel d’ajouter que le Mali doit dorénavant faire face à trois types de terrorismes : le terrorisme armé, le terrorisme médiatique (mensonges et fake news) “pour nous monter les uns contre les autres” et le terrorisme économique.”