Nigéria : Entre retour de Boko Haram et l’accumulation des crises Spécial

Source : Météo Sahel Juillet & Août 2024

Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel

 

L’actualité de juillet et août 2024 au Nigeria est marquée par des attentats et des manifestations liées à une inflation galopante. Avec les nouvelles attaques terroristes, tout porte à croire que  l’accalmie n’était finalement que de courte durée. Il y a d’abord eu des attentats qui ont fait au moins dix-huit morts et des dizaines de blessées dans trois régions de l'État de Borno, que les autorités locales attribuent à Boko Haram. Bien que l’Etat du Nigeria affirme avoir arrêté desextrémistes, le groupe continue de lancer des attaques depuis les régions frontalières avec le Cameroun avec le même mode opératoire.

Ces frontières restent poreuses du fait des litiges entre les deux pays qui se sont engagés à finaliser la délimitation de cesfrontières terrestres d’ici 2025, en accord avec les recommandations de l’ONU. Malgré les conflits territoriaux sur un segment de 36km, le Cameroun et le Nigéria ont convenu de collaborer sur l’exploitation des hydrocarbures le long de leur frontière maritime.

Sur le plan économique, pour atténuer la pression sociale, le Président nigérian, Bola Tinubu a plus que doublé le salaire minimum pour les employés fédéraux et les fonctionnaires en réponse à la flambée du coût de la vie.

Malgré ces efforts, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes pour protester contre la mauvaise gouvernance et la hausse du coût de la vie. A la suite de ces manifestations survenues dans le Nord du pays, des actes de vandalisme ont également été signalés. La police est intervenue pour disperser les manifestants, mais ces derniers continuent d’exiger l'annulation de certaines réformes, comme la suspension des subventions aux carburants. L’achat d’un nouvel avion présidentiel en pleine crise économique n’arrange en rien la situation sociale.

Selon Amnesty International, les manifestations ont fait au moins 21 morts, au moment où les autorités Nigérianes décomptent 13 morts. Durant ces protestations, les forces de défense et de sécurité ont été accusées de violence envers les protestataires. Bien que des enquêtes soient en cours, les autorités policières et militaires nient toute responsabilité. Cependant, la police nigériane a annoncé mardi l’arrestation de plus de 90 manifestants dans le Nord du pays, dont certains brandissaient des drapeaux russes. Ce geste a été critiqué par l'armée nigériane qui y voit une ingérence Russe ; ce qui explique l’ouverture d’une enquête par les services de renseignement intérieur du Nigeria (DSS) sur l’origine de la fabrication de ces drapeaux. Toutefois, l’Ambassade de la Russie au Nigeria a nié toute implication de quelque manière que ce soit dans ces manifestations.

C’est dans ce contexte que le Président nigérian Bola Tinubu a appelé dimanche 4 août 2024 à un dialogue afin de mettre fin aux manifestations qu’il qualifie de "politiques’’. Cependant, les manifestants, mécontents de l'absence de réponses à leurs revendications, ont rejeté cet appel. Alors que les Nigérians continuent de dénoncer la mauvaise gouvernance et la vie chère, la police a averti qu'elle réprimera toute nouvelle manifestation. Malgré cela, le mouvement « End Bad Governance » prenant de l’ampleur au Nigeria, maintient ses manifestations.