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Timbuktu Institute (30/08/2021)
Le 28 août 2021 les principaux leaders religieux du Mali se sont retrouvés à la résidence du président du Haut-Conseil Islamique du Mali, Cheikh Ousmane Madani Haïdara y compris l'Imam Mahmoud Dicko, Président du Centre du même nom pour la Paix et le vivre ensemble au Sahel. En plus du déplacement de l’Imam Dicko chez Haïdara, il y avait aussi la présence marquante du Cardinal Jean Zerbo, Archevêque métropolitain de Bamako de même que le Révérend Nouh Ag Infa Yattara, délégué général de l'Association des groupements d'églises et missions protestantes évangéliques du Mali (AGEMPEM).
Pour assister à cette rencontre, les différents leaders religieux étaient accompagnés de leurs assistants respectifs, d’après le facilitateur, le chercheur Boubacar Bâ. Ces assistants étaient des personnalités connues de l’espace public malien : Maki Ba (HCI), Moufa Haidara (HCI), Thierno Hady Tall (HCI), Abbe Alexandre Denou, Djibril Kalane Toure (AGEMPEM), Daniel Thera (AGEMPEM), Sorry Maiga (CIMD), Abdoulaye Sissoko ( CIM). Selon toujours les informations qu’il a transmises à différents centres de recherche et décideurs du Sahel, « après la lecture d’un message par le secrétaire général du HCI, Mahamadou Djamoutani, les leaders religieux ont expliqué le sens de ce rassemblement impensable il y a quelques temps par l'importance de l'appel pour le sursaut national ».
Selon le texte partagé par le facilitateur de la rencontre, par ailleurs, coordinateur scientifique du centre Imam Mahmoud Dicko pour la paix et le vivre ensemble au Sahel , on a noté la présence « des représentants des familles fondatrices de Bamako qui ont été préalablement informés et qui avaient « donné leur accord et leur bénédiction à cette importante rencontre ». D’après la même source, « les principaux leaders religieux se sont penchés sur la paix et sur le sursaut national face à la crise multidimensionnelle que traverse le Mali ».
Pour ces religieux, « le temps est venu de rompre avec le silence et faire date avec l'histoire du Mali ». D’après, toujours, Boubacar Bâ, « Ils se sont mobilisés tous pour aider à stopper l'hémorragie actuelle marquée par les différentes crises graves qui secouent le Mali et l'État-nation ».
Parmi les décisions arrêtées, il y avait l’idée de « lancer un appel pour un sursaut national pour mobiliser les maliens et maliennes en vue de mettre un terme aux malentendus, antagonismes et conflits qui assaillent le pays ».
L'appel qui devrait être lancé par les principaux leaders religieux dans les deux jours suivants visait à produire et diffuser un mémorandum des autorités religieuses, coutumières et traditionnelles en faveur de la paix et le sursaut national. Les leaders religieux se sont aussi engagés à « amorcer un plaidoyer pour la paix et la réconciliation auprès des gouvernants et acteurs sociaux, des acteurs armés en belligérance et de la communauté internationale. Il était aussi question d’organiser « une journée de prière pour le retour de la paix au Mali ».
Suite à cette rencontre, un Appel a été co-signé par les différents leaders religieux ce 29 août 2021 intitulé « appel des leaders religieux au Peuple Malien ». Il faut noter que cet appel à l’attention des groupes signataires de l’accord mais aussi à tous les autres belligérants survient à une période où beaucoup d’observateurs s’interrogent sur l’issue de la transition en cours de même que l’avenir du Mali et de stabilité de manière générale.
Pour Dr. Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, "de telles initiatives entrent dans le cadre des stratégies endogènes qui ont tout leur sens pour une sortie de crise au Mali". Il va falloir, selon lui, que les partenaires du Mali accordent la "dignité de solutions à de telles approches qui contribuent énormément à aboutir à la stabilisation et la réconciliation de ce pays"
Chargée de Communication et Relations publiques au sein du bureau Sahel de Timbuktu Institute basé au Mali, Fatoumata Gouro Cissé est une jeune malienne qui s’est fait distinguée par son engagement communautaire depuis son plus bas âge. Dans le cadre du programme Different Leaders Fellowship qu’on déploie au Mali en partenariat avec le Timbuktu Institute et l’Ambassade de France au Mali, elle a accepté de répondre à nos questions …
Par Dr. Bakary Sambe- Directeur du Timbuktu Institute (Août 2021)
L’enregistrement diffusé à travers Az-Zallâqa au sujet du dernier message d’Iyad Ag Aly renseigne sur la ligne claire désormais assumée par le chef et coordonnateur de ce qui est communément appelé le « G5 Djihadiste ». Dans l’élaboration du message, à part les effets spéciaux classiques dont abusent aussi bien Al-Qaida que le Groupe Etat islamique (Daesh- ISIS), Iyad Ag Aly se présente comme investi d’une mission de jonction entre le Djihâd sahélien et le courant mondialiste. Partant de considérations générales dont le but est d’affirmer l’inscription de son action et de celui de son mouvement dans le canevas général du djihadisme mondial, le chef du Jamâat Nuçrat al-islâm wal Muslimîna (JNIM-GSIM) s’arrête sur l’importance d’un message spécifique aux mouvements djihadistes au Sahel : la nécessité de jonction des fronts face aux nouveaux enjeux.
Un discours de galvanisation capitalisant sur les « victoires »
Dans un discours teinté d’une certaine solennité, faisant appel aux références textuelles classiques du djihadisme mondial, Iyad Ag Aly se félicité de ce qui serait, pour lui, une généralisation du Djihad dans la région : « Après être partis du Nord de ce pays (Mali), d’autres les ont rejoints parmi différentes communautés et des pays voisins …malgré l’engagement des ennemis de Dieu de tous pays ». L’idée est de galvaniser ses troupes dans un contexte où certains chefs combattants terroristes ont été, récemment, abattus notamment par l’armée française.
Avec un ton plus serein que d’habitude, Iyad Ag Aly considère l’extension des zones touchées par le djihad comme un acquis qui se consolidera au Sahel conformément à l’esprit de ce message avec une Vidéo intitulée « la secours d’Allah est proche ».
Pour mieux comprendre la teneur du message d’Iyad Ag Aly, il serait important de se pencher sur le sens de l’utilisation de cette expression tirée de ce verset du Coran (II, 114) assez symbolique et souvent repris dans les milieux djihadistes : « Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n’avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avec vous ? Malheurs et calamités les avaient touchés ; et ils furent secoués jusqu’à ce que le Messager et les croyants avec lui, se fussent écriées : « Quand viendra le Secours d’Allah ? » le secours d’Allah n’est-il pas proche ? » (Coran, Sourate II, verset 114).
Il faut dire que ce message est aussi adressé aux « prisonniers du Djihad » à qui il promet une libération « proche » et conseille, en même temps, la patience conformément à l’esprit du verset constamment cité le long de ce discours.
… La France demeure « l’ennemi » à combattre malgré l’annonce du retrait de Barkhane
Iyad Ag Aly est revenu sur les récents évènements ayant ponctué l’actualité malienne et sahélienne pour donner plus de réalité à ce discours qui était annoncé et très attendu : « la France annonce la fin de Barkhane ...La France a-t-elle réalisé les objectifs qui l’ont mené au sahel ? », assène-t-il sur un ton ironique au milieu de son allocution. Il y a, aussi, une nette volonté d’envoyer un message fort à la France et à ses dirigeants avec, parfois, une personnalisation du destinataire, notamment, en direction du président Macron.
Il est vrai que le Président Macron s’était mis récemment au-devant de la scène sur la question sahélienne à propos de laquelle les sorties du chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, étaient plus fréquentes.
Cette prise en main personnelle de la question, de même que l’exposition médiatique d’Emmanuel Macron lors du processus décisionnel qui mena à l’annonce du retrait de Barkhane lui valent, dans cette allocution, les attaques directes de la part du chef du JNIM-GSIM et même un certain sarcasme lorsqu’il évoque la libération des otages. Iyad Ag Aly brandit ainsi la conversion à l’islam de l’ex-otage française, Sophie Petronin, comme un trophée et un signe qui serait à décrypter. Le chef djihadiste y voit même un « camouflet » pour Emmanuel Macron. Dans le même registre quasi-sarcastique, il considère cette conversion de la célèbre otage comme « une véritable gifle sur la joue » du Président Macron.
…. « Chaque fois qu’un seigneur (de la guerre) disparaît un autre prendra le flambeau »
Sur plusieurs de ses aspects, cet enregistrement d’Iyad Ag Aly apparaît comme un discours-bilan débouchant sur un appel à la mutualisation, à défaut de la jonction, des forces djihadistes au Sahel.
Dans une analyse de la situation sécuritaire au Sahel, le chef du JNIM conclut de l’inefficacité voire du caractère improductif des stratégies de lutte contre le terrorisme basées principalement sur l’effort militaire dans lequel la France s’est particulièrement illustrée : « L’invasion des croisées n’a fait que donner une plus grande dimension au Djihad…Chaque fois qu’un seigneur de la guerre disparaît un autre prendra le flambeau ». Une reprise d’un vers de la poésie arabe pré-islamique magnifiant les valeurs chevaleresques et les qualités des seigneurs de la guerre.
… Rejet d’un « régime putschiste transitoire » au Mali et de tous les autres « soutenus par la France »
Dans cette déclaration où il s’attarde sur la situation politique malienne, Iyad Ag Aly considère le régime actuel de Bamako comme « putschiste transitoire » de même qu’il lie la persistance des régimes laïcs qui ont « tous échoué » à l’appui politique et militaire de la France. Il établit, de ce fait, une relation de causalité entre le soutien aux régimes laïcs et le fait de voir éclater les fronts du djihadisme au Mali : « La France a compris, après tant d’années, que le soutien aux pouvoirs laïcs successifs au Mali était une manière de souffler sur les braises du Djihad ».
Dans le même style à travers lequel le chef d’Al Qaida s’adressait à l’Amérique depuis les grottes de Tora Bora, le discours d’Iyad Ag Aly réserve la part belle à la France. Dans cette rhétorique, ce dernier pays est le symbole d’une puissance occidentale assimilable à un « ennemi de l’islam ».
Iyad Ag Aly passe en revue les « griefs » djihadistes contre la France en tant que « pays maudit » : « la lutte contre le Djihad », « les caricatures du Prophète ». Liant cette guerre contre la France au Sahel à celle qui, selon lui, lui est aussi faite par ses « propres jeunes ressortissants », il félicite en passant, ceux qui ont « tué les caricaturistes du Prophète », faisant référence aux attaques contre Charlie Hebdo. Réitérant son appel habituel à combattre la France, il insiste sur la nécessité stratégique d’étendre et d’internationaliser le djihad.
Par ailleurs, à travers une prise de position sans nuance, Iyad ag Aly se prononce sur la transition en cours au Mali en adoptant la même attitude d’esprit qu’avec les régimes précédents. En fait, dans la rhétorique djihadiste, l’Etat dans sa forme républicaine et laïque, ne peut être religieusement acceptable, qu’importe les acteurs qui en incarnent la gouvernance. Cela apparaît nettement dans cette allocution ponctuée de références et d’allusions se rapprochant de plus en plus du discours des ténors de l’Etat islamique et du djihadisme mondialisé.
… Connecter le front sahélien au djihadisme mondialisé, décrédibiliser et rejeter l’Etat laïc
« Nous nous inscrivons dans une guerre mondiale contre la mécréance mondiale …et le secours d’Allah est proche ». C’est par cette affirmation qu’Iyad Ag Aly marque une transition pour adresser ses félicitations aux Talibans d’Afghanistan faisant le lien entre l’action menée au Sahel et le djihadisme mondialisé qu’illustre bien ce « front » symbolique.
C’est au nom de cet appel à l’unification du Djihad dans la multiplication des fronts qu’Iyad Ag Aly exhorte « les différentes communautés » maliennes dans leur diversité, à s’unir autour de « l’instauration de la religion et de la charia » et s’éloigner de toutes les divergences et de tous les conflits. Il prône même avec insistance, l’instauration de la charia comme « seule solution de dépassement des conflits » et la réconciliation de toutes les communautés du Mali dans le cadre d’une revivification de la « fraternité islamique ».
… L’option du dialogue avec les groupes terroristes rejetée par l’un des principaux concernés
Dans ce même esprit, un autre appel est cette fois-ci lancé aux différents mouvements et fronts en rappelant qu’«il est temps de se conformer à la loi de Dieu et à bannir la démocratie ainsi que tous les accords » avec l’Etat « impie ». Il considère d’ailleurs que l’acceptation de l’Etat laïc et de sa gouvernance « n’a jamais aidé et à réaliser le développement du pays mais n’a fait qu’accentuer l’injustice et la servitude ». D’ailleurs dans son entendement, « la vraie libération ne se fera que dans le cadre de l’islam par la voie du Djihad, c’est seulement cela qui délivrera les créatures de l’adoration de leur alter ego ».
Bref, un rejet de toute forme de collaboration avec l’Etat séculier et à plus forte raison le dialogue avec celui-ci : un message clair en direction des autorités et de la communauté internationale mais certainement, aussi, à ceux qui pouvaient prôner un dialogue avec le JNIM ou ses factions.
Ce propos aussi incisif qu’édifiant sur une position tranchée contre le dialogue et la négociation avec les autorités, est conclu par une prière habituelle à la « malédiction » de la France, de l’Amérique, d’Israël et de la Russie de même que des « autres potentats arabes et étrangers du monde musulman ».
……………….
A travers les différents axes de ce discours, Iyad Ag Aly, réaffirmant son leadership incontesté au Mali où il demeure incontournable, apparaît comme un chef qui a voulu marquer un tournant par un discours de rupture. Certes, les derniers évènements importants au Sahel comme l’annonce du retrait de Barkhane, la réorganisation du dispositif français, de même que les évolutions politiques au Mali suite au second coup d’Etat au Mali, ont pesé sur l’orientation d’un tel discours.
Saisissant parfaitement les nouveaux enjeux, tels que les appels à des négociations avec les groupes terroristes maliens et le redéploiement des forces dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’inévitable redistribution des cartes politiques au Mali, Iyad Ag Aly s’affirme en unificateur de l’action djihadiste. La focalisation sur la France, de même que les attaques frontales et personnelles contre son Président, relèvent d’une ferme volonté de mettre la pression sur ce dernier qui croyait, par l’annonce du retrait de Barkhane, avoir mis en parenthèse le débat sahélien d’ici les élections. L’annonce de la reprise des opérations conjointes avec l’armée malienne, le 2 juillet dernier, a pu être assimilée, dans le discours d’Iyad Ag Aly, à un soutien de la France à ce qu’il appelle « un régime putschiste transitoire ».
Le rejet de toute idée de collaboration à celui-ci, de même que toute forme de dialogue, s’inscrivent dans une radicalisation des positions du chef du JNIM-GSIM qui croit pouvoir compter sur une jonction des fronts djihadistes au Sahel. L’idée agitée par Iyad Ag Aly d’une réunification et d’une réconciliation des Maliens à travers une retrouvaille autour de « l’instauration de la religion de la charia » émerge dans un contexte de recrudescence des affrontements intercommunautaires. Elle cadre aussi avec l’idéal d’une alternative islamique au Mali et au Sahel face à des régimes laïcs, « corrompus et injustes » auxquels il faudrait opposer le « modèle islamique ».
Au-delà d’une simple affirmation d’un leadership, cette démarche unitaire de même que la jonction prônée des fronts djihadistes procède de l’idée d’un plus fort ancrage dans le djihadisme mondialisé au moment où, après le retrait américain, les talibans n’ont jamais été plus proches de la prise de Kaboul, capitale de l’Afghanistan.
Toutefois, l’échec de l’expérience d’un dialogue avec les Talibans de même que le rejet sans nuance, par l’un des principaux concernés, de cette option tant de fois agitée ces derniers temps au Sahel, reposent avec grande pertinence le débat houleux sur la négociation que prônent certains avec les extrémistes violents.
Quand il s’agit de s’informer sur la pandémie de COVID-19, les Soudanais font peu confiance aux médias. C’est ce que révèle une enquête menée par le Timbuktu Institute et Sayara International en décembre 2020, où seulement 8% des personnes interrogées considèrent les journalistes comme des sources crédibles.
Il y a au Soudan une véritable crise de confiance dans les médias. C’est une des conclusions de l’étude réalisée par le Timbuktu Institute et Sayara International, destinée à analyser les perceptions et comportements des populations de huit pays du Sahel face à la pandémie (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Cameroun, Tchad et Soudan). D’après l’étude, seulement 29% des Soudanais interrogés font confiance aux journalistes, et ces derniers ne sont une source d’informations sur la COVID-19 que pour 8% des répondants.
Au Soudan, les populations traversent clairement une crise de confiance à l’égard des médias. Les proches de l’entourage sont une source d'information pour 49% des personnes interrogées, mais seulement 35% leur font confiance. En outre, les étrangers, fait pour le moins particulier, constituent une source d'informations sur la COVID-19 pour 25% des personnes interrogées, mais seulement 15% leur font confiance.
Les répondants ayant un niveau d'éducation du cycle primaire font également confiance à 69% aux leaders religieux et communautaires, 52% pour les personnes du secondaire. On note donc à ce niveau que les personnes les plus instruites ont moins tendance à faire confiance à leurs leaders communautaires. Par ailleurs, 39% des personnes interrogées obtiennent des informations sur la COVID-19 auprès d'agents de santé communautaires, de médecins ou de scientifiques et 77% d'entre elles leur font confiance. Cette confiance est plus élevée dans les zones rurales (84%) que dans les zones urbaines (72%).
Le cœur de la pandémie a été une période éprouvante pour les médias du monde entier. Entre la psychose générale et les fake news, la méfiance envers les médias s’est particulièrement accentuée. Le Soudan n’a pas échappé à cette situation. L’heure soudanaise est donc au travail pour recouvrer cette confiance perdue.
Max-Bill
Soumettez-nous une information, les journalistes du CESTI la vérifieront.
Menée en décembre 2020 en pleine pandémie de COVID-19, une étude réalisée par le Timbuktu Institute et Sayara International informe que les Soudanais font confiance aux canaux traditionnels que sont la télévision et la radio pour s’informer sur la COVID-19. Réalisée dans plusieurs pays du Sahel, cette étude se base sur un échantillon de plus de 4000 personnes
Selon les résultats de l’étude, les principaux canaux de réception sur la COVID-19 sont les sources en ligne (57%), la télévision (56%) et la radio (45%). Cela dit, les citoyens soudanais font, à part égale (66%), largement plus confiance à la radio et à la télévision. Les Soudanais accordent peu de confiance aux autres canaux d’information. Ainsi, les sources en ligne ont la confiance de 26% des Soudanais (29% pour les applications de messagerie) et, quant aux journaux, seulement 15% des personnes interrogées leur font confiance.
Les Soudanais font confiance à leurs chefs religieux
Les chefs religieux ou les leaders communautaires sont la source d'informations relatives à la COVID-19 pour seulement 18% des personnes interrogées au Soudan. Mais c’est 47% qui leur font confiance. Cette confiance est plus présente en zone rurale (51%) qu’en zone urbaine (43%). Les personnes mariées font davantage confiance aux chefs religieux ou communautaires (53%) que les célibataires (41%). Ce qui est compréhensible au regard de la place de l’institution matrimoniale dans un pays à 97% musulman. C'est la source auprès de laquelle les personnes interrogées ayant un niveau d'éducation inférieur au primaire obtiennent la plupart de leurs informations sur la COVID-19 (22%), et c'est la seule source à laquelle ce groupe fait confiance. En termes plus clairs, 59% d'entre elles font confiance aux leaders religieux/communautaires.
Somme toute, dans un contexte d’émoi suite à l’avènement de la COVID-19, les Soudanais, dans leur méfiance face aux médias, ont tout de même gardé le réflexe de s’informer sur les canaux traditionnels historiques, que représentent la télévision et la radio.
Selon une étude qui se propose d’analyser les comportements et perceptions des habitants du Sahel autour de la COVID-19, la moitié des Soudanais ne sont pas satisfaits de la réponse de leur gouvernement à la propagation de la COVID-19. Cette enquête a été menée par le Timbuktu Institute et Sayara International en décembre 2020.
Selon les résultats de cette étude réalisée sur un échantillon aléatoire de plus de 4000 personnes interrogées dans huit pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Cameroun, Tchad et Soudan), une écrasante majorité des Soudanais, soit 80%, sont insatisfaits de la gestion de la COVID-19 par leurs gouvernants.
D’après les entretiens conduits au Soudan, le sentiment d’insatisfaction des Soudanais serait dû à une campagne de sensibilisation à la COVID-19 menée par le gouvernement ayant utilisé des termes complexes et peu compréhensibles pour la majorité des Soudanais. De ce fait, 52% des personnes interrogées au Soudan pensent que leur communauté ne gère pas du tout bien la COVID-19, contre environ 20% dans le Bassin du Lac Tchad et dans le Sahara Occidental. « Les messages diffusés par le gouvernement pour les campagnes de sensibilisation à la COVID-19 n'ont pas atteint toutes les couches de la population. En fait, la terminologie utilisée était trop compliquée », selon l’une des personnes interrogées.
Seulement 35% des répondants se disent satisfaits de la réponse apportée par leur gouvernement, ce qui s’explique par la prise de mesures inadéquates. En outre, le système de santé soudanais est fragile et mal structuré, et le secteur médical est débordé en raison de la faible capacité générale des hôpitaux. Un état de fait accentué par la pandémie. Entre autres, le système de santé ne bénéficie pas d'un soutien financier suffisant ni de médicaments et d'équipements de protection individuelle (EPI).
Bien que 76 % des personnes interrogées font confiance à l'OMS, celle-ci n'est une source d'informations sur la COVID-19 que pour 26 % d'entre elles. En somme, même si une organisation comme l’OMS peut inspirer de manière générale une certaine confiance, les Soudanais ne se tournent pas systématiquement vers elles lorsqu’ils cherchent à s’informer. Dans un pays où la structure traditionnelle des rapports est encore présente, les populations vont plus vers leurs chefs religieux et communautaires.
Par: Max-Bill
Soumettez-nous une information, les journalistes du CESTI la vérifieront.
Certes, la situation qui a prévalu jusqu’ici en Tunisie, sous les responsabilités des islamistes du mouvement Ennahdha et de leurs alliés, ne pouvait pas durer; c’était une situation inconstitutionnelle et insupportable à plus d’un titre. Elle ne doit pas non plus être un prétexte pour imposer au pays un Etat d’exception qui peut déboucher sur l’instauration d’une dictature à l’instar de ce qui s’est produit en Egypte et partout où l’état d’exception a trop duré.
Par : M. Cherif Ferjani
Les problèmes dans lesquels s’est enlisée la Tunisie depuis des mois, voire des années, avec l’arrogance, le cynisme et l’incompétence des gouvernants et de l’ensemble de la classe politique, et avec l’aggravation des problèmes sanitaires, sociaux et économiques, la multiplication des explosions sociales qui ont culminé hier, dimanche 25 juillet 2021, jour anniversaire de la proclamation de la république, en 1957, et de l’assassinat jusqu’ici impuni du constituant Mohamed Brahmi, en 2013, ont rendu inévitables et prévisibles les décisions annoncées dans la soirée par le président Kaïs Saied : gel des activité et des prérogatives du parlement pour une durée de 30 jours, levée de l’immunité des députés et poursuites judiciaires contre tous ceux qui ont des affaires suspendues en raison de cette immunité, renvoi du chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Désormais, le pouvoir exécutif sera assuré par le chef de l’Etat avec l’aide d’un chef de gouvernement qu’il désignera lui-même, le pouvoir judiciaire sera placé sous son autorité pour garantir l’ouverture de tous les dossiers bloqués, et le pouvoir s’exercera sur la base de décrets présidentiels jusqu’à nouvel ordre.
Le président affirme que les décisions annoncées avaient été précédées comme l’exige la Constitution, par la consultation du chef du gouvernement et du président du parlement et qu’il s’engage à ne rien faire en dehors de la légalité constitutionnelle.
De leur côté, Rached Ghannouchi, son parti et ses alliés parlent d’un coup d’Etat et affirment qu’ils vont défendre la légalité et la révolution contre ce coup de force. Ils refusent le gel des activités du parlement qu’ils déclarent en réunion ouverte jusqu’à la fin de l’état d’urgence.
Si les deux parties tiennent à leurs positions, le pays risque de sombrer dans une guerre civile dont l’issue est imprévisible.
Si rien n’empêche Kaïs Saied d’aller jusqu’au bout dans la réalisation de son projet annoncé depuis sa candidature à la présidence, ce sera la fin de la transition démocratique et le risque de voir se reproduire en Tunisie le scénario égyptien. Rappelons que Sissi avait profité du coup d’Etat rampant des Frères musulmans, pour prendre le pouvoir et instaurer une dictature pire que celles que le pays avait connues ; une dictature qui dure depuis 2013 et qui n’épargne aucune opposition politique ou civile.
Certes, la situation qui a prévalu jusqu’ici, sous les responsabilités des islamistes et de leurs alliés, ne pouvait pas durer; c’était une situation inconstitutionnelle et insupportable à plus d’un titre. Elle ne doit pas non plus être un prétexte pour imposer au pays un Etat d’exception qui peut déboucher sur l’instauration d’une dictature à l’instar de ce qui s’est produit en Egypte et partout où l’état d’exception a trop duré.
Si le gel des activités du parlement est prévu pour 30 jours, avec la levée de l’immunité et la poursuite en justice tous ceux qui ont des affaires, aucun délai n’est annoncé pour la situation d’exception qui doit durer jusqu’à la fin des causes qui y avaient conduit, selon les termes du décret présidentiel promulgué dans la foulée du discours du chef de l’Etat. Rien ne garantit que cette situation ne durera pas au-delà de ce qui pourrait la rendre irréversible en considérant que les causes des décisions prises n’ont pas disparu.
Face aux deux risques auxquels le pays est exposé, les forces démocratiques et la société civile doivent se mobiliser et peser de toutes leurs forces pour fermer la porte à ces deux scénarios catastrophiques – la guerre civile et l’instauration d’une dictature – et exiger une feuille de route claire pour la sortie de l’état d’exception et pour l’organisation dans les meilleurs délais d’élections à même de donner aux pays des institutions démocratiques capables de gérer ses affaires et de la sortir de la crise dans laquelle il s’est enlisé depuis des années.
Les forces démocratiques et la société civile doivent également obtenir la tenue immédiate d’un vrai dialogue national dont émergeront des institutions provisoires appelées à superviser les prochaines élections et la refonte du contrat social de façon à sortir le pays d’une crise qui dure depuis au moins 10 ans.
Par : M. Cherif Ferjani président du haut conseil scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies.
Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga a appelé la population à une «union sacrée» après la tentative d’assassinat contre le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Minimisé par ce dernier, cet attentat est plutôt synonyme d’un climat politique toujours «tendu» dans le pays selon des observateurs joints par Sputnik.
«Une action isolée», c’est ainsi que le Président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, a qualifié la tentative d’attaque au couteau contre sa personne le jour de l’Aïd al-Adha, la fête musulmane qui a été célébrée le 20 juillet.
Le colonel Goïta s’était déplacé à la grande mosquée de Bamako ce jour-là pour sa première grande prière de circonstance en tant que Président, quand deux hommes l’ont attaqué, l’un d’eux étant armé d’un couteau. Les deux assaillants ont été arrêtés, mais leur identité de même que le mobile de leur acte ne sont pas encore connus. Une enquête a été ouverte.
L’air rassurant affiché par le Président de la transition malienne a contrasté avec l’attitude du Premier ministre, Choguel Maïga, qui s’est montré plutôt inquiet.
Intervenant le jour même sur la télévision publique malienne au JT de 20h, il a appelé les Maliens à une «union sacrée» autour des autorités de la transition, «pour prendre leurs destins en main».
«Aujourd’hui, plus que jamais, tout ce qui peut nous diviser doit être évité. Aucune considération d’ordre politique, d’ordre religieux, d’ordre régionaliste, d’ordre ethnique ne doit diviser les Maliens», a-t-il affirmé.
Cela pourrait être «l’heure de dépasser toutes les divergences qui existent actuellement entre les différents courants politiques», affirme à Sputnik le docteur Moulaye Hassan, enseignant-chercheur à l’université Abdou-Moumouni de Niamey et chef du programme Lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Centre d’études stratégiques et de sécurité du Niger.
D’après cet analyste, les autorités maliennes pourront saisir l’occasion de cette tentative d’assassinat «pour chercher un véritable consensus autour de la transition telle qu’elle est actuellement menée au Mali».
«Le Président actuel est loin de faire l’unanimité, aussi bien à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur. Beaucoup préfèrent le retour du pouvoir aux civils, car ils craignent que l’exemple malien ne soit dupliqué ailleurs en Afrique de l’Ouest», explique-t-il.
Bakary Sambe, directeur du think tank Timbuktu Institute basé à Dakar, reconnaît lui aussi que «le système politique malien est assez divisé et est en forte demande de réconciliation».
À titre d’exemple, il cite «le maintien en résidence surveillée des anciennes autorités de transitions déchues par la junte au pouvoir, c’est-à-dire Bah N’Daw, l’ex-Président de la transition, et Moctar Ouane, l’ex-Premier ministre».
«IL Y A UN FORT BESOIN QUE LES AUTORITÉS DE TRANSITION RASSURENT DAVANTAGE SUR L’ISSUE FAVORABLE DE LA TRANSITION», PLAIDE BAKARY SAMBE.
Cela pourrait passer par une «recomposition de l’équipe gouvernementale actuelle dominée par des militaires qui sont aux postes-clés». Une «prédominance» qu’il assimile à «un véritable problème».
Auteur de deux putschs en moins d’un an, le colonel Assimi Goïta est au pouvoir au Mali depuis sa prestation de serment devant la cour suprême le 7 juin dernier. Son premier coup d’État, qui remonte au mois d’août 2020, a eu raison du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le deuxième putsch a été perpétré en mai 2021 contre les autorités de la (première) transition mise en place après la chute d’IBK, et ce nonobstant l’opposition de la communauté internationale. Il est attendu que le pouvoir soit rendu aux civils aux termes d’élections prévues le 27 février 2022.