La Cérémonie de Clôture du Progamme Educating for Peace conduit par Timbuktu Institute avec le Soutien de l’Ambassade des Etats-Unis à Dakar aura lieu le lundi 4 décembre 2017 à 16H à la Maison de la Presse, (sise Corniche Ouest). Ce programme vient en appui aux efforts du Sénégal pour la cohésion sociale et la culture de la paix.

Conscient du rôle primordial de l’éducation dans la préservation de la paix, l’institut avait lancé ce programme il y a un an qui s’est adressé aux jeunes dans les collèges, les lycées et les universités en offrant des espaces de débats, de réflexion et de conscientisation en faveur du renforcement de la cohésion nationale.

Le Programme s’est déroulé avec une série élargie d’interventions sous forme de débats inclusifs sur la tolérance en donnant la parole aux jeunes (collégiens, lycéens, et étudiants) à travers l’organisation de discussions participatives afin de promouvoir et de renforcer la culture de la paix en s’appuyant sur les acquis considérables du Sénégal en termes de résilience communautaire.

Privilégiant la dimension participative, la cérémonie de clôture sera l’opportunité de présenter le bilan du Programme par les élèves et étudiants qui y ont participé à travers leurs réalisations en termes de messages pour la paix et contre l’extrémisme violent. Dr. Bakary Sambe, le directeur de l’Institut, y présentera une communication sur « Enjeux de la coopération entre le Sénégal et ses partenaires internationaux pour la prévention de l’extrémisme violent : quel rôle pour l’éducation ? ».

Son Excellence, Tulinabo Salama Mushingi, Ambassadeur des Etats-Unis à Dakar y prononcera une allocution en présence des autorités des autorités sénégalaises, des chefs religieux, du monde éducatif et artistique.

Lors de la cérémonie solennelle de Clôture du Programme « Educating for Peace », Tulinabo Salama Mushingi, Ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal a loué « les efforts de l’Institut Timbuktu dans la promotion des valeurs de paix »

Dans son allocution devant les jeunes étudiants sénégalais et les représentants de toutes les confréries religieuses du pays en plus du clergé, le diplomate américain est revenu sur l’action de l’Institut que dirige Dr. Bakary Sambe : « A travers l’organisation de nombreux évènements, dont celui d’aujourd’hui, l’Institut Timbuktu et l’Initiative Educating for Peace ont renforcé la notion selon laquelle l’Islam est une religion de paix ».

Soulignant la démarche novatrice de ce think tank africain, basé à Dakar, l’Ambassadeur des Etats-Unis est revenu sur l’importance du dialogue.

« En mettant l’accent sur le dialogue et l’interaction, une nouvelle génération va comprendre la valeur de l’échange – échange d’idées, de croyances et de pensées. En tant que société, nous devenons plus forts lorsque nous autorisons plusieurs voix », rappelle t-il

 Poursuivant dans le même sens il rappelle en citant le Président Kennedy : « l’un des présidents des États-Unis que je préfère, John F. Kennedy, a dit un jour: « Il nous appartient à tous d’encourager un esprit de tolérance, non seulement de la part du gouvernement, mais également entre les groupes au sein de la communauté».

 Tulinabo S. Mushingi saluant cette initiative qui a été réalisée grâce à l’appui de l’Ambassade des Etats-Unis à Dakar conclut par une analyse de l’action de Timbuktu Institute à travers ce programme : « Je trouve que c’est une description pertinente de l’Initiative Educating for Peace – il ne s’agit pas de changer l’opinion de quelqu’un, mais plutôt de comprendre la perspective d’autrui. Que ce soit à travers une vidéo sur You Tube, une marche avec des inconnus à Kaolack, un jeu avec un ou une camarade de classe à Mbour, ou un débat avec des étudiants qui ont des points de vue différents à Saint-Louis, Educating for Peace  a donné aux jeunes du Sénégal une alternative à l’idéologie extrémiste et au discours de haine ».

 Il a aussi tenu à adresser ses félicitations au Directeur de l’Institut et à ses collaborateurs en ces termes : « Aussi, je voudrais vous remercier, Dr Sambe, ainsi que vos nombreux collaborateurs et les élèves et étudiants eux-mêmes, qui ont été un élément clef de la réussite d’Educating for Peace ».

Timbuku Institute- African Center for Peace Studies et WANEP- Mali ont lancé, ce mardi, le projet de Recherche-Action sur « Contrer les risques de radicalisation violente des jeunes au Mali et au Sénégal ».

Les chercheurs maliens et Sénégalais ont salué l’appui du CRDI et « l’action du Canada en matière d’affaires étrangères et de développement investit dans le savoir, l’innovation et les solutions afin d’améliorer les conditions de vie dans les pays en développement ».

 La Cérémonie de lancement de ce projet de trois ans s’est déroulée en présence des autorités sénégalaises et des partenaires du Projet. Après l’allocution d’ouverture de Monsieur Abdoulaye Khouma représentant le Premier Ministre, Mohammed Boun Abdalla Dionne, Madame Ramata Molo Thioune,  a souligné l’engagement du CRDI à soutenir les recherches qui aident à la décision et qui éclaire les politiques publiques. Les travaux de validation ainsi que les discussions thématiques se poursuivront les 13 et 14 décembre aux Résidences Mamoune (VDN- Dakar).

La cérémonie a été rehaussée par la présence des chefs religieux de toutes confréries auprès du Conseiller technique du Ministre malien des Affaires religieuses et des personnalités de l’Eglise.

Il faut rappeler que, dans le cadre de sa mission, le CRDI apporte son soutien financier et technique à des travaux de recherche dans les pays en voie de développement en vue de « produire un changement réel et durable ». Les  savoirs endogènes ainsi produits peuvent servir d’outil pour résoudre des problèmes conjoncturels comme pour apporter des solutions durables.

Lors de l’atelier d’harmonisation méthodologique tenant lieu de lancement du Projet appuyé par le CRDI« Contrer la radicalisation violente des jeunes au Mali et au Sénégal », l’experte en Genre et Sécurité, Mme Ndèye Amy Ndiaye, chercheure associée à Timbuktu Institute a insisté sur les aspects méthodologiques et la formulation des questions de recherche.

Pour la chercheure « Étudier les phénomènes de radicalisation violente à travers le prisme du genre, c’est finalement se donner l’occasion de mieux comprendre comment ceux-ci s’implantent dans un monde social qui n’est pas vécu de la même manière par les hommes et les femmes ».

Au Mali comme au Sénégal, les jeunes sont devenus des proies faciles à tous les groupes criminels et terroristes qui s’activent dans le Sahel ces dernières années, insiste t-elle.

Dr. Ndèye Amy Ndiaye rappelle à cet effet que pour le Mali: « l’étude faite sur une population féminine moyennement jeune par Timbuktu révèle les causes principales :   47% des femmes interrogées estiment que la pauvreté alimente la radicalisation, 40% des femmes pensent que les jeunes sévissent dans la radicalisation par manque d’emploi. Le manque d’éducation 6% et l’exclusion sociale 7% viennent en dernière position »

L’experte en questions de sécurité a tenu à souligner que le projet de recherche devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la recherche et les politiques publiques de jeunesse prenant en compte.

« Contrer les risques de radicalisation violente des jeunes au Mali et au Sénégal », c’est autour de ce thème que des spécialistes de la sous-région ont tenté de comprendre les facteurs de vulnérabilité dans les zones frontalières qui poussent les jeunes à s’adonner à la violence. C’était au cours d’un atelier régional organisé par Timbuktu Institute, en partenariat avec le Wanep et le Crdi.

Les risques de radicalisation méritent une recherche anticipée de solutions. C’est dans ce cadre que Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies inscrit sa ligne d’actions. L’échec des systèmes de gouvernance et les résultats mitigés des politiques publiques dans la plupart des pays du Sahel ont donné naissance à des phénomènes de marginalisation et de paupérisation de couches vulnérables parmi lesquelles figurent les jeunes. En réponse à cette problématique, des chercheurs s’engagent avec d’autres partenaires à cerner les facteurs de basculement des jeunes dans le radicalisme.

L’atelier régional de lancement et de validation méthodologique du projet recherche-action ouvert à Dakar entre dans cette perspective. Ledit projet se déroulera sur une période de trois ans. Selon le directeur de Timbuktu Institute, Dr Bakary Sambe, cette recherche s’adresse sur les zones frontalières du Mali et du Sénégal, deux pays qui ont leurs spécificités, un d’entre eux connaît déjà le phénomène de manière très avancée et l’autre étant dans une stratégie de prévention. Pour se placer en amont de l’intervention et des mesures sécuritaires, Timbuktu Institute ou le West african network for peace (Wanep), sous la couverture de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et avec l’appui du Crdi, fait de ce projet de recherche-action un moyen de produire des connaissances mobilisables pour accompagner les politiques publiques, mais surtout de se situer dans l’action de prévention.  « Au-delà des difficultés d’ordre économique et politique qui minent la plupart des pays africains, le continent se trouve aujourd’hui confronté à un nouveau type de menace qu’est la  violence extrémiste », a expliqué le directeur de Timbuktu Institute, qui ajoute que « la porosité des frontières entre pays amplifie cette tendance lourde et fait de ce phénomène un enjeu sous-régional ». D’où l’intérêt de développer des stratégies régionales. A en croire M. Sambe, les attentats au Burkina- Faso à partir des frontières maliennes, celui au Grand-Bassam en Côte-d’Ivoire à travers les mêmes frontières maliennes ont signé la fin des exceptions en Afrique. Cet atelier régional a enregistré la présence du conseiller technique du ministre des Affaires religieuses et du Culte du Mali et du représentant du Premier ministre sénégalais.

Abdoulaye Khouma a tenu, au nom de Mahammed Boune Abdallah Dionne, à rappeler l’intérêt de notre pays pour toutes ces initiatives en faveur de la paix et du maintien du modèle de stabilisation du Sénégal. Quant à la spécialiste de programme principal au Crdi, Ramata Thioune, elle a réitéré l’engagement de son agence à poursuivre son action de soutien pour la recherche dans des domaines stratégiques dans le dessein de comprendre les facteurs de vulnérabilité dans les zones transfrontalières, à travers une approche comparative dans les deux pays concernés.

Source: le Soleil

Entretien: Les derniers développements sur les questions liées au terrorisme convoquent la visite du Président français, Emmanuel Macron au Niger. Le triptyque sécurité, démocratie et développement a le vent en poupe dans les chancelleries occidentales. La France n’y échappe pas en donnant une date butoir, le premier semestre de 2018, pour l’éradication du djihadistes dans cette partie de l’Afrique. Dans cet entretien, Bakary Sambe l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique dissèque avec profondeur les menaces qui pèsent sur les pays de la région avec le danger qui germe au sud de la Libye tout en formulant des recommandations pour le Sénégal.

Que comprendre quand Emmanuel Macron, Président de la France en visite au Niger, soutient qu’il est indispensable « d’innover d’avantage » dans la lutte contre le terrorisme?

Il est sûr que la seule option militaire classique dans le cadre d’une guerre asymétrique a montré ses limites depuis longtemps comme l’ont montré les expériences américaine en Afghanistan et française au Nord-Mali malgré la brève victoire de Konna, une bataille gagnée qui n’a pas mis fin à la guerre. Je disais dans un récent article de le revue France Forum qu’il faudrait plus d’inventivité face à une nébuleuse qui s’adapte et dépasser la solution du strictement militaire qui, en plus d’être inefficace et non durable, peut même être contre-productive en provoquant de la radicalisation par frustration avec ses ratés et bavures. La surenchère militaire qui ne semble pas s’inverser mériterait au moins d’être nuancée par des solutions alternatives avec pour socle la prévention en amont et des solutions de sortie du djihadisme tel que le Niger l’a imaginé avec les repentis de Boko Haram dans les régions de Bosso, Nguigmi et surtout Diffa.
J’ose espérer que l’innovation dont parle Macron ira dans ce sens surtout que le sommet de Dakar sur l’éducation se prépare activement en février depuis l’appel du Président Sall, lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU. Le choix est clair : soit prévenir aujourd’hui par l’éducation, la justice sociale et la résorption des inégalités criantes ou continuellement intervenir inefficacement, à risque et de manière plus coûteuse sachant que l’opération Barkhane absorberait 600 millions d’euros par année des caisses déjà largement déficitaires.
Cependant, certains évoquent la possibilité d’intervenir dans le Sud Libyen où la France semble ne pas vouloir agir directement. Certes, le triptyque « Sécurité, démocratie, développement » semble avoir le vent en poupe dans les cercles diplomatiques aussi bien en France que chez ses partenaires du Sahel. Et si on commençait par la fin ou inversait l’ordre ?

Pourquoi le combat contre le terrorisme au Sahel est-il « essentiel »?

Hannah Armstrong, chercheuse au New America’s International Security Program, estimait que 3 000 djihadistes étaient actifs au Sahel déjà en septembre 2014. Les fronts se multiplient dans ce Sahel et ses points stratégiques si l’on sait que déjà plus de 300 hommes d’Al-Mourabitoune et d’Aqmi sont déjà repérés dans le Sud de Libye qui est une véritable base arrière à partir de laquelle la circulation des armes s’organise depuis le Tibesti jusque dans les massifs de l’Aïr en passant par le plateau de Djado. Aboul Walid Al-Sahraoui ne serait pas non plus hors course dans ce jeu de positionnement qui viserait le Kwar nigérien.
D’ailleurs, le Niger et le Tchad en sont conscients et le débat secoue les Etats-majors français entre les partisans d’une intervention jusqu’en Libye et ceux qui redoutent les contrecoups ingérables d’une opération militaire de plus sans « service après-vente ».
Les Américains eux sont discrètement positionnés à Agadez et ailleurs sous forte crainte des développements imprévus en Algérie. Tous ces éléments font que la guerre qui se mène au Sahel est essentielle pour la sécurité des pays de la région mais aussi pour les intérêts stratégiques de la France qui n’intervient pas seulement au « secours de ses amis ».
Macron a bien dit dans le discours de Niamey que c’est au Sahel que se jouait en partie la sécurité de la France et une partie de son « avenir ». Mais pour nos pays, c’est là, aussi, où se joue notre sécurité de demain et déjà d’aujourd’hui. Aucun de nos pays ne pourrait échapper aux conséquences d’un second chaos libyen.

« Le premier semestre 2018 doit donner lieu à des victoires [militaires] claires contre les terroristes », affirme Emmanuel Macron. Quels sont les facteurs explicatifs d’une éventuelle situation, sinon quels en seront les problèmes auxquels il risque de se confronter sur le terrain?
Le Président Macron dit cela en parfaite conscience du danger imminent qui proviendra de la Libye dont le Sud est déjà refuge des groupes djihadistes. Je fais partie de ceux qui pensent que l’opérationalisation accélérée de la force conjointe du G5 Sahel entre dans le cadre de la stratégie qui se met en place pour étendre le champ d’intervention vers le Sud de la Libye. C’est seulement le modus operandi qui se discuterait encore. Serait-elle sous la forme d’une guerre préemptive à la Bush ou d’une suite d’incursions coordonnées entre les forces du G5 et celles de Barkhane ? Ou bien va-t-on vers une Otanisation (OTAN) de Barkhane tel que pourrait le suggérer l’invitation des autres militaires américains et allemands lors du discours de Macron au Niger ? Toutes ces questions se posent avec autant d’acuité si l’on prend en considération les alertes américaines sur les retours imminents de milliers de djihadistes africains du front syrien largement maîtrisé par la coalition internationale.
Dans un tel contexte qui se complexifie davantage pour notre défense et notre sécurité de manière générale, je ne peux que réitérer mon plaidoyer pour que notre pays, le Sénégal, se dote d’une stratégie nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Les premiers procès de présumés djihadistes sur notre sol avec tant de difficultés et de complexités juridiques qui vont surgir montrent à suffisance qu’il est temps de mettre en place une stratégie coordonnée et inclusive avec comme socle de véritables politiques préventives.

Source : 24 HEURES/ Timbuktu Institute