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Source : Météo Sahel Septembre 2024
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Plus d’un an après le putsch militaire qui l’a renversé, le Président Mohamed Bazoum et son épouse sont toujours détenus dans le camp de la garde présidentielle dont l’ancien Commandant est le principal leader du coup d’État du 23 juillet 2023. Cette détention est, depuis lors, dénoncée par les dirigeants africains, la communauté internationale et les défenseurs des droits de l’homme. Dernièrement, d’illustres personnalités dont des Prix Nobel de littérature comme l’écrivain nigérian Wole Soyinka et le médecin congolais Denis Mukwege ont appelé à la libération du Président Nigérien dont l’immunité a été levée par une « Cour d’État » qui s’est substituée au Conseil d’État et à la Cour de cassation.
Parmi les conséquences du putsch militaire, figure le retrait des troupes américains du territoire nigérien. Cet évènement marque une nouvelle page de la coopération américano nigérienne sans toutefois la rompre. C’est dans cette logique qu’une délégation du Congrès américain a rencontré le 6 septembre, le Ministre d’État nigérien, ministre de l’intérieur et de la Sécurité publique, pour discuter des nouvelles bases et des orientations de la coopération bilatérale qui devrait s’élargir davantage à d’autres domaines comme le développement économique et social, en respectant la souveraineté du Niger.
Par ailleurs, les groupes terroristes continuent de décimer les populations avec des attaques ciblées touchant également les forces de défense et de sécurité. En effet, on dénombre 12 autres militaires tués et une trentaine de blessés dans trois attaques survenues les 15, 16 et 17 à l’est, l’ouest et au nord du pays. Plus d’une centaine d’assaillants ont été neutralisés dans la riposte et parmi les cibles des groupes criminels, figurent le camp militaire et le poste de gendarmerie de la localité de Chirfa, à Agadez vers la frontière libyenne. Néanmoins, le 16 septembre, à Tillabéry, dans la zone des trois frontières, au sud-ouest du pays, quatre terroristes ont été arrêtés dans le cadre d’une mission de reconnaissance menée par les forces de défense et de sécurité. Ces derniers ont été remis à la cellule antiterroriste pour les besoins d’enquête et la poursuite des procédures judiciaires. En outre, dans le cadre de l’opération Lankal kaney, une mission spécifiquement dédiée à la sécurisation des activités agricoles, les déploiements des forces de défense et de sécurité à TiIlabéri se sont positivement soldés par une récupération de 220 têtes de bétail et la neutralisation d’une soixantaine de terroristes et d’un espion.
Pour rappel, le Niger, comme plusieurs pays du sahel, fait face à des attaques récurrentes de groupes terroristes. Malgré la création de la Confédération des États du Sahel, la menace sécuritaire plane toujours sur le pays. Ainsi, en vue de mieux lutter contre le terrorisme, le Gouvernement a mis en place, en fin août, un fichier national dont les personnes ou entités qui y seront inscrites verront leurs avoirs financiers gelés, seront interdits de sortie du territoire et de se s’y déplacer. Une déchéance provisoire ou définitive de la nationalité est également prévue parmi les mesures.Ces dispositions témoignent de l’engagement du Niger à faire usage de tous les moyens possibles pour garantir la paix et la stabilité en faisant face aux menaces sécuritaires multiformes.
L’autre actualité qui secoue le Niger depuis quelques semaines est la mystérieuse disparition du journaliste ivoirien Serge Marthurien Adou le 31 août et l’information récente sur son arrestation par la police nigérienne. Correspondant sportif pour la BBC et journaliste à la chaine Canal 3, Adou avait reçu une convocation de la police judiciaire à laquelle il répondait avant de ne plus donner de ses nouvelles pendant des semaines. Les réactions n’ont cessé de se multiplier jusqu’à la révélation du Ministre de la Sécurité du Burkina Faso, Mouhamadou SANA, qui faisait état d’une implication du journaliste dans un projet de déstabilisation de la région sahélienne.
L’union des journalistes de la presse libre africaine et l’union nationale des journalistes de Côte d’ivoire avaient exprimé leur inquiétude face à cet événement inédit mais le Cadre d'Action des Professionnels du Médias au Niger, dans son dernier communiqué, a jugé nécessaire de ne manifester aucun soutien à leur confrère tant qu’il n’est pas innocenté. De son côté, le Gouvernement ivoirien a annoncé s’être autosaisie de l’affaire.
Les autorités ivoiriennes et nigériennes saisies officiellement, suivent de près ce dossier qui continue de défrayer la chronique en risquant de mettre à l’épreuve les relations diplomatiques entre la Côte d’ivoire et l’Alliance des États du Sahel, le Niger et le Burkina Faso surtout, mais aussi entre le Niger et le Burkina Faso.
D’autres relations diplomatiques assez tendues concernent le Nigéria avec qui le Niger s’était un peu éloigné depuis le coup d’Etat de juillet 2023 qui a porté le Général Tiani au pouvoir. Cependant, la situation sécuritaire de la région et les divers défis que les deux pays ont en commun recommandent un partenariat stratégique et privilégié. La rencontre de haut niveau, en fin août, entre le Chef d’État-major nigérian, le Général Christopher Musa et son homologue nigérien, le Général Moussa Salaou Barmou, entre dans cette logique en vue d’une normalisation des relations entre Niamey et Abuja. Les deux pays ont souligné « la nécessité de maintenir et d’étendre la coopération existante, y compris les opérations militaires conjointes, l’échange de renseignement et la coordination tactique ». La reprise de cette étroite coopération est d’autant plus pertinente qu’avec le Tchad et le Cameroun, ils forment la Force Multinationale mixte (FMM), un organe de lutte contre la criminalité financière et le terrorisme.