Nigeria : Le pays est-il en train de replonger dans l’insécurité ? Spécial

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Source : Météo Sahel Septembre 2024

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Un si long calvaire. Tel est, depuis plusieurs années maintenant, le quotidien des populations au nord du pays, où le groupe terroriste Boko Haram continue de semer la terreur. Dès le premier jour du mois, 127 personnes ont été tuées dans une attaque attribuée à Boko Haram, selon un bilan d’Amnesty International. « Environ 150 assaillants, armés de fusils et de grenades, ont attaqué à moto le village de Mafa, situé dans l’État de Yobe, incendiant des maisons en chaume et brûlant vifs ceux qui s'y cachaient », rapporte l’Agence France Presse (AFP). Ce sanglant raid semble être des représailles après l’assassinat de deux membres de Boko Haram par des groupes d'autodéfense locaux. Ces derniers sont régulièrement accusés de collaborer avec l’armée nigériane dans sa lutte anti-terroriste. Depuis son début en 2009, le conflit engendré par l’insurrection djihadiste, a déjà fait plus de 40 000 morts. 

Déjà gangrené par une grande insécurité, l’Etat du Borno au nord-est, doit maintenant faire face à de terribles inondations. En effet, le 10 septembre, des pluies torrentielles ont entraîné la rupture du barrage d'Alau sur la rivière Ngadda, à vingt kilomètres au sud de Maiduguri, capitale du Borno. Bilan : au moins 30 personnes mortes et plus d’un million d’habitants impactés dont des centaines de milliers dans des camps de déplacés. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), « plus de 55 000 hectares de terres agricoles ont été inondés » en 2024 dans tout le pays, et surtout dans le nord-est, déjà en proie à une insécurité alimentaire chronique. Ces averses diluviennes ont par la même occasion, provoqué l'effondrement des murs de la prison de Maiduguri, causant l’évasion de 281 détenus, selon les autorités nigérianes. 

Deux jours avant, une explosion d’un camion-citerne a fait au moins 59 morts, dans l'État du Niger au nord. Selon le communiqué de l'Agence de gestion des urgences de l'État du Niger (Nsema), « l’incident s'est produit lorsqu'un camion-citerne chargé de PMS (carburant) est entré en collision avec un camion-remorque chargé de voyageurs et de bétail. » De plus, 50 bovins ont été également brûlés vifs par l’explosion. Ces explosions sont malheureusement fréquentes. Selon le FRSC (Creating Safe Road in Nigeria) - le corps fédéral de sécurité routière du Nigeria - en 2020, 1 531 accidents de camions-citernes ont fait 535 morts et 1 142 blessés.

Par ailleurs, une trentaine de personnes arrêtées lors des manifestations le mois dernier contre la pauvreté et la mauvaise gouvernance, ont comparu devant la justice. Des procès se déroulent dans plusieurs villes, notamment Abuja, Kano, Kaduna et Gombe. Parmi les accusés, certains leaders du mouvement #Endbadgovernance (« Mettre fin à la mauvaise gouvernance ») sont poursuivis pour « trahison, incitation à la violence et tentative de déstabilisation des institutions », des accusations jugées excessives par Amnesty International. L'organisation estime que ces procès visent surtout à dissuader toute nouvelle mobilisation. Par la suite, dans une décision prononcée le 11 septembre, la Haute Cour fédérale d'Abuja a accordé une libération sous caution de 10 millions de nairas (plus de 3,5 millions de FCFA, ndlr) pour les dix accusés de trahison.

Enfin, les avocats du leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu fustigent « le violation de ses droits ». Le 27 septembre, renseigne RFI, quatre membres de la défense du leader biafrais ont vu l’accès à leur client refusé, sans explication. Pour rappel, Nnamdi Kanu est accusé depuis 2015, de charges terroristes. En août dernier, la Cour suprême du pays avait annulé le jugement d’octobre 2022 d’une cour d’appel d’Abuja, acquittant le leader du groupe sécessionniste IPOB (Peuple indigène du Biafra). Nnamdi Kanu avait déjà été incarcéré entre entre 2015 et 2017, puis a passé deux ans et demi en détention, depuis juin 2021.