Sénégal : Vers une domination du PASTEF à l’Assemblée et du champ politique sénégalais Spécial

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Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Après la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et l’annonce des élections législatives anticipées qui se sont déroulées le 17 novembre 2024, la campagne électorale a été officiellement lancée le dimanche 27 octobre à 00h et s’est poursuivie jusqu’au 15 novembre. Au total, quarante et une listes de coalitions et partis politiques se sont disputé 165 sièges à l’Assemblée nationale avec un enjeu crucial pour le parti au pouvoir. « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise », avait déclaré le Président Sénégalais. Les coalitions et partis politiques ont respectivement démarré leur campagne avec un itinéraire bien défini. Des alliances dont on peut retenir spécialement quatre, devaient s’affronter pour le contrôle de l’Assemblée nationale. Le Premier ministre Ousmane Sonko, chef du parti Pastef les Patriotes et tête de liste, devait faire face à d’autres coalitions avant de triompher à l'issue de ces élections en remportant le maximum de sièges à l’Assemblée nationale. La décision du Pastef de se présenter seul aux élections était une trouvaille politique d’Ousmane Sonko pour tester sa popularité auprès des Sénégalais, d’autant plus que cette campagne électorale était, pour lui, fondamentale pour l’avenir du « Projet » du Pastef. Parmi les coalitions de l’opposition, la coalition « Sam sa Kaddu » se distinguait comme celle qui aura attiré le plus l’attention et qui était vue comme pouvant faire pencher la balance malgré ses résultats finalement loin des attentes de ses leaders. Elle était constituée d’Anta Babacar Ngom, Pape Djibril Fall et Khalifa Sall qui étaient candidats à l’élection présidentielle, avec le soutien du Parti d’Unité, de Rassemblement (PUR), de Taxawu Sénégal, et de Gëm Sa Bopp de Bougane Gueye, un leader émergent. Ce dernier avait d’ailleurs fait l’objet d’une arrestation et a écopé d’une condamnation d’un mois d’emprisonnement d’un mois avec sursis pour avoir voulu forcer le barrage des gendarmes et se rendre à Bakel pour soutenir les sinistrés des inondations. Pour rappel, le sud-est du pays, notamment Bakel et Kidira, était placé en vigilance orange avec des milliers de populations déplacées à cause des inondations dues au débordement du fleuve Sénégal et de la Falémé, un de ses principaux affluents.

Pendant ce temps, Amadou Bâ, l’ancien Premier ministre de Macky Sall était aux commandes de la coalition Jam ak NJariñ avec le soutien de Aminata Mbengue Ndiaye du Parti socialiste. Les Libéraux se retrouvaient dans la coalition Tàkku Wàttu Sénégal sans Idrissa Seck mais avec Abdoulaye Wade et Macky Sall. À se demander si la hache de guerre ne serait pas définitivement enterrée entre le PDS de Karim Wade et Macky Sall ? En tant que tête de liste de Takku wallu Sénégal, Macky Sall signait ainsi son retour sur la scène politique alors que la question de son presqu’improbable jugement devant la Haute Cour de Justice est agitée par certains militants de Pastef. « On a les moyens de lui faire payer ; on va lui faire payer ! Il a fait des choses extrêmement graves, qui sont là. La documentation est là. Les personnes avec lesquelles il dealait sont là. Les gens qu’il a pu sacrifier sont là ; et ce sont des gens qui vont témoigner contre lui, ce sont des gens qui vont sortir des documents probants contre lui ! », menaçait le DG de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keita.

Les résultats provisoires des élections législatives ne souffrant pour l’heure d’aucune contestation placent le Pastef d’Ousmane Sonko largement en tête avec, en perspective, une majorité écrasante sans véritable contrepoids au sein de l’Hémicycle. Le nouveau régime dispose ainsi de toutes les cartes en main pour gouverner et dérouler la vision 2050 présentée quelques jours avant l’ouverture officielle de la campagne.

Sonko- Diomaye : Un duo menacé par la dualité ? Entre fantasmes et réalité politique

La question que les observateurs se posent est celle de savoir si le scénario de rupture que prône le régime de Bassirou Diomaye Faye est réaliste. En effet, le projet Vision Sénégal 2050  a été présenté par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko le 14 octobre 2024 au centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. Un projet ambitieux symbolisant une jeunesse enracinée qui envisage de manière plus sereine l’avenir, pour paraphraser les propos des autorités. Le doute sur le réalisme de la « rupture » peut être endigué par la renégociation des contrats pétroliers et gaziersavec les multinationales, entamée depuis le début du second semestre par le Président de la République qui, à cet effet, a mis en place un comité d’examens des contrats stratégiques composé de hauts cadres de l’administration sénégalaise. Pendant ce temps, le prêt de 1,8 milliards de dollars que le Sénégal avait validé avec le FMI depuis juin 2024 n’a apparemment toujours pas été encaissé et cela pourrait entraver le projet Vision Sénégal 2050. D’autant plus qu’une agence de notation américaine a classé le Sénégal sous surveillance après l’audit des finances publiques sénégalaises présenté en conférence de presse par le Premier ministre Ousmane Sonko et le Ministre de l’économie Abdourahmane Sarr qui auraient décrit une situation inquiétante des finances du Sénégal imputable à l’ancien régime dirigé par Macky Sall.

En outre, le Sénégal reste plus que jamais confronté au phénomène de l’émigration irrégulière. En effet, le 21 octobre, une pirogue transportant 150 migrants aurait disparu dans l’atlantique. Malgré le soutien d’associations d’aides aux exilés, le bateau était introuvable depuis au moins 10 jours.