Mali : Les nouveaux généraux, Wagner et les interrogations sécuritaires Spécial

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Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Au Mali, l’actualité du mois d’octobre est marquée par la montée en grade du Colonel Assimi Goïta suite à une décision prise en conseil des ministres le 16 octobre 2024. Élevé au rang de Général d’armée cinq étoiles, il devient le plus haut gradé du pays après Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré qui ont tous accédé au pouvoir par coups d’État. Durant cette cérémonie de consécration, le Général Assimi Goïta a également élevé au rang de général de corps d’armée les cinq officiers qui ont participé au renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020 et, dans la foulée, le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga au rang de général de division. Malgré la question sur sa probable participation à la prochaine présidentielle sur laquelle il ne s’est toujours pas prononcé malgré la proposition de ses soutiens dans les recommandations à l’issue des journées de consultation initiées par le pouvoir, le Président malien de la transition a tenu à faire une parade en pick-up au grand bonheur de ses sympathisants sortis nombreux pour l’acclamer.

Les opposants du régime du désormais Général Assimi Goïta, dénoncent une auto-élévation de la part du président de la transition et de ses lieutenants. C’est ce que dénonce l’ancien Premier ministre sous IBK, Moussa Mara qui se prononce désormais de façon discrète, parfois anonyme pour éviter la répression. « Je suis doublement peiné. La première peine, c’est que les traditions maliennes font qu’on ne s’élève pas soi-même, ce sont les autres qui nous élèvent. Le fait de se gratifier, cela diminue grandement le mérite de la gratification », a-t-il affirmé.

L’ère de la nationalisation semble être une réalité même dans le domaine des télécommunications au Mali. Alors que le Gouvernement Malien réclame 165 milliards de francs CFA à la SOTELMA, celle-ci lui réclame à son tour de l’argent. Dans cette confrontation, la société qui constitue avec Orange, les deux plus grands opérateurs de téléphonie au Mali, risque de se faire retirer sa licence qui expire cette année. Pour rappel, le ministre Malien Alousseni Sanou a catégoriquement refusé la compensation proposée par SOTELMA au motif qu’il s’agirait de « charges de natures différentes dont les montants ne sont pas encore validés. » Après avoir révélé au grand public le nouveau code minier en 2023, le gouvernement de transition malien fait face à toute compagnie minière présente dans le pays pour un respect strict dudit code. Résultat : trois producteurs d’or actifs au Mali que sontAllied Gold, B2Gold et Robex ont pris la décision de faire passer leurs opérations dans le strict respect du nouveau code minier

Au Mali, comme dans les deux autres pays membres de l’AES, les attaques meurtrières n’arrêtent pas de se multiplier malgré les initiatives de l’organisation, malgré la collaboration entre les militaires et les mercenaires russes du groupe Wagner. En effet, après les attaques du JNIM en septembre à Bamako et les affrontements entre l’armée malienne et les mercenaires de Wagner contre les rebelles indépendantistes du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), les relations entre les FAMA et les la Russie semblent se détériorer.

Après la reprise de Kidal en Novembre 2023, les forces armées maliennes poursuivent leur reconquête du territoire national qui est l’une des priorités du gouvernement de transition depuis 2020. En effet, les affrontements d’une grande envergure en juillet entre les militaires maliens et leurs alliés russes contre les séparatistes du Nord, auraient fait beaucoup de victimes tant du côté de l’armée malienne que du côté des séparatistes situés à Tinzawaten au niveau de la frontière avec l’Algérie. « Les combattants de l'Azawad contrôlent la situation à Tinzaouatene et plus au sud dans la région de Kidal. Les mercenaires russes et les Forces armées maliennes (Famas) ont fui. D'autres se sont rendus », a annoncé à l'AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane qui est le porte-parole du CSP-DPA. Alors que les séparatistes parlaient d’un hélicoptère de l’armée malienne touché et qui se serait écrasé au sol, les militaires maliens parleraient d’un « atterrissage d’urgence » de l’hélicoptère. Lorsque l’AFP annonce : « Les gens du CSP sont toujours à Tinzaouatene. L'armée et Wagner n'y sont plus », était-ce pour annoncer un échec de l’armée malienne ? Le cas contraire, l’on pourrait se demander à quelle titre l’armée malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner ont mené une opération offensive qualifiée de « Vengeance » par Jeune Afrique ? Pour sa défense, l’armée malienne aurait mené cette opération en octobre 2024 dans l’optique de récupérer les corps des soldats tombés lors des derniers affrontements. C’est à se demander si la collaboration entre l’armée malienne et le groupe Wagner est favorable à la stratégie de récupération du territoire par le gouvernement de transition au Mali 

Certains évoquent même les prémices d’une rupture de la collaboration. Et pour cause, certains hauts-gradés de l’armée malienne se seraient plaint du comportement des mercenaires russes qui, dans les boucles de Telegram, parleraient d’un « manque de professionnalisme » des militaires maliens. Selon Mathieu Olivier dans décryptage en vidéo, « Depuis l’arrivée de Wagner, il y a toujours eu une forme de mépris de la part des mercenaires russes envers l’armée malienne. Ils sont arrivés dans une position de sauveurs et, donc, ils n’avaient pas une très bonne image de l’armée malienne ». À en croire M. Olivier, les deux alliés ne seraient pas partis sur un mauvais départ. Pendant qu’on parle de rupture entre le Mali et le groupe Wagner, le Président sénégalais qui a été désigné par la CEDEAO facilitateur de ses relations avec l’AES a confié cette tâche à son envoyé spécial Abdoulaye Bathily qui s’est d’abord rendu au Burkina Faso, puis au Mali pour leur témoigner de toute la solidarité du Sénégal quant aux nombreuses attaques terroristes auxquelles les pays de l’AES font face.

Tandis que la demande de mise en liberté provisoire d’Étienne Fakaba Cissoko accordée par le juge lui a été refusé par le parquetdu fait de la gravité des faits dont il est accusé, l’une des voix crique du pouvoir voit sa santé se dégrader du fait des difficiles conditions de sa détention. Pour rappel, il a été accusé d’« atteinte au crédit de l’État », « injures » et « diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique ».

En plus des nombreux défis que le Mali doit relever, le pays fait face à des inondations aux bord du fleuve à Bamako et surtout à Gao dans le Nord qui affectent l’agriculture avec des champs submergés, mais qui risquent de retarder la rentrée des classes déjà reportée au 04 novembre 2024 avec près de 400 écoles inondées ou endommagées. Il semble difficile de trouver des espaces d’accueil pour tous les sinistrés dans un pays qui compte au moins 330 000 déplacés. Le Bilan est passé à 84 morts avec des prévisions inquiétantes de la météo.