Bénin : Boko-Homéky, une affaire à tiroirs Spécial

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Source : Météo Sahel Octobre 2024

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Au Bénin, l’actualité a été fortement marquée par des rebondissements dans le feuilleton de la tentative présumée de coup d’Etat des anciens proches du président Talon, Olivier Boko et Oswald Homéky. Le 23 octobre, l’homme d’affaires béninois Olivier Boko a comparu de nouveau à la barre de la commission d’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). L’audience devait être suivie d’une nouvelle convocation, prévue deux jours plus tard. Mais les avocats de l’homme d’affaires béninois ont pu obtenir un report d’une semaine. Par ailleurs, le commandant de la garde républicaine Dieudonné Tévoédjrè, qui avait été relâché dans la foulée des arrestations de Boko et de Homeky, a été lui aussi, une fois de plus, écouté par la chambre d’instruction de la Criet. Il l’avait déjà été, le 1er octobre 2024. Dans les jours qui ont suivi l’arrestation de Boko, le coordonnateur des réseaux, Hosée Houngnibo n’a pas manqué d’exprimer son indignation sur les réseaux sociaux. Lundi 7 octobre, il a été arrêté par des agents du Centre National des Investigations Numériques (CNIN), pour des faits « d’incitation à la rébellion et de harcèlement par voie électronique. » Une semaine plus tard, il est placé sous mandat de dépôt après avoir été présenté à la Criet.

Pour autant, le feu de la controverse au sujet de cette présumée tentative de putsch, reste loin d’être éteinte au sein de la classe politique, en l’occurrence, au sein de l’opposition. Selon l’ancien ministre Candide Azanaï – désormais opposant - , la thèse du complot paraît peu vraisemblable et aurait plus affaire à « montage politique opportuniste ». Dans un post publié sur sa page Facebook, il a déclaré : « Il n’y a ni coup d’État, ni tentative de coup d’État, ni préparatif de coup d’Etat (…) Vous n’avez nullement besoin d’aller loin pour vous convaincre que ce 23 septembre 2024, il s’agissait d’une mise en scène à des fins inavouées, en lien avec les échéances électorales de 2026 et la phobie de l’après 2026. » Elucubration ou pas, l’éventualité d’un lien entre cette affaire et la présidentielle de 2026, s’est également laissée entendre, chez une partie de l’opinion publique béninoise. Réagissant à ces bruissements, le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji, s’est voulu clair. « Si par extraordinaire demain le président même changeait d’avis et souhaite continuer, je lui dirai président, j’ai déjà dit aux Béninois que c’est deux. Vous m’avez encouragé. Je n’irai pas leur dire que vous allez revenir. Ce n’est pas possible ; donc on trouve quelqu’un d’autre », a-t-il déclaré. Une chose est sûre, la Constitution ne permet pas à Talon de briguer un troisième mandat, l’intéressé lui-même, ayant officiellement déclaré en février dernier qu’il ne se représentera pas.

Le 28 octobre, un communiqué du président du parti – proche de Talon - Union Progressiste Le Renouveau (UPR), Joseph Djogbénou, a notifié la révocation de Christelle Houndonougbo de son poste de Directrice de l’administration du parti, pour « faute grave ». La raison selon le document : « Christelle Houndonougbo a, de son propre chef et sans en avoir reçu pouvoir spécial ou une quelconque habilitation du Parti et encore moins informé son président, engagé, poursuivi et conclu le 8 octobre 2024, un contrat qualifié "mémorandum d'accord" qui engage le parti à l'égard d'un cabinet dénommé "Particip Gmbh". » Certains acteurs de l’opinion publique, tentent d’établir un lien entre cet évènement et Olivier Boko. En effet, le jour de l’anniversaire de ce dernier (le 2 octobre), elle s’est fendue d’un post sur Facebook, où elle lui affirmait sa solidarité. « Un frère reste un frère en toutes circonstances. Encore plus en période de grandes épreuves », déclarait-elle.

Au Nord, la situation sécuritaire montre une accalmie. Pour le moins, aucune nouvelle attaque n’a été enregistrée. Une commission parlementaire « Sécurité et Défense » constituée de députés de la mouvance et de l’opposition, se sont rendues dans le septentrion pour une évaluation de l’action de gouvernement contre le terrorisme, en particulier le plan Mirador. Après une tournée de 4 jours – du 26 au 30 octobre – dans les localités de Banikoara, Kaobagou, Guimbagou, Matéri, Malanville, Porga, Koalou/Kourou, la commission dresse un compte rendu qui se veut rassurant. « En termes d’effectifs, en termes d’équipements, en termes de plan de riposte, en termes d’organisation, nous avons tous salué ce que nous avons vu, tous à l’unanimité. Il n’y a pas une seule voix discordante », a félicité le président de la commission, Abdoulaye Gounou, député de la majorité au pouvoir. Même son de cloche chez Constant Nahum, élu du parti d’opposition Les Démocrates. « Quand il y a feu à la maison, il n’y a pas d’opposants (...) Nous sauvegardons les intérêts du peuple. La riposte côté béninois est percutante (…) Actuellement, il n’y a plus d’attaque, mais on est en alerte rouge et maximale », a-t-il tempéré pour sa part.