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Source : Météo Sahel Octobre 2024
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Au Tchad, le récent revers sécuritaire est sévère. Au moins une quarantaine de soldats tués. C’est le bilan de l’attaque meurtrière du groupe terroriste Boko Haram, menée le soir du 27 octobre, contre une base de l’armée tchadienne, dans la région du Lac Tchad, au sud-ouest du pays. Située sur l’île de Barkaram, non loin de la frontière avec le Nigéria, la base a été incendiée par les assaillants, selon des sources locales. Ces dernières rapportant à la différence du décompte de la présidence tchadienne, « une soixantaine de soldats qui ont perdu la vie et des dizaines de blessés. » Il s’agit de l’une des attaques les plus féroces enregistrées ces dernières années. En témoigne le déplacement illico presto du Président Mahamat Idriss Déby Itno, sur place. Décrétant, dans la foulée, trois jours de deuil national, il a par la même occasion, lancé l’opération « Haskanite » pour « poursuivre et traquer les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements. » Face à ce drame, l’ensemble du champ politique n’a pas hésité à faire montre de solidarité patriotique. Trois jours après l’attaque, un rassemblement d’organisations de la société civile (OSC) du bassin du lac Tchad, a eu lieu à Ndjamena. Le comité de pilotage de cette réunion, qui préconise de mieux impliquer les communautés locales, a présenté un plan d’action « en complément des initiatives étatiques, pour relever les défis complexes, la tâche qui nous attend est considérable, alors que nous nous efforçons de mettre en œuvre des changements significatifs, et de surmonter les complexités des défis auxquels nous faisons face. »
Cette frappe de Boko Haram est survenue à l’ombre de remous politiques internes, cristallisées autour des prochaines élections législatives et locales. Prévues pour le 29 décembre prochain, plusieurs entités d’opposition avaient réclamé un report, arguant les récentes inondations meurtrières, un climat politique délétère et des doutes sur la fiabilité du processus électoral. Ces critiques sont ignorées le président Déby, qui a fermement maintenu la date. Réagissant à la nouvelle, l’opposant et ancien premier ministre Succès Masra, a annoncé que son parti « Les transformateurs » ne participera pas au scrutin. « Participer, aujourd'hui, dans ces conditions, aux élections reviendrait purement et simplement à servir de caution à l'installation de l'apartheid [dans le pays] et de caution à un résultat qui est déjà dans les ordinateurs du camp d'en face », a-t-il dénoncé le 20 octobre, lors d’une cérémonie organisée en commémoration de la sanglante répression d’octobre 2022. Une décision accueillie comme un cheveu sur la soupepar une partie de l’opposition. « Comment se fait-il que le même code présenté et discuté en Conseil des ministres pendant qu'il était Premier ministre, validé par lui, il peut revenir aujourd'hui, le remettre en cause et demander sa modification ? », se demande le coordonnateur du Groupe de concertation des partis politiques (GCAP), Max Kemkoye. Ajoutant que « c’est faire de la zizanie politique et donc c'est une reculade qui est compréhensible mais qui ne va rien donner en ce sens que tous les Tchadiens ont compris sa position. »
De même, le navire de la coalition présidentielle prend l’eau. Ceci en raison de la décision du MPS (Mouvement patriotique du salut) – membre de la coalition « Tchad uni » – d’aller seul aux élections du 29 décembre. « Cette annonce signe la mort de la coalition Tchad uni alors qu'hier nous nous tenions côte-à-côte, on va désormais aller s'affronter sur le terrain ! C'est une ingratitude de la part du secrétaire général du MPS. Il nous a roulés dans la farine. Mais nous qui le connaissons bien, nous ne sommes pas surpris », s’est défendu Malloun Yoboïdé Djilaki, président du Parti démocratique et socialiste pour l'alternance (PDSA). La déception a été identique du côté de l'Union sacrée pour la République (USPR). « Dire que chacun va aller de son côté et que l'on se retrouvera pour la moisson, ce n'est pas normal : on aurait pu tenir le même raisonnement pour la présidentielle ! », regrette pour sa part, le leader du parti. Par ailleurs, le Président Déby a démis de leurs fonctions, plusieurs hauts responsables sécuritaires. Parmi ceux-ci : le n° 2 de l’État-major général des armées du Tchad, celui de l’armée de terre et ses deux adjoints, le directeur général de la police lui aussi avec ses deux adjoints, celui de la gendarmerie, ou encore les numéros 2 et 3 de la Garde nationale.
Parallèlement, la situation humanitaire n’est pas non plus des plus reluisantes. Le pays continue de faire face aux conséquences des inondations, un niveau inédit de crue de 8,18 m du fleuve Chari ayant par ailleurs été constaté. Pour rappel, le bilan de ces inondations s’élève à plus de 500 morts et 1,9 million de sinistrés depuis juillet. Les choses se corsent d’un autre côté, à la frontière avec le Soudan. Le HCR (Haut-Commissariat pour les réfugiés) a constaté un nouvel afflux de plus de 20 000 Soudanais – seulement dans la première semaine d’octobre - dans la province du Wadi Fira. Selon le HCR, l’urgence est de récolter 80 millions de dollars pour construire trois nouveaux sites d’accueil. Mais l’agence onusienne déplore, n’avoir reçu, jusqu’ici, que 11% des 214 millions de dollars nécessaires en 2024 pour endiguer la crise humanitaire.