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Source : Météo Sahel Octobre 2024
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Le mois dernier, Abidjan a formellement démenti les accusations des autorités burkinabé de volonté de déstabilisation de leur pays. Pour rappel, les autorités militaires avaient ouvertement accusé la Côte d’Ivoire d’avoir participé à une campagne de déstabilisation de leur pays. A l’issue du conseil des ministres fin septembre, Amadou Coulibaly porte-parole du Gouvernement avait rassuré la population en ces termes : "La Côte d'Ivoire est une terre d'hospitalité, une terre d'accueil (…). Elle n'a pas l'intention de le faire, puisque, dans tous les cas, c'est ici que tous les pays qui ont quelques difficultés voient leurs ressortissants venir" (communiqué) Le nord de la Côte d’Ivoire a accueilli récemment plusieurs réfugiés venus du Burkina notamment des Peuls. Ils sont plus de 6000 et ont laissé derrière eux biens et bétails pour s’installer dans les sites d’hébergement. D’après un des leurs, “(...) On a été bien accueilli, on se sent bien ici”. Cette partie de la Côte d’Ivoire est devenue un “site de recasement” pour des migrants qui ont quitté le Burkina pour des raisons sécuritaires. Ce qui appelle à plus de vigilance notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Pour rappel, la chargée d’affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou a été rappelée par le Directeur de cabinet du Ministre des affaires étrangères sans que les autorités ivoiriennes ne soient informées.
Gbagbo et l’AES….
Quelques événements politiques ont aussi marqué l’actualité de la Côte d’Ivoire de ce mois d’octobre. L’éventualité d’une candidature du Président sortant continue de semer la polémique chez observateurs et la classe politique. Selon Laurent Gbagbo, l’actuel Président aurait manifestement violé la Constitution en voulant solliciter un quatrième mandat. Il a traité d’horreur” ce mandat de trop puisque les textes du pays limitent à deux le nombre de mandats. Malgré sa situation confuse sur sa participation ou non, Gbagbo est toujours déterminé à jouer un certain rôle dans ces présidentielles à venir en étant candidat comme les autres. Il promet, entre autres, d’améliorer les relations entre la Côte d'Ivoire et l'AES s’il est promu à la tête du pays. Il se positionne ainsi comme un candidat qui soutient les militaires à Ouagadougou malgré les accusations de déstabilisation indexant le pays de Houphouët. Par ailleurs, un de ses proches a été enlevé par des individus non identifiés. D’après le communiqué du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Charles Rodel Dosso a été kidnappé à son domicile devant les membres de sa famille. Ils ont ainsi accusé le régime actuel de verser dans la “dérive dictatoriale” pour museler l’opposition depuis son accession à la magistrature suprême.
Beaucoup d’observateurs et membres de la société civile continuent d’appeler à la paix et au calme pour des élections apaisées. Pendant ce temps, des partis politiques incitent les populations à s'inscrire massivement sur les listes électorales pour une grande participation. Rappelons qu’en Côte d’Ivoire, en octobre, les chiffres relatifs aux inscriptions sur les listes électorales sont inquiétants : 1 personne sur 3 n’est pas déclarée à l’état civil, 4 millions en âge de voter ne sont pas sur les listes électorales. C’est ce qui avait poussé d’ailleurs des acteurs politiques et des membres de la société civile à demander une prorogation de la date butoir. Il est à noter, sur le terrain, qu’il n’y a pas eu un grand rush, ce qui a poussé les autorités à repousser la date limite jusqu’au 17 novembre prochain. Cette mesure vise à inciter les ivoiriens à s’inscrire massivement sur les listes électorales.
Dialogue et soupçons …
Au même moment, des rivalités et des remous internes sont notés de part et d’autre. Du côté du pouvoir, Alassane Dramane Ouattara (ADO) a instruit son haut représentant d’enclencher des médiations dans le parti à l'intérieur des régions. Cette mission a pour objectif de mettre un terme aux querelles internes afin de maintenir la cohésion entre militants. Du côté de l’opposition également, des missions de médiation sont initiées pour rapprocher les positions. En effet, des élus du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire ont organisé, le 3 octobre dernier un déjeuner pour que les deux principaux protagonistes - Tidjane Thiam et Jean-Louis Billon - se réconcilient. L’objectif de cette rencontre était de convaincre l’ex-ministre ivoirien du Commerce de renoncer à se présenter à la prochaine présidentielle. Dans le même temps, des points de discorde ont été soulevés entre l’opposition et la Commission indépendante chargée d’organiser les joutes électorales. Des débats houleux ont eu lieu lors de la rencontre du 2 octobre au sujet de la révision de la liste électorale avec la participation de la classe politique et de l’opposition. Beaucoup d’observateurs n’ont pas confiance en la Commission Électorale Indépendante pour l’organisation d’élections libres et transparentes.
Pendant ce temps, un problème ayant secoué l’Université a retenu l’attention des autorités durant ce mois. Le 30 octobre dernier, le gouvernement a sorti un décret visant à dissoudre les associations syndicales d’étudiants suite aux échauffourées qui ont eu lieu dans l’enceinte de l’université avec son lot de dégâts. En effet, une descente sur le terrain a permis de saisir un important arsenal d’armes blanches qui étaient stockées afin de “commettre des crimes et semer le désordre” au sein du campus et même hors du campus. Cette situation inquiète les populations en cette période pré-électorale où la violence est de plus en plus notée.