Mali : Remous internes, anti-terrorisme et poussées souverainistes Spécial

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Source : Météo Sahel Novembre 2024

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Après les propos tenus le 16 novembre lors du rassemblement du mouvement M5 RFP dont il est le pilier, propos à travers lesquels il serait mis à l’écart de certaines décisions comme le report de l’élection, alors même qu’il était encore le chef du gouvernement, Choguel Maïga enchaîne les critiques envers les dirigeants de la transition au Mali. « Le Premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections sont reportées sans débat au sein du gouvernement », a-t-il déclaré, en plus d’avoir évoqué d’éventuels récépissés accordés par Assimi Goïta à de nouveaux partis politiques pro-juntes (une centaine), alors que lui-même prônait une réduction du nombre de partis lors des dernières assises. Avec cette révocation, Choguel Maïga ne serait-il pas en train de signer sa fin de carrière en politique ou qui sait un nouveau saut vers d’autres aventures ? Quatre jours après avoir tenu de tels propos, le Secrétaire général de la Présidence, Alfousseyni Diawara, a annoncé à la télévision, que Choguel Maïga a été relevé de ses fonctions et remplacé par l’ancien porte-parole du Gouvernement de transition, le général Abdoulaye Maïga.

Dans le discours adressé à la Nation après son premier conseil des ministres, le nouveau Premier ministre malien a tenu à informer les maliens de la mise à disposition par le Général Assimi Goïta, d’un « document cadre » comportant huit axes prioritaires. Parmi ces axes, l’on peut citer l’organisation d’élections libres et transparentes - d’autant plus que le délai de deux ans qu’avait fixé la junte est expiré depuis le mois de mars 2024 -, l’amélioration de secteurs comme la santé, l’éducation, mais également la poursuite du calendrier de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Ce faisant, un nouveau gouvernement est nommé au Mali avec huit ministres remplacés comme Bintou Camara, ancien ministre de l’énergie, en plus de Choguel Maïga. Convient-il de préciser que le nouveau gouvernement revêt une configuration très différente de la précédente dans la mesure où le nouveau Premier ministre Abdoulaye Maïga conserve son poste de Ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation.

Au-delà des tractations politiques, les dossiers judiciaires également d'actualité au Mali. En effet, alors que Al Hassan, le chef de la police islamique de Tombouctou est condamné par la CPI à 10 ans de prison après avoir été reconnu coupable de crime de guerre et de crime contre l’humanité, six « terroristes » impliqués dans les attaques d’envergure du 17 septembre à Bamako revendiquées par un groupe islamique affilié à Al Qaïda ont été arrêtés. L’information a été officialisée par l’état-major malien : « Les individus arrêtés sont soupçonnés d'avoir facilité l'arrivée et l'installation des commandos terroristes qui ont mené les attaques, d'avoir mené des missions de surveillance des sites à attaquer et d'avoir apporté un soutien logistique aux groupes armés terroristes ».

Pendant ce temps, la Haute autorité de la communication au Mali (HAC), a décidé de retirer la Licence de la chaine malienne Joliba TV News après avoir été saisie par l’autorité de régulation des médias au Burkina Faso, qui lui a demandé de sévir suite aux critiques, sur la chaîne en question, d’Issa Kaou N'Djimn, homme politique malien sur les militaires au pouvoir au Burkina Faso. Ce dernier a noué avec le Mali et le Niger, l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans ce cadre, les trois pays ont décidé, par le biais de leurs agences respectives de régulation des télécommunications, de signer un protocole qui permettra « la gratuité de la réception des appels et SMS » entre les trois pays. Le protocole a été signé par les représentants des trois agences qui se sont retrouvés à Niamey pour ainsi lever les frais d’itinérance entre les opérateurs de téléphonie mobile de l’AES.

Dans la même perspective, les ministres en charge de la Sécurité du Mali, du Niger et du Burkina Faso se sont retrouvés à Bamako afin de  « valider les spécifications techniques harmonisées des documents de voyage et d’identité (passeport et carte nationale d’identité) afin de favoriser la libre circulation des personnes et des biens dans une dynamique d’intégration plus poussée », selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux. Les documents harmonisés seront ensuite soumis aux chefs d’États des trois pays pour validation.

Par ailleurs, entre le général Assimi Goïta et les sociétés minières présentes au Mali, les relations ne sont plus au beau fixe notamment avec l’arrestation  du patron de Resolute, suivie de celle des cadres de Barrick Gold qui est également un groupe minier présent dans le pays. Malgré les propos rassurant du PDG de Barrick Gold, numéro deux mondial de l’extraction d’or, le gouvernement de la transition semble, selon certains observateurs, vouloir faire plier bagages les sociétés minières présentes au Mali qui est l’un des principaux producteurs d’or en Afrique.