Mali : La sécurité nationale et la cohésion sociale au cœur des priorités Spécial

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Après la rencontre des responsables du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) qui s’est tenue entre le 26 et le 30 novembre, une coalition de groupes armés séparatistes  à dominante touareg, le Front de libération de l’Azawad (FLA) créé le 30 novembre 2024 a été créée à Tinzaouaten au niveau de la frontière avec l’Algérie qui fait l’objet de frappes de l'armée malienne. L’annonce a été faite depuis Tinzaouaten, leur fief. La nouvelle coalition appelle « tous les fils de l’Azawad ayant d’autres idéologies à s’ouvrir à l’union » et les pays de la sous-région ainsi que la communauté internationale à « reconnaître le FLA comme le seul représentant du peuple de l’Azawad ». Le FLA qui réunit plusieurs groupes séparatistes du Nord Mali, a pour objectif l’indépendance contre le pouvoir central à Bamako. Ce dernier serait accusé de ne faire aucune différence entre les indépendantistes et les groupes djihadistes surtout avec la mort de Fahad Ag Almahmoud et de sept autres cadres du FLA le 1er décembre 2024, quelques jours seulement après sa création. Cette situation remet en cause la durabilité de l’accord d’Alger signé en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes séparatistes du nord Mali. “Il faut placer la création du Front de Libération de l'Azawad dans le contexte de la rupture de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger. Le gouvernement malien a dénoncé l'accord d'Alger en janvier 2024 et a proposé de le remplacer par un dialogue intermalien. Ce dialogue a eu lieu, mais il n'a pas réuni l'ensemble des composantes. Pour une partie des anciens signataires des accords d'Alger, il n'y a plus aucune autre option que la lutte armée”, souligne le journaliste Seidik Abba, spécialiste du Sahel, auteur de Mali-Sahel, notre Afghanistan à nous, (Impacts Editions, 2022).

Dans des conditions floues, le Khalif de la famille omarienne de Nioro du Sahel, Thierno Amadou Hady Tall avait été enlevé le 26 décembre 2023 après des accusations de collaboration avec les autorités militaires et les mercenaires russes du groupe Wagner.  L’annonce de son décès aurait été faite par le chef de la Katiba Macina Amadou Koufa selon un enregistrement qui lui serait attribué. Sans aucune confirmation de cet enregistrement, il sème néanmoins le doute dans l’esprit des maliens dans un contexte où la région de Nioro du Sahel qui est le fief de la confrérie omarienne traverse une crise sans précédent avec la montée des groupes armés djihadistes avec des conséquences sur la cohésion sociale, le vivre - ensemble et la sécurité des populations locales.

Au Mali, l’heure est à l'apaisement entre le gouvernement de transition et la classe politique après quatre années de poursuites judiciaires de diverses natures. En témoigne la libération de l’ancien Ministre malien de l’Énergie et des Mines Lamine Seydou Traoré qui a rejoint son domicile à Bamako le 03 décembre après plus de 10 mois sous mandat de dépôt. Pour rappel, il avait été impliqué dans une affaire d’achat de 27 groupes électrogènes et de 2 transformateurs, un important marché de 6,2 milliards de francs CFA attribué à Case Construction. Des responsables de la société d’électricité, EDM, ainsi que des opérateurs économiques étaient également inculpés dans cette affaire. Ils étaient tous poursuivis pour ”faux, usage de faux, et atteinte aux biens publics”, même si Lamine Seydou Traoré a toujours clamé son innocence.

Toujours dans une dynamique d'apaisement entre les autorités et la classe politique, le 05 décembre, plusieurs opposants aux autorités ont obtenu une liberté provisoire après plusieurs mois d’emprisonnement. Ils avaient été accusés de poursuivre leurs activités politiques à un moment où celles-ci avaient été interdites sur l’étendue du territoire malien et donc poursuivis pour « complot contre les autorités légales et réunion illégale ». Parmi les personnes libérées, figurent d’anciens ministres, des chefs de partis et de mouvements politiques qui, ensemble, avaient signé une déclaration qui exhortait les autorités à rendre le pouvoir aux civils. Dans l’anonymat, un des opposants libérés déclare :"Nous sommes tous rentrés à la maison. Le procureur nous a dit que c'est une liberté provisoire mais sans contrôle judiciaire et sans restriction de voyage".

Après des années de travail, le Mali vient de franchir une étape importante dans le cadre du renforcement de sa sécurité par la finalisation par des experts maliens de la nouvelle politique de sécurité nationale. Un nouvel outil d’organisation stratégique sous la direction du Général Yamoussa Camara visant à renforcer la sécurité et à prévenir les conflits par l’implication de tous les acteurs concernés pour plus d’inclusivité. Face à la menace sécuritaire, il y va de la réussite de la politique nationale de sécurité que tous les acteurs s’impliquent et que l’État mette à disposition les ressources nécessaires pour plus d’efficacité dans la mise en œuvre.