Cameroun : L’échéance présidentielle de 2025 au centre des attentions Spécial

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Source : Météo Sahel Décembre 2024

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Il semble bien que ces fins d’années aient été l’occasion pour une partie acteurs politiques de remettre en lumière l’échéance de la présidentielle d’octobre 2025. D’abord, dans son traditionnel discours de fin d’année, le président Paul Biya – au pouvoir depuis 42 ans – s’est dit attentif aux sollicitations de ses militants pour la présidentielle. Dans son camp, l’on parle d’une possibilité « irréfragable » pour Biya de briguer un autre mandat, selon le ministre d’Etat et haut cadre du parti au pouvoir, Jacques Fame Ndongo. Le ton du cap sur la présidentielle de 2025 a été aussi perceptible dans les vœux de fin d’année du principal opposant Maurice Kamto, qui a affirmé clairement sa volonté d’être candidat. Même son de cloche chez le député de l’opposition Cabral Libii, qui a souhaité que l’année 2024 soit le terminus du « pouvoir en place qui a plongé le Cameroun dans une misère et pauvreté sans précédent. » Pour l’instant, au total dix candidats ont déjà publiquement annoncé leur intention de briguer la magistrature suprême du Cameroun.

Par ailleurs, l’annonce le 30 décembre de la « disponibilité des listes actualisées du fichier électoral » par l’organe chargée des élections, a dans la foulée, suscité une polémique sur la validité des chiffres publiés. Selon Election’s Cameroon (Elecam), 7 845 622 d’électeurs ont été régulièrement inscrits. Selon Jean Michel Nintcheu de l’Alliance politique pour le changement (APC) et soutien de Maurice Kamto, le mode de publication des listes électorales souffre d’« opacité ». Puis, l’expert en questions électorales, Hubert Kamga, a estimé que le nombre de 7,8 millions apparaît bien en deçà des projections des partis politiques et des analystes.

La hantise Boko Haram dans l’Extrême-Nord

Lors de la rencontre semestrielle des gouverneurs des régions du pays, il a été particulièrement question de problématiques sécuritaires. Le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji, a insisté sur la nécessité de freiner la criminalité urbaine et périurbaine, sans oublier la situation dans les zones frontalières de l’est et de l’extrême nord, où Boko Haram continue de terroriser les populations. En vue de la présidentielle de 2025, le ministre a sans ambages instruit de surveiller les activités des partis politiques, ONG et associations. A ce propos, en début de mois, la suspension de trois ONG pour trois mois et l’interdiction de deux autres, a une fois de plus, inquiété les défenseurs des droits humains. Parmi les organisations visées, deux entités du Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac), l’Association charitable socio-culturelle du Cameroun, l’ONG Reach Out Cameroun, etc. Le ministre Paul Atanga Nji a justifié ces sanctions par des soupçons de « blanchiment de capitaux » et de « financement de terrorisme ». « On est bouleversés. (…) Cette décision n’a aucun fondement juridique (…) Mais après, on n'est pas tout à fait surpris, parce que c'est depuis 2014 au Cameroun que l'on vit sous les soubresauts de l'administration territoriale et ces tentatives récurrentes de faire taire les défenseurs de droits humains », a dénoncé Cyrille Rolande Béchon, directrice exécutive de l’ONG Nouveaux droits de l’homme au Cameroun, interrogé par RFI.

Enfin, selon un rapport de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), les populations de l’extrême nord du pays croulent sous le poids des aléas climatiques et de la violence des groupes armés. D’après l’enquête de terrain réalisée en juin 2024, cette situation a modifié la répartition démographique dans cette zone du pays, créant ainsi environ 450 000 déplacés internes et une certaine arrivée de réfugiés provenant de pays voisins. De plus, renseigne l’étude, les populations disposent d’une capacité de résilience globalement faible face aux vents violents ainsi que les inondations fluviales et pluviales, qui abîment récoltes et infrastructures.