
Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL.
+221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15
contact@timbuktu-institute.org
Sous le Haut Patronage conjoint de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Faye, Président la République du Sénégal et de Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, le Timbuktu Institute en partenariat avec l’Ambassade du Maroc au Sénégal, a organisé le 21 février, la cérémonie de lancement des activités scientifiques de 60ème anniversaire de la convention d’établissement entre le Sénégal et le Maroc. Cette convention, instrument juridique permettant, en principe, aux ressortissants des deux pays de s’installer et d’exercer une activité dans l’autre sous des conditions identiques aux nationaux, a été magnifiée en tant que modèle d’intégration et de coopération.
Signée le 27 mars 1964 à Dakar, la Convention d’Établissement possède une portée historique et symbolique, dans la mesure il fut un des jalons importants dans la relation exceptionnelle entre le Royaume du Maroc et le Sénégal ; véritable modèle de coopération Sud-Sud. La commémoration des 60 ans de cette convention se justifie, « d’une part, par la nécessité de préserver intact le legs et la mémoire des pères fondateurs et, de l’autre, redonner aux jeunes générations la possibilité de situer leurs actions contemporaines en faveur de l’intégration du continent et plus spécifiquement du renforcement de l’axe stratégique Dakar- Rabat », a rappelé Yague Samb, directrice-pays du Timbuktu Institute et modératrice de la cérémonie.
Pour Dr Bakary Sambe, « l’Axe Rabat-Dakar [qui] plonge ses racines profondes dans le terreau d’une histoire renforcée par la conscience d’une communauté de destin doit inspirer l’Afrique dans son élan d’intégration. » Selon lui, cette commémoration s’inscrit « dans la longue tradition de perpétuation du lien à l’heure où de nouvelles générations du Maroc comme au Sénégal n’ont découvert l’un ou l’autre pays qu’à la faveur du développement des échanges économiques. » L’enjeu, était donc poursuit-il, « celui de la transmission ainsi que de travailler à ce que le bien conforte le lien plus qu’il ne l’impacte autrement ou ne le nuise (…) [et] de continuer à la nouvelle dynamique qui se nourrit certes du passé, mais qui scrute avec lucidité les défis d’un futur commun. »
Reprenant le précepte senghorien du « rendez-vous du donner et du recevoir », le directeur régional du Timbuktu Institute a insisté sur le fait qu’« aucun pays ne pourra relever seul les défis du continent. » L’intégration doit donc s’avérer mot-maître, dans une conjoncture où l’Afrique est « à la croisée des chemins des chemins (…) et le basculement stratégique du continent peut changer la configuration des puissances sur la scène internationale. » Ceci pour trois raisons explique-t-il : le contexte d’un monde divisé où ont cours des alignements multiples et diffus, la toile de fond d’un monde où la distribution de la puissance est plus que jamais fragmentée et l’actualité d’une Afrique qui, par le double effet d’une élite décomplexée et d’une population plus exigeante, cherche à mieux tirer son épingle du jeu des relations internationales.
« Symbole vivant d’une fraternité sincère, solidaire et indéfectible, mais surtout d’un destin commun » selon l’ambassadeur du Maroc au Sénégal, Hassan Naciri, la convention d’établissement est un « texte fondateur d’une portée unique qui matérialise la vision de progrès et d’unité portée par Feu SM Le Roi Hassan II et le président Léopold Sedar Senghor », a-t-il magnifié. Avant de rappeler : « bien avant la création de la Zlecaf et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, nos deux pays avaient déjà pris les devants, se posant en précurseurs de l’intégration véritable. » Toutefois, les ressources potentielles dont regorge ce texte lui apparaissent insuffisamment exploitées et connues. C’est la raison pour laquelle « nous avons la responsabilité collective d’en assurer la pérennité et l’héritage pour renforcer davantage les liens de cette exceptionnelle coopération bilatérale », préconise-t-il.
« Cette convention devrait servir d’exemple »
Lors de cette cérémonie rehaussée par la participation d’importants acteurs du monde des affaires mobilisés par l’avocat maroco-sénégalais, Me Khaled Abou El Houda, les témoignages n’ont pas manqué pour évoquer les innombrables opportunités d’échanges économiques qu’offre cette « convention unique ». D’après Me Aly Fall, bâtonnier de l'Ordre des avocats du Sénégal, la Convention d’établissement, à travers son ancrage « solide » dans la coopération entre le Sénégal et le Maroc est un « texte visionnaire et exceptionnel qui devrait servir d’exemple. » De plus, souligne-t-il, ce document entérine la « liberté égale d'établissement et d'accès aux capitaux avec une absence de double imposition » pour les citoyens de deux pays. D’origine marocaine et de mère sénégalaise léboue, - comme il aime à le préciser - l'avocat Khaled Abou El Houda, abonde dans le même sens. Selon lui, l’un des aspects les plus significatifs de cette convention réside « dans la liberté de circulation des capitaux et des biens. » Ainsi, ajoute-t-il, elle garantit « l’ouverture de commerce, d’entreprise industrielle, commerciale, agricole, artisanale, etc. Les ressortissants du Sénégal ou au Maroc ne peuvent subir aucune discrimination, limitation, entrave relativement aux marchés publics dans l’un ou l’autre des pays ».
Dans une autre perspective, l’ancien ambassadeur et conseiller diplomatique de l’ex-Président Abdoulaye Wade, Amadou Diop a rappelé la place importante du Maroc dans l’histoire diplomatique du Sénégal. Pour lui, cette convention symbolise « l’âme maroco-senégalaise qui plonge ses racines dans le temps et l’espace depuis au moins de IXè siècle avec les Almoravides, arrivant aux portes de Saint-Louis. » Par le biais d’une anecdote transmise par le philosophe Souleymane Bachir Diagne – autrefois conseiller d’Abdou Diouf - , Cheikh Oumar Sy, président de l'Amesma (Amicale des anciens étudiants et stagiaires sénégalais au Maroc) s'est rappelé la manière dont « cette convention a pu servir de base juridique pour améliorer les conditions de vie (bourses) des étudiants sénégalais au Maroc, dans la logique qu’un Sénégalais est un Marocain et vice-versa. » Présent à la cérémonie, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Pr. Ismaïla Madior Fall a pour sa part, salué un « texte-modèle historique et d’une grandeur normative de coopération extraordinaire. »
Empêchée – et représentée par son secrétaire général Ambassadeur Dr. Khar Diouf -, Mme Yassine Fall, Ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires Etrangères du Sénégal a assuré dans un message transmis au Dr Sambe, de sa bonne volonté à accompagner les organisateurs de la célébration de cette convention et réitéré la disponibilité de tout son ministère à cette fin.
Enfin, pour rappel, cette cérémonie de lancement sera suivie de nombre d’autres activités scientifiques dans les deux pays. D’abord, un symposium inaugural à Dakar sur le thème « L’Axe Dakar-Rabat : un modèle de durabilité historique pour les synergies africaines du futur ». Ensuite, un symposium scientifique à l’université de Dakhla sur le thème « L’Axe Dakar- Rabat un maillon essentiel de l’Initiative Atlantique ». Puis pour conclure, un symposium de clôture à Rabat avec l’implication de grandes institutions d’enseignement et de recherche avec lesquelles le Timbuktu Institute, porteuse de l’initiative a déjà pris contact comme l’Université M6P- Rabat, l’Académie Royale du Maroc et tant d’autres sur le thème : « Maroc- Sénégal : les acteurs de la recherche face aux défis africains du futur. ».
Le Comité de célébration se réunira dans les prochains jours aussi bien à Dakar et à Rabat où le Directeur du Timbuktu Institute avait, déjà tenu une réunion de travail, dès le début de l’initiative, avec l’Ambassadeur Mohamed Methqal, directeur Général de l’Agence marocaine de coopération internationale en présence de l’Ambassadrice du Sénégal dans le Royaume Mme Seynabou Dial dans le but de donner à cette célébration « une dimension à la mesure de l’intensité des relations entre le Maroc et le Sénégal », souligne Dr. Bakary Sambe.
Par Kensio Akpo, Médias & Veille stratégique, Timbuktu Institute