Niger : Rupture d’avec la CEDEAO et persistance des défis sécuritaires Spécial

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Source : Météo Sahel Janvier 2025

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L’actualité nigérienne au mois de janvier 2025 a été marquée par le départ du pays de l’espace CEDEAO avec le Mali et le Burkina Faso. A partir du 29 janvier, ces trois pays ne sont plus officiellement membres de l’espace communautaire commun ; ce qui est de nature à acter leur ancrage dans l’AES. Cette décision a été bien accueillie par les populations nigériennes si bien que des milliers de personnes ont manifesté à Niamey pour célébrer la sortie du Niger de la CEDEAO. Rassemblés à la mythique “Place de la concertation” devant l’Assemblée nationale, les manifestants ont tenu à apporter leur soutien à la junte à propos de la décision historique.

Pendant ce temps, le 11 janvier dernier, la presse  fait état d’un enlèvement d’une Autrichienne de 73 ans vivant dans la cité saharienne d’Agadez. Selon plusieurs sources, elle subissait des menaces depuis quelque temps de la part d’individus non identifiés. Ainsi, des individus armés ont infiltré son domicile et l’ont cueillie avant de disparaître avec elle d’après des témoignages. Beaucoup d’observateurs ont accusé le JNIM qui sévit dans cette zone avec le même mode opératoire. L’organisation terroriste a, pour sa part, tenu à démentir ces accusations à travers un communiqué rendu public. En effet, la branche affiliée à Al-Qaïda nie avoir joué un rôle dans le kidnapping de Eva Gretzmacher, actrice humanitaire et défenseure des droits humains depuis 30 ans. Les recherches sont toujours en cours pour la retrouver et les soutiens se multiplient. 

De manière générale, la situation sécuritaire est de plus en plus inquiétante surtout au nord du pays, de même que les droits et libertés des citoyens. Le 18 janvier dernier, le rédacteur en chef de la chaîne privée Canal 3 a été interpellé et placé en garde à vue pour « violation des règles d’éthique et de déontologie ». Le Ministère de la communication a décidé de suspendre la chaîne qui a diffusé des informations sur les performances de l’actuel gouvernement. Cette suspension a été dénoncée par la société civile et des ONGs comme Reporter Sans Frontières qui y voient une décision abusive et demande à l’actuel régime de lever les sanctions. 

Sur le volet diplomatique, la situation ne semble pas au beau fixe. Au début de ce mois, les tensions entre le Bénin et le Niger se sont aggravées avec les déclarations tonitruantes du Général Tiani accusant son homologue béninois de servir de base arrière à des terroristes et de vouloir « déstabiliser » son pays. Depuis ces évènements, les entrées et sorties du pays sont de plus en plus filtrées en vue de renforcer davantage la sécurité. Ainsi, de nouvelles règles ont été édictées avec l’adoption de l’ordonnance rendue publique le 13 janvier 2025 qui a été adoptée par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie qui encadre les conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers au Niger. D’ailleurs, au sujet des flux migratoires, plus de 600 migrants ont été expulsés de la Libye vers le Niger dans la nuit du 3 au 4 janvier par les forces libyennes. Cette situation vient empirer la crise migratoire et inquiète davantage les populations et les autorités quant au sort à réserver à ces migrants de retour. 

 Le 6 janvier, le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie a signé un décret portant déchéance provisoire de la nationalité de deux personnes pour diverses infractions prévues et sanctionnées par la loi. Il s’agit de personnes qui sont soupçonnées de “mener des activités susceptibles de perturber la paix et la sécurité publique, de production et diffusion de données de nature à troubler l’ordre public, de propos à caractère raciste, régionaliste, ethnique, religieux et xénophobe”.