Bénin : Émoi national après la plus meurtrière attaque terroriste du pays Spécial

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Source : Météo Sahel Janvier 2025

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C’est probablement la première fois qu’une attaque terroriste au Bénin aura provoqué un émoi de grande ampleur. Dans la soirée du 8 janvier, une attaque du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) affilié à al-Qaïda a causé la mort de 30 soldats. Elle a eu lieu au niveau du « triple point » à Banikoara, sis dans la zone frontalière entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso. Il s’agit de l’attaque la plus sanglante survenue dans le pays depuis le début de la menace djihadiste. C’était pourtant l’une « des plus fortes et des plus militarisées » positions du pays, regrette le colonel Faizou Gomina, Chef d'état-major de la garde nationale, qui reconnaît : « Nous avons reçu un coup très dur. » Les soldats disparus appartenaient aux effectifs de l’opération Mirador, dispositif anti-terrorisme, créé en février 2022 et comptant environ 3 000 hommes. Cette attaque a fait réagir le chef d'état-major des Forces armées béninoises (FAB), le général Fructueux Gbaguidi qui a convié toute la hiérarchie militaire à un conseil militaire extraordinaire.

L’émotion s’est aussi fait ressentir du côté de l’opposition. C’est le cas du parti Les Démocrates (LD), qui a déploré une « tragédie nationale de grande ampleur ». La formation politique en a tout de même profité pour lancer un appel. « Nous (…) sommes dans une sous-région et ces hommes sans foi ni loi qui viennent frapper parfois sur notre territoire, frappent du côté béninois et se réfugient dans les autres pays qui nous entourent. Donc pour nous, s'il n'y a pas de coopération militaire (…) cette lutte contre cette nébuleuse sera très difficile », a déclaré Guy Mitokpè, porte-parole du parti. L'Église catholique – par la voix de ses évêques - , a formulé sa compassion à la nation et aux familles endeuillées. Puis, c’est la CEDEAO qui, dans un communiqué, a condamné l’attaque, tout en exprimant sa solidarité au peuple béninois. Une autre preuve de l’émotion suscitée, est que la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) a annoncé la tenue d’une manifestation pour réclamer, dit-elle, le retrait des forces militaires françaises du pays, perçues comme aggravant la menace terroriste. La manifestation a finalement été interdite. Ainsi, lors d’une séance au Parlement, des députés du parti LD ont expressément demandé au gouvernement, une sortie claire sur la question de la présence militaire française. Pour l’instant, le gouvernement a, plusieurs fois rejeté cette information comme mensongère. Dernière dénégation en date : le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbadji, a estimé que ces rumeurs relèvent « de l’irresponsabilité et d’un défaut de patriotisme », en plus de « faire le jeu de l’ennemi. ».

Nouveaux dés jetés en vue de la présidentielle 2026

Dans une vidéo de dix minutes, publiée sur ses réseaux sociaux, l’activiste panafricaniste Kémi Séba a annoncé son intention de se présenter pour la présidentielle de 2026. « Après des années de réflexion, j’ai décidé d’accepter vos demandes incessantes visant à me pousser à être candidat à la présidence du Bénin », a-t-il déclaré. Avant de poursuivre, « le Bénin connaît une crise sociale sans précédent (…) qui favorise les plus riches pendant que la quasi-totalité du peuple vit dans des conditions qui dépassent l’entendement », a-t-il justifié, en accusant le président Talon de mauvaise gouvernance et de « persécution » envers ses opposants politiques.

Dans une requête adressée le 24 janvier à la Cour constitutionnelle, Christian Lagnidé, ex-ministre de Talon, a remis sur la table, des questions qu’il estime « d’une importance capitale pour la stabilité et l’avenir » du pays. Dans sa note, il pose deux questions principales : « Sommes-nous réellement dans une nouvelle République depuis 2019 ? Le Président Patrice Talon peut-il, dans tous les cas, être candidat à l’élection présidentielle de 2026 ? ». Il n’en fallait pas plus pour lancer une polémique, alors que l’on croyait clos le débat sur l’impossibilité pour Talon de briguer un troisième mandat. Pendant que ce recours est train d’être examiné, cinq juristes ont déposé un recours en inconstitutionnalité contre la requête, qu’ils estiment dénuée de tout fondement. 

Lourdes peines pour Boko et Homéky 

20 ans de prison, 60 milliards de francs CFA de dommages et intérêts ainsi que 4,5 milliards de francs CFA d'amende. C’est la peine finalement prononcée par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) contre l'homme d'affaires Olivier Boko et l'ancien ministre des Sports Oswald Homeky. Les deux anciens proches du président Talon ont été reconnus coupables de « complot contre l'autorité de l'État, corruption d'agent public, et faux certificat. » De même, Rock Nieri, beau-frère d'Olivier Boko - actuellement en fuite – a été également condamné.

Par ailleurs, l’ancien président du Parti du renouveau démocratique (PRD) a profité de la réception des vœux du nouvel An, de quelques briscards de son parti, pour s’exprimer sur la situation politique du pays. L’ex-président de l’Assemblée nationale l’a jugé inquiétante. « Nous ne voulions pas que des Béninois soient en prison pour des délits d’opinion. (…) Ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. C’est comme ça que nous avions fait la Conférence nationale », a-t-il plaidé.