Tchad : Clap de fin de la présence militaire française Spécial

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Source : Météo Sahel Janvier 2025

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Quelques heures après la visite du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, des tirs nourris ont été entendus dans la soirée du 8 janvier dans le centre de N’Djamena, près de la présidence. A l’origine de cette frayeur, une vingtaine d'assaillants qui ont tenté d’attaquer la cité présidentielle, sise dans le quartier Djambel Bahr. Selon le porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamalla, il s’agit d’une « tentative de déstabilisation (…) de jeunes qui viennent d'un quartier de Ndjamena et qui sont issus d'une communauté tchadienne. » 

Ecartant de suite la piste terroriste, il s’est efforcé de relativiser l’importance de l’incident. « À première vue, ça n'a rien à voir avec Boko Haram (…) S'il n'y avait pas de morts, ça prêterait à sourire parce que c'est un ramassis de bandes de nickelés qui sont venues avec des coupes-coupes, des couteaux, aucune arme de guerre », a-t-il affirmé. Avant de poursuivre : « Il n'y a pas de quoi paniquer, il n'y a rien. Il n'y a aucune menace sur la sécurité de notre pays (…) C'est vraiment un épiphénomène qu'on va très vite oublier. » Réagissant à l’incident, le président Mahamat Idriss Déby a indiqué que « les assaillants de cette vaine tentative visaient à [le] vitrifier. » Selon le gouvernement, le bilan de l’attaque est de 20 morts : 18 parmi les assaillants et deux militaires. Une enquête pour éclaircir l’incident a été confiée au procureur de la République.

France out, Turquie in ?

Pendant ce temps, le mois de janvier a été un clap de fin d’une présence militaire française de plus d’un siècle au Tchad. En effet, le 11 janvier, la base militaire d'Abéché – troisième ville la plus peuplée du pays – a été officiellement rétrocédée par la France. Un peu plus de deux semaines plus tard, le 30 janvier, ce fut au tour de la base d’Adji Kosseï à Ndjamena, d’être rétrocédée. Les 180 derniers militaires, ont quitté le sol tchadien dans la même journée. C’est d’ailleurs sur la piste de l’aéroport de cette base que le Tchad a célébré le lendemain au matin, la fin officielle de la présence militaire française dans le pays. Un autre signe du divorce entre la France et le Tchad, la réaction du président tchadien qui a qualifié de « propos qui frisent le mépris envers l’Afrique et les Africains », des propos du président français Emmanuel Macron. En effet, ce dernier avait regretté « l’ingratitude » des chefs d’Etat africains, qui, selon lui, auraient « oublié » de « dire merci » lorsque la France était intervenue militairement au Sahel, en 2013. 

Parallèlement, renseigne RFI, des drones turcs vont être installés sur la base de Faya-Largeau (nord du pays), où la Turquie était déjà présente, et probablement bientôt dans la base d’Abéché. Il ne s’agit toutefois pas d’une présence militaire en bonne et due forme tempère la source, notifiant que « ce sont plutôt des techniciens qui y sont, des spécialistes chargés de mettre en œuvre les drones aériens Bayraktar acquis par le Tchad. Les personnels déployés à Faya-Largeau sont donc des pilotes de drones ou encore des employés de Bayraktar. »

Déby, plus que jamais chef du pays ?

Sans surprise, le parti au pouvoir a largement remporté les élections législatives du scrutin du 29 décembre 2024, boycottées par une partie de l’opposition. Le Mouvement patriotique du salut (MPS) obtient ainsi la majorité absolue des sièges dans la nouvelle Assemblée nationale : 124 sur 188 au total. Une semaine après la publication de ces résultats par la Cour constitutionnelle, le président Déby a été désigné le 30 janvier, président national du parti au pouvoir, lors du 13ème congrès du MPS. Jusque-là, il n’en était que le président d’honneur. La veille de cette distinction, l’opposant Succès Masra s’est dit prêt à travailler avec le président Déby. « Nous sommes prêts à œuvrer avec le président de la République, le maréchal Mahamat Idriss Déby, pour apporter avec tous autour de la table la valeur ajoutée de notre force politique à ce rendez-vous, qui est un rendez-vous républicain au service du peuple tchadien », a-t-il déclaré. Un appel du pied pour le moins curieux, étant donné que le parti de l’ex premier ministre avait boycotté les récentes élections législatives.