Guinée : Expectative sur le retour à l’ordre constitutionnel ? Spécial

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Source : Météo Sahel Janvier 2025

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En Guinée, le délai accordé aux partis politiques pour leur réorganisation a expiré ce fin janvier. Dans un rapport publié en Octobre 2024, le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, après avoir évalué 211 partis politiques pour « assainir l’échiquier politique du pays », en avait dissout 53 partis et placé une centaine « sous observation », leur accordant trois mois pour se conformer à la loi. Cette mesure a poussé les partis politiques concernés à se mettre en règle à l’image du Bloc Libéral (BL). De son côté, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a officiellement convoqué un Congrès national extraordinaire à Conakry en avril 2025, car le rapport des autorités lui reprochait de n’avoir pas renouvelé ses instances depuis un certain temps. Cependant, le Rassemblement du peuple Guinéen (RPG), tarde à se conformer aux exigences de l’autorité ministérielle. Le porte-parole du parti, interrogé sur les mesures à prendre après le rapport du Ministère, affirme que les « informations demandées par les autorités ont été fournies par le RPG ». S’agissant du Congrès, le délégué soutient qu’il « relève exclusivement du parti ».  

Ces mesures prises par les autorités de la transition, en Guinée, pour rationaliser les partis politiques, sont perçues par beaucoup d’acteurs comme un coup de pression qui revêt plusieurs formes sur les acteurs de la scène politique et les défenseurs des droits de l’homme, en prélude des élections générales à venir. D’ailleurs, ces restrictions visant la classe politique, les médias et la société civile, sont dénoncées dans un rapport des Nations Unis. Le rapport fait état d’un « effritement grandissant et inquiétant de la cohésion sociale en Guinée », d’une « détérioration de l’espace démocratique et un rétrécissement de l’espace civique et de l’État de droit ». Les experts de l’ONU ont aussi soulevé des préoccupations concernant « le manque de clarté sur le calendrier de retour à l’ordre constitutionnel », « l’absence de consensus autour de la nouvelle Constitution » et la « participation potentielle des dirigeants de la transition à une future élection présidentielle ». 

Concernant les élections et particulièrement l’élection présidentielle, c’est le flou absolu. Alors que la période de transition négociée avec la communauté internationale, au lendemain du coup d'État de 2021 est arrivée à terme le 31 décembre passé, les dates avancées pour le retour à l’ordre constitutionnel se multiplient et se contredisent. Lors de son discours de Nouvel An, le Président de la transition avait déclaré que « l’année 2025, sera une année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel » et « une date pour un référendum pour l’adoption d’une nouvelle Constitution serait annoncée dans les trois prochains mois ». Cette date annoncée est contredite par le porte-parole du gouvernement, qui à son tour, annonce la tenue du référendum constitutionnel « à la fin du premier semestre de l’année » avant de renchérir devant la presse « qu’il serait impossible de réaliser toutes les élections en 2025 », alors que le Ministre des Affaires Étrangères assurait en fin d’année que « toutes les élections se tiendraient en cette année ». Â