Bénin : Vers une ouverture du jeu électoral ? Spécial

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Source : Météo Sahel Février  2025

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Il a déclaré clairement qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections présidentielles. Mais bien avant cela, après maintes critiques et réclamations sur l’intégrité du système électoral, le président Patrice Talon avait déjà fait montre d’une ouverture, en acceptant l’audit de la Liste Électorale Informatisée (LEI) préconisé par l’opposition, en vue de la présidentielle de 2026. Le 24 février, des membres du comité de pilotage de l’audit ont rencontré le chef de l’Etat Talon, dans le but de faire le point sur ses modalités de l’audit, son calendrier et les garanties d’indépendance des experts engagés. Quelques jours plus tôt, le Conseil des ministres du 19 février validait le décaissement de 159,4 millions de FCFA pour accompagner cette procédure. Devant les cinq experts - issus de la société civile - chargés de conduire l’audit, Talon s’est toutefois voulu ferme. « Il s’agit de déceler les insuffisances, qu’elles soient imputables à notre modèle actuel ou non, afin d’envisager des améliorations progressives », a-t-il précisé. Avant de marteler : « Vous n’êtes pas en mission pour la mouvance, vous n’êtes pas en mission pour l’opposition, vous êtes en mission pour la République ».

Pour le chef de l’État, cet audit devait être de nature rectificative et ne saurait remettre en cause le calendrier du processus électoral. D’ailleurs, la révision du code électoral n’est pas à l’ordre du jour. « Je ne veux pas entendre dire que tant que ce n’est pas parfait, il n’y aura plus élection au Bénin », a-t-il insisté. Preuve des enjeux importants en présence, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la Commission électorale nationale autonome (Céna) et la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont tenu le 26 février, une réunion pour échanger sur les élections générales de 2026. Pour rappel, l’opposition porte trois principales demandes à ce propos. En sus de l’audit du fichier électoral pour garantir la transparence du processus électoral, elle réclame la révision du code électoral jugé exclusif et l’intégration de représentants de l’opposition dans les organes électoraux, notamment la Cena et la Cour constitutionnelle.

Pourparlers en vue de 2026 ?

En début de mois, l’ex-président Boni Yayi a visité deux ténors de la politique béninoise : Nicéphore Soglo, ancien président de la République et Adrien Houngbédji, ancien président de l’Assemblée nationale. Officiellement, il s’agissait pour le président du parti d’opposition Les Démocrates (LD) de présenter des vœux de nouvel an aux intéressés. Néanmoins, certaines langues de l’opinion publique croient y lire des possibles signes de tractations en vue de 2026. De plus, après les critiques de Houngbédji sur la gouvernance de Talon. En principe, son Parti du renouveau démocratique (PRD) qu’il a fondé en 1990, a fusionné avec un des partis de la mouvance présidentielle, l’Union Progressiste du Renouveau (UPR). Présage d’un début de discordances de voix dans le camp présidentiel ? Dans tous les cas, lors d’un rassemblement des militants du PRD à Porto-Novo pour commémorer les 25 ans du décès d’El Hadj Moucharafou Gbadamassi, ancien vice-président du parti, Me Houngbédji s’est fendu d’un propos pour le moins énigmatique. « Priez pour moi, car l’ennemi n’est pas content. Si vous priez pour moi, son plan ne marchera pas », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, Yayi Boni a continué sa tournée de présentation de vœux de nouvel an. Le 11 février, l’ancien président a, cette fois-ci, rendu visite à Bruno Amoussou, ex-président de l'Assemblée nationale et ancien ministre sous Mathieu Kérékou. Rien de substantiel n’est publiquement sorti de ces échanges sur la situation politique du pays. Du côté du parti Les Démocrates, l’on annonce que le processus de désignation pour la présidentielle de 2026 est lancé.

 

Entre défis sécuritaires et ouverture diplomatique

Au nord du pays, les attaques djihadistes deviennent plus régulières que jamais. Après la sanglante attaque du 8 janvier dernier, une nouvelle attaque survenue le 15 février 2025 à Banikoara a été enregistrée. Bilan provisoire de la part des sources militaires : six soldats disparus et 17 assaillants neutralisés. Dans le sillage de cette nouvelle déconvenue, le Général de division Fructueux Gbaguidi, Chef d’État-major général des Forces Armées Béninoises (FAB) s’est rendu le 18 février, au Camp Séro-Kpéra de Parakou, cœur stratégique de l’opération Mirador. Ceci pour une séance de travail avec les responsables militaires qu’il a dirigé en présence du Chef d’État-major de la Garde nationale et du Chef de la division opérations et emploi. Lors de cette réunion, l’échange a principalement porté sur la réévaluation et l’optimisation des stratégies de défense, le renforcement de l’efficacité de l’opération Mirador et l’intensification de la pression sur les assaillants.

D’un autre côté, le Bénin s’est fait une nouvelle santé diplomatique. Pour preuve, six nouveaux ambassadeurs ont été nommés en Inde, en Chine, au Maroc, aux États-Unis, au Koweït et au Qatar. Ces nominations s’inscrivent dans la volonté du pays de renforcer ses relations bilatérales à l’international. Toutefois, un bémol viendrait du  rappel de l’ambassadeur près le Niger pour des propos considérés comme allant à l’encontre des positions officielles des autorités. En effet, lors d’une cérémonie tenue le 1er février à Gaya (sud du Niger), Gildas Agonkan avait déclaré : « Au nom de tous les Béninois, au nom des autorités du Bénin, je voudrais demander pardon au peuple nigérien parce que nous sommes des frères. Des choses graves se sont passées qui ont engendré des problèmes ici au Niger, ici à Gaya. »