
Sacré-Coeur 3 – BP 15177 CP 10700 Dakar Fann – SENEGAL.
+221 33 827 34 91 / +221 77 637 73 15
contact@timbuktu-institute.org
Source : Météo Sahel Février 2025
Télécharger l'intégralité de la Météo Sahel
Au plan politique, le concept d'”Ivoirité” est en vogue sur la scène politique. En effet, Tidiane Thiam, candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) fait l’objet de critiques de la part de ses adversaires, voire au sein de sa propre formation politique. Le 18 février dernier, quatre militants de son parti ont contesté la légitimité de son élection devant les juridictions. Une affaire qui mérite une attention particulière puisque dans le passé, cette affaire a plongé le pays dans une crise sans précédent. Rappelons que l’ancien homme fort du Crédit Suisse a déposé à l’Ambassade de France à Abidjan sa demande de renonciation à la nationalité française. En tout cas, son duel avec Alassane Ouattara est très attendu par les observateurs.
Par ailleurs, la course pour la présidentielle est de plus en plus dans un clair-obscur. En effet, Alassane Ouattara n’a toujours pas annoncé sa candidature, pendant que Laurent Gbagbo est toujours dans l’incertitude. A 80 ans, ce dernier lutte toujours pour sa réinscription et a entamé en février une tournée politique nationale. Parviendra-t-il à avoir les moyens de sa politique et affronter de nouveau son rival historique? En tout cas, il est disposé à se battre pour une présidentielle "juste". De son côté, le riche homme d’affaires Jean-Louis Billon fait feu de tout le bois pour contrer la candidature de son frère de parti en l'occurrence Tidiane Thiam. Ce dernier est entre deux fronts; les attaques émanant du pouvoir et de son propre clan de l’opposition. Il est toujours déterminé à en découdre avec ses “ennemis” politiques pour s’imposer lors des prochaines joutes électorales. Le 8 février dernier, il a rencontré les enseignants adhérents du parti à Yamoussoukro. Cette action s’inscrit dans le cadre de ses tournées de mobilisation qu’il a entamées depuis plusieurs mois. De l’autre côté, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro continuent toujours de déclarer leurs candidatures malgré l’épée de Damoclès de Dame Justice qui plane sur leur tête. Obtiendront-ils l’acquittement ? Dans tous les cas, ils sont déterminés à jouer un rôle majeur lors de ces présidentielles qui s’annoncent mouvementées.
Pendant ce temps, la condamnation à 10 ans de prison de deux proches de Laurent Gbagbo a marqué l’actualité de ce mois de février. Damana Pickass, le 2ème vice-président du parti, le PPA-CI et un de ses camarades, ont été poursuivis en justice pour des faits liés à l’atteinte à la défense nationale en raison de divers actes graves pouvant menacer le pouvoir. Pour leurs souteneurs, cette arrestation est tout simplement un “procès politique”. A en croire un de leurs avocats, “Ceux que l'on condamne ici sont des proches, de fidèles lieutenants de Laurent Gbagbo... Les élections, c'est pour bientôt !”. Cette décision de justice est de nature à raviver le climat politique jusque-là assez tendu.
Après des mois de pourparlers entre Paris et Yamoussoukro, la France a finalement rétrocédé la base militaire à la Côte d’Ivoire. C’est l’aboutissement d’un processus de renforcement de l’autonomie de la Côte d’Ivoire en matière de défense, comme l’avait si bien annoncé Alassane Ouattara lors de son, discours de nouvel an. Ainsi, le 20 février dernier, la 43ème Bataillon d'infanterie et de marine a été officiellement rebaptisée “camp Ouattara Thomas d'Aquin Ouattara” comme nous l'annoncions lors de notre numéro de janvier. Rappelons que cette base était occupée par l’ancienne colonie depuis un demi-siècle. Cette affaire remet à jour la question de la souveraineté militaire en Afrique. Les autorités du pays et leurs partenaires sont toujours dans la logique de lutte contre le terrorisme qui continue de semer la terreur dans le Sahel et progresse vers les pays côtiers. Profitant de cette cérémonie de baptême du nouveau camp militaire à Abidjan, Sébastien Lecornu a tenu à rappeler que le terrorisme n’a pas disparu en Côte d’Ivoire, il aurait migré vers les réseaux sociaux. Rappelons que la France reste toujours en Côte d'Ivoire sous une autre forme.
Dans la même veine, la Côte d’Ivoire a renforcé son dispositif juridique en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. En effet, le Groupe de Surveillance financière (GSF) a été créé par décret présidentiel dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. La lecture du communiqué du conseil des ministres du 12 février dernier fait état d’un “...déploiement des autorités de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme tel que prévu par l'ordonnance du 30 mars 2022 déterminant le régime des sanctions administratives applicables en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive” (Porte-parole).
Pendant ce temps, la tension diplomatique entre Abidjan et Ouagadougou continue de monter au créneau au courant de ce mois. Pour cause, la rumeur de l’arrestation de 18 soldats ivoiriens sur sol burkinabè, qui alimente davantage les polémiques.
De l’autre côté, l’affaire portant sur l’attentat de Grand-Bassam a marqué l’actualité de ce mois en Côte d’Ivoire. Pour rappel, le 13 mars 2016, le pays a été le théâtre d’un attentat meurtrier qui a semé le chaos pendant un moment. Lors du procès ouvert le 3 février dernier, les juges de la Cour d’Appel d’Abidjan ont reconnus coupables en appel d’actes terroristes 4 hommes qui ont été condamnés à perpétuité.