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Source : Météo Sahel Février 2025
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Au Burkina Faso, la sortie de la CEDEAO fait toujours l'actualité, depuis que cette décision a été actée avec le Mali et le Niger. Il se pose la question de la mobilité dans cet espace régional qui inquiète beaucoup d’observateurs. C’est pourquoi, les délégations ministérielles de l'AES se sont réunies à Bamako les 22 et 23 février pour discuter de l'impérieuse nécessité d’entamer des pourparlers avec leurs homologues de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens. Les dirigeants des trois pays se disent “prêts à négocier dans un esprit constructif”. Pourtant, le passeport de la confédération a été annoncé en grande pompe de même que le nouveau drapeau de l’organisation.
Pendant ce temps, les vagues de soutien au Capitaine Traoré se poursuivent dans le pays. Cette fois-ci, c’est au tour des populations de Markoye qui ont marché le 22 février dernier pour témoigner leur soutien au président de la transition, aux FDS et aux leaders de l’AES. Cette manifestation pacifique a vu la participation de milliers de burkinabè vivant dans une localité qui fait face à des défis d’ordre sécuritaire et socio-économique. Cette localité, parmi tant d’autres, attend de l’actuel régime des solutions face à leurs maux.
Sous le registre sécuritaire, les attaques terroristes continuent toujours de troubler le sommeil des populations malgré un net recul ces derniers mois. Au début du mois de février, la ville de Djibo a enregistré une violente attaque terroristerevendiqué par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM). Cette ville est depuis quelques années “sous blocus” de ce groupe armé qui y fait assez souvent des exactions. Rappelons qu’en 2024, l’ultimatum des djihadistes avait fait fuir de nombreuses populations de Djibo. Il se pose ainsi la lancinante problématique du contrôle du territoire. Les autorités ont déployé l’artillerie lourde pour faire face à ces djihadistes et reconquérir le territoire dont une grande partie échappe à leur contrôle. Le capitaine Traoré a fait de cette reconquête du territoire une priorité.
D’après le Général de brigade Célestin Simporé, le taux d’occupation et de reconquête du territoire est d’environ 71%. Une grande avancée si on compare d’avec la situation il y a trois ans. Il a profité de l’hommage rendu, le 14 février 2025 aux forces combattantes, pour affirmer que la guerre est loin d’être terminée. A l’en croire, “...même si les groupes terroristes sont affaiblis sur tous les plans, à savoir logistique et psychologique. Nous ne sommes pas encore au bout du tunnel. Nous en sommes très conscients”. Il mesure ainsi l’ampleur de la menace terroriste et réaffirme la ferme volonté du gouvernement à intensifier les efforts dans la lutte contre l’avancée du terrorisme.
Sur le terrain, les forces armées continuent d’infliger de lourdes pertes aux groupes terroristes présentes dans le pays. A titre illustratif, une opération du 10ème Bataillon d’intervention rapide (BIR 10), basé à Dédougou et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a contré une attaque le 8 février dernier. Cette opération de grande envergure a permis de récupérer une importante quantité d’armes et de matériels. Il est à noter que depuis quelques mois, ces opérations de ratissage se poursuivent et ont permis de tenir en échec des attaques terroristes.
De même, la surveillance s’accentue autour des entrées et sorties des étrangers. En effet, le gouvernement a adopté en conseil des ministres du 12 mars, le décret d’application de la loi du 22 février 2024 portant gestion du flux migratoire. En amont, les députés avaient adopté à l’unanimité le projet de loi qui va fixer les conditions d’entrée et de séjour des étrangers, de sortie des nationaux et des étrangers du territoire national. Cette loi devra permettre, selon les autorités, de renforcer le dispositif juridique et institutionnel de gestion des flux migratoires au Burkina Faso et contribuer à une lutte efficace contre le terrorisme et toutes les autres formes de criminalités organisées. Des observateurs craignent à travers son application une réciprocité de la part des pays de l’espace régional.
Par ailleurs, la double-attaque de mars 2018 a connu un rebondissement ce début d’année au Burkina Faso. En effet, l’état-major des armées burkinabè et l’ambassade de France à Ouagadougou ont été les cibles de ces attaques occasionnant près de 10 morts et plusieurs blessés. Récemment, le 26 février dernier, trois personnes ont été condamnées à perpétuité à l’issue du verdict du pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes par le Tribunal de grande instance. Ils sont ainsi poursuivis pour “actes terroristes”, “complicité d’assassinats” et “complicité de tentative d’assassinats”.