Niger : Après les Assises Nationales, la tentation autoritaire ? Spécial

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Source : Météo Sahel Février  2025

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Au Niger, la charte de la Refondation, promulguée ce mercredi 26 mars, ouvre la voie à une prolongation de la présence des militaires au pouvoir jusqu’en 2030, suscitant des interrogations sur l’avenir démocratique du pays. Par ailleurs, Abdourahamane Tiani s’est vu attribuer le grade de général d’armée et a pris la décision de dissoudre les partis politiques nigériens, une mesure qui pourrait compliquer le dialogue politique national. L’actualité politique du Niger au courant du mois de février a été marquée par la tenue, dans la capitale, des Assises nationales du 15 au 19 février pour discuter autour de la durée de la transition entre autres sujets. Ainsi, le Général Tiani s’inscrit dans le cadre de l’élaboration d’un avant-projet de la Charte de la transition, document fondamental pour la structuration du processus de transition politique. Une commission ad hoc a été créée en vue de formuler, in fine, des recommandations opérationnelles, allant dans le sens d’accompagner les autorités politiques dans le cadre de la transition. Rappelons que ces assises ont été annoncées dès les premiers jours de la prise du pouvoir par les militaires sous la houlette de Tiani. Au sortir des discussions, il semble ressortir que les participants veulent une transition de longue durée pour permettre au chef de l’Etat de mettre en œuvre ces réformes. D’après la rapporteure générale, les principales propositions tournent autour de “Dissoudre les partis politiques existants et élaborer une nouvelle Constitution et une amnistie aux auteurs du coup d'État”

Ainsi, les 716 “assisards” venus de tout le pays ont proposé au Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie du Niger, à travers ce qu’ils ont appelé “charte de la refondation”, un mandat de cinq ans à la tête de l’Étatrenouvelable et qu’il adopte le titre de Président de la République. Parallèlement, la dissolution des 172 partis a été proposée aux participants, ce qui a semé la polémique au sein de l’opinion. S'il est vrai que la décision est décriée par certains, d'autres l’approuvent. D’après le journaliste Sedik Abba, “..les gens sont déçus des partis politiques actuels et craignent que si on refait avec les mêmes acteurs et les mêmes structures politiques, on va se retrouver encore dans quelques années à revivre les mêmes expériences”. Le chef de l’Etat s’est engagé, pour sa part, à mettre en œuvre ces recommandations fortes issues des discussions de la conclave. A l’en croire, “Ces résultats sont aussi le fruit d'un travail collectif de l'ensemble des forces vives de la nation, dont nous avons toutes les raisons de penser qu'ils ont acquis l'adhésion de notre peuple souverain”. 

La situation sécuritaire au Niger n’est toujours pas revenue au calme. Durant ce mois, des attaques terroristes ont été enregistrées notamment au niveau de la zone des trois frontières dans la région de Tillabéri. Au début de ce mois, le pays a fait l’objet d’une embuscade qui a causé la mort de 10 hommes du côté de l’armée nigérienne. Les assaillants ont finalement réussi à se fondre dans la nature après leur exaction. D’après une source, "C'est au cours de l'opération qu'un groupe de criminels a tendu une embuscade au détachement des forces de sécurité intérieure qui a entraîné la perte de dix de nos soldats". Rappelons qu’en décembre, près de la même zone, une dizaine de soldats ont été tués par des hommes armés non identifiés. Ce qui pose un réel problème de sécurité au niveau de cette partie du pays.

Au courant du mois de février, les forces armées du Niger et du Burkina Faso ont mené plusieurs opérations de sécurisation, en particulier au niveau des frontières, en vue d’intensifier la lutte contre le terrorisme qui y sévit. En effet, le 16 février dernier, elles ont pu neutraliser plusieurs terroristes et démanteler plusieurs des plots logistiques au bord du fleuve. Ce ratissage  s’inscrivent dans le cadre de l’opération conjointe dénommé “Sudu Lugdu” pour mieux sécuriser les zones comprises entre Kantchari (Burkina Faso) et Tamou (Niger) en proie à un terrorisme massif. Depuis près de 10 ans, cette zone subit des attaques terroristes meurtrières. 

L’actualité a également été marquée par l’arrestation du chef rebelle nigérien Mahamoud Sallah, soutien de Mohamed Bazoum. En effet, le leader du Front patriotique de libération a été cueilli par des  éléments de l’unité 87 de l’Armée nationale libyenne, le 23 février dernier dans le sud de la Libye. Pour rappel, il a revendiqué le sabotage d’un oléoduc pétrolier entre le Niger et le Bénin.