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Source : Météo Sahel Mai 2025
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L’actualité phare de ce mois au Burkina Faso a été l’inauguration en grande pompe, le 17 mai dernier, du Mausolée marquant la “reconnaissance de l’héritage politique du leader révolutionnaire” en hommage de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons. En effet, cette date symbolique marque le début de la révolution enclenchée par l’arrestation de de celui qu’on surnommait le Che Guevara africain, leader de la contestation populaire et Premier ministre du Conseil du Salut du Peuple (CSP) en 1983. Le leader de la junte semble être dans une logique de renforcer sa légitimité que pour rallier une jeunesse et multiplie les références à Sankaraaussi bien dans ses discours et les actes qu’il pose.
Le premier ministre sénégalais venu célébrer Sankara : Les débuts d’une coopération militaire contre le terrorisme au Sahel
Placée sous le patronage du Capitaine Ibrahima Traoré, la cérémonie a été dirigée par le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo en présence de son homologue sénégalais qui a fait le déplacement pour assister à cet évènement historique. Ousmane Sonko qui ne manque pas d’occasion pour réaffirmer son admiration pour Thomas Sankara est considéré comme l’une des figures montantes du panafricanisme. Profitant de l’occasion lors d’un entretien à la chaîne nationale, il a évoqué la possibilité de collaboration et de soutien au Burkina car, selon lui, “ il est illusoire de penser que cette épreuve subie par le Burkina Faso, le Mali et le Niger restera simplement dans les frontières de ces pays…aucun pays de la sous-région ne sera épargné par cette gangrène, si elle continue de s’étendre à travers l’Afrique de l’Ouest”.
Cet événement intervient dans un contexte où le pays est confronté à une pression sécuritaire sans précédent avec la persistance de la menace terroriste sur le territoire, notamment ces dernières semaines. Ainsi, depuis sa prise de fonction, Ibrahima Traoré s’inscrit dans une démarche de continuité de l’héritage de Sankara dans un contexte marqué par une recrudescence des attaques terroristes au Burkina Faso.
Recrudescence des attaques terroristes
Au plan sécuritaire, la lutte contre le terrorisme s’intensifie au Burkina Faso depuis plusieurs mois. En témoigne l’importante saisine de 900 motos et 164 tricycles comme annoncée par le Ministère de la Sécurité le 23 mai dernier. D’après Mahamadou Sana, ce matériel serait destiné à des fins de financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest. Il a tenu à prévenir les individus qui tenteraient de participer à des opérations de financement du terrorisme. D’après lui, “Toute personne physique ou morale impliquée dans le financement du terrorisme se verra appliquer la rigueur de la loi”. Pour lui, l’heure est à la répression.
Pendant ce temps, l’actualité burkinabé reste dominée par la recrudescence des attaques terroristes avec son lot de dégâts humains et matériels très importants. Au nord du pays, à Djibo, des attaques terroristes attribuées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a visé une base militaire, un poste de police et le marché central le 11 mai dernier. En effet, ces attaques ont causé plusieurs dizaines de morts et un grand nombre de blessés dans les rangs de l’armée et des civils, de même que les volontaires pour la défense de la patrie. Cet acte dramatique intervient au moment où Ibrahim Traoré effectue une visite à Moscou chez son homologue Vladimir Poutine. Ces évènements tragiques mettent davantage les populations de Djibo et environs dans un état de peur face à la menace terroriste qui sévit dans la zone depuis plusieurs mois. Rappelons que ce lieu a été sous blocus djihadiste pendant une longue période. Les données d’ACLED font état d’un bilan de 26000 morts, tant du côté des civils que des militaires depuis le début des horribles exactions en 2015.
Cette situation alarmante est de nature à remettre en cause l’efficacité du système sécuritaire du pays des hommes intègres. Un jour après, une attaque terroriste d’une rare violence a encore frappé le pays. En effet, le 12 mai à Diapaga (Est), des sources sécuritaires ont fait état de cette offensive djihadiste qui a causé de graves dégâts matériels. A en croire un habitant de la zone, “les terroristes ont incendié plusieurs services publics et privés avant de libérer les détenus de la maison d’arrêt et de correction”. Ces détenus sont pour l’essentiel des individus accusés de terrorisme. Également, les assaillants ont saccagé des monuments publics et incendié des commerces et des boutiques. Rappelons que cette zone a fait l’objet d’une attaque similaire avec plusieurs dizaines de soldats et de supplétifs civils de l’armée burkinabè tués. Les autorités sont à pied d'œuvre pour traquer ces faiseurs de trouble.