Bénin : Vers une présidentielle décisive ? Spécial

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Source : Météo Sahel Mai 2025

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A la fin du mois d’avril, le parti « Le Libéral » du politologue et homme politique Richard Boni, annonçait l’obtention de son récépissé provisoire, matérialisant son existence officielle. Ce fut donc une atmosphère de surprise générale lorsque deux semaines plus tard, le 15 mai, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique a mis en cause sa légalité, pour cause de présumés paiements effectués par Richard Boni en échanges de facilités pour l’obtention du récépissé de reconnaissance de son parti. Dans sa déclaration, le ministre de l'Intérieur et de la sécurité publique a fait état « des faits de corruption avérés mettant en cause deux cadres du Ministère dont l’un de la Direction des Partis politiques et des Affaires électorales, et l’autre de la Direction des Affaires intérieures et des Cultes » à propos dudit récépissé. Par la suite, le chef du parti Le Libéral et les deux responsables du ministère ont été formellement inculpés le 21 mai par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), pour « corruption d’agents publics » et « blanchiment de capitaux ». Les accusés ont été placés sous mandat de dépôt le 22 mai, hormis un troisième, fonctionnaire du même ministère, qui lui n’a pas été déféré.

Selon le procureur de la Criet, Mario Mètonou, le fondateur du parti Libéral, Richard Boni, a reconnu le versement d’une somme de 7 millions FCFA en échange d’une facilitation pour l’obtention du récépissé d’officialisation de son parti. Le procureur a en outre indiqué que le directeur des partis politiques et des affaires électorales – un des fonctionnaires mis en cause – a confessé avoir reçu 5 millions de FCFA. Par ailleurs, pareille somme a effectivement été retrouvée dans sa demeure, lors d’une perquisition. De plus, Achille Tchaou, homme d’affaires et proche de Richard Boni a également été placé sous mandat de dépôt le 23 mai, pour « cybercriminalité » et « blanchiment de capitaux ». En attendant le dénouement de l’affaire, l’opinion publique béninoise ne s’empêche pas de la placer dans l’orbite de la présidentielle de 2026. En effet, le chef du « Libéral », Richard Boni, entrepreneur basé au Canada, commençait à s’installer progressivement dans son pays d’origine. Après avoir transformé son mouvement les « Terriens » en Ligue d’initiative bénévole pour l’éducation et l’action libérale (Libéral) en décembre 2023, il a depuis lors, multiplié les actions de bienfaisance envers les populations – du nord en l’occurrence -, peaufinant ainsi sa stratégie d’ancrage. Cette démarche a poussé bon nombre de personnes à lui prêter une ambition présidentielle.

2026 à l’horizon

Si l’arrestation du fondateur du parti « Le Libéral » a remis de plus belle sur la table, les élections générales de 2026, le code électoral pour sa part, fait toujours l’objet de contestations. En clair, l’opposition, la société civile et le clergé demandent sa relecture. Dans une conférence de presse tenue le 23 mai, le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried L. Houngbédji, a une fois de plus rejeté cette proposition. « Le code électoral impose le même défi à tous les partis (…) Tous ceux qui voudraient prendre part aux élections et qui en remplissent les conditions prendront part aux élections. Donc personne n’est exclu des élections. Il faut le vouloir et il faut remplir les conditions », a-t-il soutenu. Par ailleurs, alors que le flou est encore de mise sur l’identité des candidats à la présidentielle de 2026, un des prétendants a officiellement déclaré son intention de briguer la magistrature suprême. Il s’agit de Daniel Edah, ancien fonctionnaire international, ancien candidat à la présidentielle de 2016, et membre du cadre de concertation des partis politiques de l’opposition. « Je suis candidat avec une vision, celle d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor », a déclaré Daniel Edah, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, le 29 mai.

Procès à épisodes

Le verdict du procès de l'ex-directeur général de la police Philippe Houndégnon, accusé de « cyberharcèlement et d’incitation à la rébellion » ne sera pas connu de sitôt. La Criet, qui devait prononcer sa décision le 19 mai, s’est de manière inattendue, déclarée « incompétente ». L’affaire est donc renvoyée en instruction, les juges considérant les faits en question, de « nature criminelle ». « C’est une violation flagrante des droits de la défense (…). C’est de l’infamie judiciaire », a fulminé Me François Kéké, un de ses conseillers judiciaires. En attendant l’appel de la défense, le parquet spécial a fait appel. Le dossier de Philippe Houndégnon – critique du pouvoir - sera donc examiné par le juge de la chambre d’appel. Si cette dernière « confirme le premier jugement, le parquet devra saisir un juge d’instruction. Dans le cas contraire, elle devra prononcer une condamnation ou une relaxe », rapporte RFI. Pour rappel, la Criet avait requis en avril, deux ans de prison ferme contre Philippe Houndégnon.

Autre feuilleton judiciaire, celui de Steve Amoussou, présenté comme le chroniqueur et cyberactiviste « Frère Hounvi », qui nie toujours cette identité que lui prête la Criet. Alors que la Cour devait se prononcer définitivement le 26 mai, elle a renvoyé sa décision au 2 juin. Le 29 avril, le procureur avait requis contre lui 2 ans de prison contre Steve Amoussou pour « cyber harcèlement et incitation à la rébellion ». Selon la Criet, Steve Amoussou est la même personne que « Frère Hounvi », auteur de vives critiques contre la gouvernance du président Patrice Talon ; ce que l’intéressé n’a jamais cessé de démentir.