Sénégal : De nouveaux partenariats et une « souveraineté » sécuritaire réaffirmée ? Spécial

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Source : Météo Sahel Mai 2025

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Le premier ministre Ousmane Sonko a annoncé le retrait définitif de toutes les bases militaires étrangères encore présentes sur le sol sénégalais d’ici le mois de juillet 2025. Dans ce sillage, une base militaire française a déjà été effectuée. Ce retrait pourrait s’inscrire dans un mouvement régional chez certains pays d’Afrique de l’Ouest à la réévaluation de leur position face à la présence militaire de puissances étrangères. « C’est un acte ordinaire pour un pays souverain de dire que nous n’avons pas besoin d’une base militaire étrangère. Nous avons une armée nationale, des forces de défense et de sécurité, et nous pensions pouvoir gérer notre sécurité nous-mêmes » défend-t-il. Cette déclaration du premier ministre sénégalais a été faite durant un entretien accordé à la télévision nationale (RTB) du Burkina Faso où il a effectué une visite et où la question sécuritaire était parmi les questions abordées. Le chef du gouvernement sénégalais a affirmé un « soutien absolu » au président Ibrahim Traoré dans la lutte contre le terrorisme. Le Sénégal « n’exclura aucune forme de collaboration pour soutenir ces [pays] frères dans cette épreuve » a-t-il soutenu. Ousmane Sonko n’a pas manqué de saluer la volonté du président Traoré à unifier la sous-région et reste ouvert à toute proposition de collaboration économique et sécuritaire. Le Sénégal, figure de proue de la démocratie africaine, s’ouvre-t-il à une nouvelle coopération renforcée avec les pays membres de l’AES ?

Dans cette dynamique de renforcement de la coopération avec les pays de la sous-région, le Sénégal continue de  consolider sa sécurité frontalière à travers la mise en place d’une patrouille mixte Sénégal – Mauritanie. Les Forces de défense et de sécurité (FDS) des deux pays coopèrent dans le but de « renforcer la lutte contre des activités illicites qui sévissent dans la région, notamment le banditisme, le vol de bétail et l’immigration clandestine » selon l’Agence de presse sénégalaise (APS).

Justice et politique : retour de flammes pour les anciens ministres de Macky Sall ?

L’Assemblée nationale a adopté le 08 mai une série de résolutions obligeant cinq ministres de l’ex-président Macky Sall à comparaître devant la Haute Cour de justice, notamment pour détournements d’un fonds anti-Covid. Pour rappel, le montant de 1.000 milliards de francs CFA était destiné à renforcer le système sanitaire, appuyer les acteurs économiques et protéger les emplois dans un contexte de vulnérabilité. Toutefois, la gestion de ce fonds fait débat aujourd’hui, notamment pour des malversations et détournement de deniers publics. Les sentences tombent une par une et il s’en est suivi plusieurs inculpations.

À côté de ce remous judiciaire, le duo politique Khalifa Sall, et Barthélémy Dias, ancien  maire de Dakar, se sépare.Ensemble depuis le Parti Socialiste puis le parti Taxawu Sénégal, Barthélémy Dias quitte la coalition. Même si la rupture est décrite comme un « accord à l’amiable », elle exprime en réalité les divergences et tensions qui ont émergées entre les deux hommes ces derniers mois. Ce  nouveau départ semble difficile pour Barthélémy Dias dans une période où l’opposition a de plus en plus de mal à peser dans le jeu politique.

Dialogue national : vers réforme en profondeur du système politique sénégalais ?

Le président Bassirou Diomaye Faye ouvre la Journée du dialogue national qui porte  sur la réforme du système politique sénégalais. Elle se déroule  du 28 mai au 4 juin 2025 et entend « repenser nos institutions, revisiter nos pratiques, et rebâtir la confiance entre l’État et les citoyens » comme l’a annoncé le chef de l'État. Le Dr Cheikh Gueye nommé en qualité de facilitateur général du dialogue, a pour mission de guider la réflexion autour de 10 axes. Parmi les points abordés, l’on peut citer  la question de l’amélioration du système et de l'actualisation du Code électoral. Il s’agit d’assurer des scrutins transparents, à travers une refonte des procédures de collecte des résultats, une supervision rigoureuse des instances électorales et un renforcement du rôle  des observateurs indépendants. En outre, il est souhaité de rationaliser en profondeur les partis politiques, mais également d’encadrer davantage leur financement, une question cruciale qui fait écho à la lutte contre la corruption menée par l’actuel gouvernement d’Ousmane Sonko. A la fin de ce dialogue, le facilitateur général Dr. Cheikh Guèye a voulu afficher un satisfecit en parlant de larges consensus malgré les profondes divergences sur la question des libertés.

Recrudescence des tensions en Casamance  

Cela fait plus d’un mois qu’un militaire avait été enlevé lors d’une opération de ratissage dans la forêt de Djinaky. Cette opération fait suite à un important braquage de commerce de noix de cajoux dans la commune de Boutoupa Camaracounda, dans le département de Ziguinchor. Des individus lourdement armés avaient tendu une embuscade et récupéré l’équivalent de 30 millions de francs CFA. Le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) est soupçonné de garder en captivité le militaire disparu. Ces tensions ressurgissent dans la région alors qu’un accord de paix avait été signé en février 2025 avec le groupe séparatiste dans l’optique « d’instaurer une paix durable en Casamance » avait déclaré le premier ministre Ousmane Sonko.

Retour « volontaire » de migrants

Pendant ce temps, 591 migrants sénégalais ont été rapatriés « volontairement ». Après une émigration à destination de l’Europe, ces migrants résidaient illégalement dans des pays de transit situés en Afrique du Nord ou au Sahel. Leur « retour volontaire » est un tendance  qui s'accroît en Afrique subsaharienne. Déjà 200 migrants retournés volontairement avaient été enregistrés au Sénégal en octobre 2024. La Tunisie comptait 1 000 Africains subsahariens pour le mois d’Avril 2025. Pour faciliter leur retour, un vol par semaine a été mis en place par la Tunisie. L’Organisation Internationale de la Migration a déployé un programme de protection de retour et de réintégration des migrants en Afrique subsaharienne. Cette initiative a pour but de limiter de nouveaux départs vers l’Europe et concerne 16 pays de la région dont le Sénégal.