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Source : Météo Sahel Mai 2025
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Au cours du mois de mai 2025, il a été constaté que la menace que posent Boko Haram et ses alliés, notamment l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), demeure une préoccupation majeure en ce qu'il a trait à la sécurité du Nigeria. En dépit des efforts incessants des forces armées, les attaques terroristes ont augmenté dans le Nord-Est. L’une des plus marquantes s’est produite le 4 mai 2025, lorsqu’au moins 11 soldats ont été tués par des combattants affiliés à Daech lors d’un assaut dans l’État de Yobe. Ces attaques à répétition témoignent de la complexité de réguler une région devenue un foyer de violence depuis de nombreuses années.
Le 12 mai, une base militaire a été attaquée dans la localité de Gajiram, dans le Borno, entraînant la mort de 4 soldats et plusieurs blessés. Quelques jours plus tard, au moins 5 soldats et 17 civils ont été tués dans deux attaques successives revendiquées par des groupes djihadistes dans le Nord-est, selon des sources sécuritaires. Cette stratégie offensive illustre la capacité de nuisance et de projection toujours intacte des groupes insurgés.
Si le Nord-est du Nigeria reste le foyer principal de l’insurrection, d’autres régions du pays sont de plus en plus touchées. Dans l’État de Benue, au centre du pays, au moins 23 civils ont été tués, dont des enfants lors d’attaques armées menées par des assaillants non identifiés, mais dont le modus operandi s’apparente aux violences perpétrées par des milices extrémistes. Selon les autorités locales, cette attaque sanglante a été perpétrée par les éleveurs peuls. Une autre attaque sanglante survenue dans l’État de Borno a fait au moins 23 morts parmi les villageois. Ces violences montrent que l’insécurité tend à se diffuser au-delà des zones historiquement touchées. Les groupes armés terroristes ne se contentent pas seulement de viser les forces de défense nigérianes et les infrastructures militaires pour s’accaparer des armes et des munitions, mais ils s’en prennent également aux civils.
Malgré une forte présence militaire et des opérations de grande envergure lancées depuis plusieurs années, les résultats demeurent mitigés. Une attaque coordonnée et sophistiquée, attribuée à Boko Haram, a visé les forces nigérianes dans le Nord-est du pays, causant des pertes en vies humaines et matérielles importantes malgré un renfort d’urgence. Les assaillants auraient utilisé des drones de reconnaissance, signalant une montée en puissance technologique inquiétante des groupes armés. Ces revers militaires répétés affaiblissent la confiance des populations dans les institutions et nourrissent le discours djihadiste, qui se présente comme une alternative dans les zones marginalisées.
Face à une menace aussi complexe, une approche uniquement militaire ne saurait suffire. L’État nigérian devrait changer de stratégie intégrée mêlant lutte contre la pauvreté, renforcement de la gouvernance locale et réconciliation communautaire. L’État pourrait non seulement intensifier son action contre le terrorisme sur son propre territoire, mais aussi collaborer étroitement avec ses pays voisins, tels que le Cameroun, le Tchad et le Niger, afin de combattre les effets transfrontaliers de ce fléau.