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Source : Météo Sahel Mai 2025
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Cette semaine encore, l’actualité politique au Togo avec les récentes manifestations, interroge sur l’évolution démocratique dans ce pays. Au mois de mars dernier, le Togo avait opéré un grand changement au niveau des institutions. En effet, le pays a officiellement migré vers un régime parlementaire avec un ticket présidentiel proposé aux citoyens. Dans ce régime, le poste de Président du conseil des ministres a été institué dans cette 5ème République et sera chargé de piloter l’action gouvernementale aux côtés du président de la République qui a un titre honorifique. A l’issue de cet exercice, Faure Gnassingbé a été choisi comme président du conseil pour présider aux destinées du pays pour un mandat de 6 ans. Rappelons qu’il a succédé à son père Eyadéma Gnassingbé il y a de cela 20 ans. Beaucoup d’observateurs voient en cette nouvelle réforme une tentative cachée de rester au pouvoir avec un vernis démocratique. Ainsi, pour certains, il s’est assuré de demeurer encore pour longtemps l’alpha et l’oméga de la vie politique, économique et sociale.
Passage d’un régime présidentiel à un régime parlementaire au Togo : Faure reste “l’homme fort” du pays
A ses côtés, le Président de la République n'a réellement qu’un pouvoir symbolique, tous les pouvoirs sont entre les mains du président du conseil. Il s’agit de Jean Lucien Savi de Tové (86 ans), opposant historique et ancien ministre du commerce et de l’artisanat sous Edem Kodjo.Seul candidat du parti au pouvoir, l'Union pour la République (UNIR), il a été élu à l'unanimité par les 150 membres du congrès par les députés et les sénateurs à l’occasion de la session spéciale. Ainsi, il est élu pour un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois. Pour beaucoup d’observateurs, il est considéré comme une mémoire vivante de la vie politique du pays depuis plusieurs décennies et a participé à tous les combats et aux grands évènements du pays. Un choix qui se justifie amplement au vu de sa stature et de son expérience.
Les mesures accompagnant la 5ème République fortement décriées par l’opposition et la société civile
L’opposition de son côté n’a pas manqué de décrier ces mesures du gouvernement. Elle rejette ainsi en bloc la cinquième République qui, pour certains, est manifestement une tentative du régime actuel de s'éterniser au pouvoir à travers des mesures jugées machiavéliques. En effet, les leaders de l’opposition estiment que Faure a attendu la veille de la fin de son mandat pour proposer ces réformes qui le confortent dans son fauteuil présidentiel. Également, des militants de la société civile continuent de contester les réformes par des manifestations pacifiques qui sont très souvent interdites par le régime en place. A en croire le porte-parole du mouvement Touche pas à ma Constitution, “La Ve République est un acte de viol, autrement dit, sans consentement, qu'on fait subir au peuple Togolais. En remplaçant la Constitution nuitamment, et en catimini sans de claires explications, sans consulter le peuple, on a donc méprisé ce peuple et on a violé la conscience de chaque citoyen”. Le manque de dialogue et de consensus en amont a été vivement critiqué par une grande partie de la classe politique et des leaders d’organisations citoyennes.
Situation sécuritaire au nord du Togo : suspicion de dérives autoritaires et présence accrue de réfugiés burkinabè
Au registre sécuritaire, il a été soulevé au courant de ce mois des cas de dérives autoritaires au sein des forces de sécurité. En effet, des gendarmes auraient commis des actes de torture dans un village. A cela s’ajoute le cas de l’individu ayant accusé un commissaire de police d’escroquerie portant sur une somme de 2.500.000 FCFA. Un autre fait marquant a été l’agent de police en état d’ivresse qui aurait causé un grave accident sur un motocycliste et aurait même refusé d’emmener la victime faire des soins à l’hôpital. Et ces évènements n’ont pas connu de suite…
Pendant ce temps, les réfugiés burkinabè continuent de faire l’actualité du pays, notamment dans la partie septentrionale. Ainsi, la région des Savanes notamment Dapaong accueille des milliers de femmes et enfants réfugiés venus du Burkina Faso pour fuir les exactions. D’après les chiffres du recensement des déplacés, ils tournent autour de 29500 dans la région. Faut-il craindre que la situation sécuritaire empire au regard de la situation sécuritaire assez tendue au Sahel?