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Source : Météo Sahel Mai 2025
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Depuis plusieurs mois, des acteurs religieux, coutumiers et de la société civile s’activent pour des élections libres et transparentes, sans violence. Le 20 mai passé, les chefs traditionnels d’Agnibilékrou ont été mobilisés et mis en mission pour l’occasion afin d’œuvrer en faveur d’une élection présidentielle apaisée. En effet, la journée de sensibilisation a été l’occasion pour la Chambre nationale des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire de véhiculer des messages de paix et appeler les acteurs politiques à préserver la concorde nationale et la stabilité du pays. Afin d’éviter les événements douloureux de 2010 et 2020 en Côte d’Ivoire, le président de la structure a tenu à rappeler que “Les périodes électorales, lorsqu’elles sont mal encadrées peuvent basculer dans la violence et la souffrance“.
Une révision de la liste électorale pour une élection inclusive
Pour beaucoup d’observateurs, cette situation peut mener à une impasse; d’où la nécessité de créer des cadres de concertations afin de trouver des solutions à cinq mois de la prochaine présidentielle. D’ailleurs, un sondage en ligne du site d'information Abidjan.net a ressorti que plus de 75% des internautes estiment qu’un dialogue politique reste possible avant l’élection. Parallèlement, la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire a annoncé un meeting le 31 mai pour réclamer une révision de la liste électorale, l’inscription des leaders de l’opposition recalés et la dissolution de la CEI pour des élections plus inclusives.
Pendant ce temps, l’opposition ivoirienne a saisi l’organisation de droits humains Amnesty à Paris pour dénoncer ce qu’elle qualifie d’”irrégularités” dans le processus en vue de la présidentielle d’octobre 2025. En effet, plusieurs partis, notamment celui de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, ont déposé des motions le 22 mai dernier pour ainsi exiger que les élections soient “transparentes, démocratique et inclusives”. Ainsi, le Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire (PPA-CI), Générations et Peuples Solidaires ont tenu à internationaliser leur combat qu’ils jugent légitimes après l’exclusion de plusieurs personnalités politiques du fichier électoral, leur empêchant ainsi de participer aux joutes électorales.
Alassane Ouattara plébiscité par ses camarades pour briguer à nouveau les suffrages
Le pouvoir, de son côté, a tenu à rassurer l’opinion nationale et internationale que les élections se dérouleront de manière apaisée dans les délais constitutionnels en octobre prochain. L’annonce a été faite le 21 mai dernier par le porte-parole du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix ( RHDP), Kobenan Kouassi Adjoumani Étienne lors de la conférence de presse qui s'est tenue au siège de son parti à Cocody en présence de plusieurs cadres du parti. En effet, cette rencontre a permis de discuter sur l’actualité du pays et préparer, par la même occasion, le prochain congrès qui se déroulera les 21 et 22 juin prochains en présence de 7000 congressistes et 70000 personnes au meeting de clôture où un candidat sera désigné. Ce candidat sera-t-il Alassane Ouattara ou une autre personnalité des rangs du parti au pouvoir ? En tout cas, cette question taraude les esprits des ivoiriens qui attendent avec impatience la décision de l’actuel président.
Par ailleurs, du côté du pouvoir, le mot d’ordre est annoncé. ADO est leur seul et unique candidat pour la présidentielle à venir. “Nous allons désigner le président du Parti et notre candidat à la présidentielle. Le président Alassane Ouattara sera proposé comme notre candidat”. Toujours dans la même veine, le parti au pouvoir a organisé en grande pompe une grande manifestation à Abengourou sur initiative du ministre Fofana, coordinateur régional du parti sous la présidence effective du ministre des finances. Venus nombreux assister à cet événement important pour l’avenir de leur formation politique, les militants ont lancé un mot d’ordre clair pour une unité, une discipline et une mobilisation autour de la candidature de leur président. Pour sa part, Alassane Ouattara ne s’est toujours pas prononcé sur sa participation ou non. En outre, beaucoup d’observateurs continuent de s’inquiéter sur l’état de santé d’Alassane Ouattara. En témoigne son discours lors de la cérémonie d'ouverture des Assemblées Générales de la Banque Africaine de Développement au cours de laquelle il a semblé ne plus avoir l'aptitude de se tenir debout pendant longtemps. En effet, le président Ouattara a été aidé par son aide de camp après avoir perdu le fil du discours.
Tidjane Thiam va-t-il participer aux prochaines élections présidentielles ?
Du côté de l’opposition, après l'invalidation de sa candidature, le président Tidjane Thiam démissionne de son poste de président de sa formation politique, le PDCI qui est le principal parti politique de l’opposition ivoirienne. A travers une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le candidat recalé affirme que “Dans l'intérêt du parti, j'ai décidé de remettre entre vos mains, à vous les militants, mon mandat de président du parti”. Il a aussi rappelé que son engagement pour une victoire en octobre 2025 ne souffre d’aucune ambiguïté malgré sa décision. Il faut souligner qu’il a obtenu le soutien de plusieurs leaders de l’opposition à l’instar de Charles Blé Goudé qui, lui aussi, a été recalé de la ligne de départ de la prochaine élection présidentielle.
En revanche, certains de ses camarades de parti lui reprochent de ne pas renoncer assez tôt à sa nationalité française. Valérie Yapo poursuit son offensive judiciaire et continue de dénoncer l’acte de son président qu’il qualifie de tricherie. En effet, elle a estimé que Tidjane Thiam n’a pas dit toute la vérité à propos de sa nationalité, ce qui a causé du tort à leur formation politique ayant abouti au rejet de leur candidature. D’après elle, “Je dénonce la tricherie de Tidjane Thiam”. Rappelons que cette affaire a atterri devant la justice et qu'une audience a eu lieu au Palais de justice du Plateau le 15 mai, à Abidjan. Faut-il prévoir un plan B comme Billon pour sécuriser la participation du PDCI ? En tout cas, l’homme d'affaires continue de clamer haut et fort son ambition de présider aux destinées du pays en passant par son parti. il l’a réaffirmé le 26 mai dernier au cours d’une conférence de presse à Dabakala : “Je demeure un militant du PDCI-RDA. Je suis candidat à la présidentielle pour le parti”
Au même moment, le tribunal d’Abidjan a confirmé que Thiam a recouvré la nationalité ivoirienne après avoir renoncé à la celle française. Ainsi, il a été réélu président du parti par l’écrasante majorité de ses camarades, traduisant la volonté manifeste de le voir occuper le fauteuil présidentiel pour le prochain mandat. Est-ce une stratégie politique pour pouvoir participer aux élections après sa radiation sur les listes électorales ? A en croire l’écrivain et journaliste Venance Konan : “Dès lors qu’il a renoncé à la nationalité française, il est redevenu Ivoirien”. De l’autre côté, le chercheur en Droit public Patrick Mboyo Bakambo estime que le leader du PDCI devrait tirer les leçons de ses déboires judiciaires pour se préparer à la présidentielle de 2030.
L’actualité a aussi été marquée par l’information d’une fausse alerte d’un coup d'Etat, relatée sur le réseau social X. L’ Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information de Côte d'Ivoire (ANSSI) a tenu à apporter un démenti formel à ces rumeurs soulevées par des individus tapis dans l’ombre avec un agenda caché qui viserait à troubler la quiétude des ivoiriens. A travers la note publiée le 22 mai, on peut lire “...cette affirmation est totalement infondée. Elle résulte d’une campagne délibérée et coordonnée de désinformation.